LE MATIN
21 Janvier 2024
À 14:48
Heureuse de présenter son
roman pour la première fois au
Maroc, la jeune écrivaine
Sawsane Benarafa raconte sa passion pour l’histoire et la littérature. Malgré des études de commerce et une carrière dans le monde des parfums, elle n’a jamais laissé tomber sa première passion. «J’ai grandi dans une famille très attachée à la
lecture et la
littérature. J’ai toujours été entourée de livres, ma grand-mère nous réunissait pour nous raconter des histoires, mon père est écrivain, donc c’était pour moi presque naturel de tomber amoureuse de cet art», raconte la jeune Sawsane.
Lire aussi : «Book Club Le Matin» : Rachid Benzine invité des Escales littérairesSur le choix d’écrire sur les
Corsaires de Salé, la jeune romancière souligne qu’elle a toujours été fascinée par l’
histoire du Maroc. Pour le choix de la ville, elle explique que cela la ramène à l’enfance qu’elle a passée entre
Rabat et
Salé. «J’ai beaucoup visité les rues de la vielle médina, les artisans, les murailles, etc. Après, je suis partie étudier à Paris et j’ai constaté le nombre important de livres écrits sur cette ville. Je me suis posé la question : pourquoi on n’avait pas autant de livres consacrés à nos
villes au Maroc, et notamment Rabat et Salé qui sont chargées d’histoire», raconte la jeune écrivaine.
Et de poursuivre que son roman «Qui se souvient des Corsaires de Salé ?» a été écrit dans le contexte très particulier du 17e siècle, durant lequel la ville a été la destination de beaucoup de musulmans chassés d'Espagne. Nourris d’un sentiment de vengeance, ils s’engagent dans le jihad maritime. Ce sont donc plusieurs catégories de la
société slaouie et rbatie qui prenaient la mer et naviguaient jusqu’à atteindre l’Islande. Le livre raconte le Maroc de 1627 où les
Corsaires de Salé, célèbres en Europe pour avoir capturé
Robinson Crusoé dans le roman éponyme de
Daniel Defoe, partaient à l'assaut de l'Islande où ils enlèvent des centaines de personnes.
Anya, une jeune captive islandaise se retrouve au service du Grand Amiral de la flotte de Salé,
Jan Janszoon, aussi connu sous le nom de
Mourad Raïs. Dans la ville en ébullition, où se croisent captifs, corsaires, marchands et consuls des plus grandes nations européennes, les destins se mélangent et s'entremêlent, les rencontres les plus surprenantes ont lieu, et les trahisons sont monnaie courante.
Interpellée sur le choix d’un titre interrogative à son roman, Sawsane explique que son objectif est d’interpeller les lecteurs et de leur parler directement à travers cette question : vous souvenez-vous des
Corsaires de Salé ? De là, l’auteure a commencé ses recherches sur l’histoire de la ville pour raconter cette prouesse maritime que beaucoup ignorent et notamment le public jeune. «C’est un travail long de recherche pour comprendre cette partie de l’histoire. C’est aussi parti de la curiosité de penser qu’il y a aujourd’hui à Salé des descendants d’ancêtres islandais. Et j’ai donc imaginé la vie d’une jeune islandaise qui débarque à Salé et découvre une nouvelle culture et un nouveau monde», explique Sawsane.
L’histoire des pirates de Salé
Tout au long du 17e siècle, la République des pirates de Salé, connue aussi sous le nom de la République du Bouregreg, était un État maritime né avec l’arrivée des musulmans mauresques expulsés d’Espagne. Sa force venait de la diversité des pirates venus des quatre coins du monde musulman. Le plus célèbre d’entre eux est sans doute Mourad Raïs, ou Jan Janszoon Von Harlem, dont le fabuleux destin a marqué à la fois le Maroc, l’Europe et les États-Unis. Né en 1575 à Harlem, une petite cité du nord de la République des Pays-Bas, son aventure a commencé à l’âge de 25 ans quand il devient, en plein guerre hispano-hollandaise, corsaire pour le compte de l’État hollandais. Il est fait prisonnier en 1618 près de Lanzarote aux Iles Canaries par la flotte turque et emmené comme prisonnier à Alger où il se convertit à l’Islam puis décide de devenir pirate pour son propre compte et émigre vers la République naissante de Salé. La ville était un vrai État militaire, grâce aux marchands fortunés qui mettaient leur argent et leurs bras pour armer des navires, et s’en prendre aux navires et aux côtes européennes qui bordent l’Atlantique. Fort de ses talents de capitaine et de guerrier, Mourad Raïs va vite grimper les échelons et devenir, en 1624, le Grand Amiral, entamant ainsi ses expéditions qui vont atteindre l’Islande, en 1627, puis l’Irlande en 1631, passant par la France, l’Angleterre et le Pays de Galles.
Son aventure navale se termine en 1635, quand les chevaliers de Malte attaquent Tunis par surprise et le capturent avec bon nombre de ses hommes. Il restera 5 ans enfermé dans les cachots de l’île. Affaibli par ses années de captivité, Mourad Raïs retourne au Maroc avec les honneurs, et est nommé gouverneur de la forteresse de Oualidia, au nord de Safi, avant de se retirer définitivement de la piraterie et de la vie politique. La date de sa mort reste inconnue.
Bio Express de Sawsane Benarafa
Sawsane Benarafa est une écrivaine franco-marocaine ayant grandi au Maroc, à Rabat. Très tôt, elle se passionne pour la littérature et l'histoire, puis décide de transmettre son amour des cultures à travers l'écriture. Elle vit aujourd'hui aux Émirats arabes unis, où elle travaille dans la parfumerie.