AFP
23 Décembre 2024
À 09:21
Wallace et Gromit font leur retour sur les écrans avec un long métrage inédit pour les fêtes, le premier depuis vingt ans. Ou quand la pâte à modeler se veut plus maligne que l'intelligence artificielle.
Cadeau de Noël au public britannique, qui le découvrira en exclusivité sur la BBC le 25 décembre au soir, "Wallace et Gromit: la palme de la vengeance" sera ensuite diffusé dans le reste du monde, France comprise, sur Netflix à partir du 3 janvier.
Rien n'a vraiment changé pour le duo le plus attachant du cinéma d'animation. Dans le salon tellement britannique de leur maison en briques, Wallace, l'inventeur farfelu, et Gromit, son chien flegmatique, mènent leur meilleure vie: fauteuil, plateau de fromages et pause thé.
Ce quotidien bien réglé va être bouleversé par une invention de Wallace: Norbot, un robot "intelligent" à tout faire. Professionnel du ménage et du jardinage, cet assistant dopé à l'intelligence artificielle doit leur épargner toutes les tâches ménagères et faire leur fortune.
C'est sans compter le retour, trente ans après, de Feather McGraw, le maléfique pingouin qui croupissait en prison depuis le court métrage "Un mauvais pantalon", sorti en 1993. Norbot tombe dans de bien mauvaises mains.
"Norbot, c'est la meilleure invention de tous les temps de Wallace !", s'amuse dans un entretien à l'AFP le créateur de Wallace et Gromit, Nick Park. Réalisateur bardé d'Oscars, il a redonné ses lettres de noblesse à l'une des techniques les plus ancestrales du cinéma, le stop motion, ou prise de vue image par image.
Un artisanat et un travail acharné avec des marionnettes faites à la main, en pâte à modeler, qui ont fait la gloire d'un studio unique en son genre, Aardman ("Shaun le mouton", "Chicken Run"), dont Wallace et Gromit restent les mascottes.
Dans "La palme de la vengeance", Wallace, le geek avant l'heure, et Gromit, le techno-sceptique, ont chacun leur façon de voir la technologie. Accessible à tous, le film est un clin d'oeil plein de malice à l'essor de l'intelligence artificielle, cette technologie qui envahit nos vies professionnelle et personnelle, jusqu'à la paisible cité des deux héros.
"Wallace est complètement dans son délire, obsédé" par l'idée de déléguer des tâches à son robot, "tandis que Gromit représente la touche humaine", qui aime faire les choses par lui-même, poursuit Nick Park.
A l'heure où l'intelligence artificielle propose de remplacer les humains pour une multitude de choses, le film "parle de reprendre le contrôle et de trouver un équilibre" face à la déferlante de technologies, confie-t-il. "C'est une histoire très contemporaine mais racontée de façon traditionnelle".
"J'adore le fait que nous ayons accès à la technologie mais, parfois, il faut se demander si elle améliore nos vies et nos liens avec les autres ou si elles les abîme", soulève M. Park.
"L'intelligence artificielle est comme un couteau très bien aiguisé: on peut l'utiliser aussi bien pour une opération chirurgicale que pour un meurtre", illustre son coréalisateur Merlin Crossingham.
Et pour tourner Wallace et Gromit, "à ce que l'on sache, nous n'avons pas eu recours à l'intelligence artificielle !", sourit Nick Park. "Tout est réalisé par de vrais êtres humains et nous espérons que ça se sent à l'écran".
Pour ce nouveau long métrage "fait main", plus de 200 personnes se sont activées autour des statuettes en pâte à modeler, avec une vitesse de pointe de deux minutes de film produites... par semaine. Bien sûr, la technologie peut aider dans le cinéma, reconnaît-il. Mais au final, à l'écran, "c'est important que l'on voie les empreintes digitales" sur la pâte à modeler.