Économie

Partenariat Afrique-Europe : Voici pourquoi le Maroc est au cœur des nouvelles chaînes de valeur vertes

Parce qu’il concentre des projets structurants dans l’ammoniac vert et les engrais bas carbone, s’insère dans les chaînes de valeur des minerais critiques, participe aux programmes euro-africains de recherche énergétique et accueille des infrastructures numériques stratégiques, le Royaume s’impose désormais comme un maillon central du nouveau partenariat économique entre l’Afrique et l’Europe. Cette position, mise en évidence par le State of Africa-Europe Report 2025, reflète l’évolution du cadre de coopération entre les deux continents vers une logique d’investissement productif, de co-création de valeur et de sécurisation des chaînes d’approvisionnement stratégiques.

L'analyse de la Fondation Afrique-Europe positionne le Maroc parmi les pays piliers de l’industrie africaine émergente de l’ammoniac vert et des fertilisants bas carbone, aux côtés notamment de l’Égypte, de l’Afrique du Sud, de la Namibie et de la Mauritanie.

31 Décembre 2025 À 10:41

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Transition énergétique, industrialisation bas carbone, minerais critiques, connectivité numérique. Dans le State of Africa-Europe Report 2025, publié récemment par la Fondation Afrique-Europe, le Royaume du Maroc s’impose, sans effet d’annonce, comme l’un des pays africains les plus étroitement associés aux priorités stratégiques du partenariat Afrique-Europe.



Le rapport situe le pays au croisement des grandes transformations économiques portées par le nouveau paradigme de coopération entre les deux continents. Le document positionne également le Maroc parmi les pays piliers de l’industrie africaine émergente de l’ammoniac vert et des fertilisants bas carbone, aux côtés notamment de l’Égypte, de l’Afrique du Sud, de la Namibie et de la Mauritanie. Cette industrie, portée par le potentiel en énergies renouvelables et par le développement de nouveaux corridors hydrogène, pourrait atteindre 10 à 12 millions de tonnes de capacité d’ici 2035, selon les prévisions de la Fondation Afrique-Europe.

Pour les auteurs du rapport, cette dynamique répond à des intérêts convergents. Côté africain, elle vise à renforcer la souveraineté alimentaire et à réduire la dépendance aux importations d’engrais. Côté européen, elle permet de sécuriser des chaînes d’approvisionnement stratégiques tout en limitant l’exposition aux chocs des marchés énergétiques. Les gains environnementaux sont aussi mis en avant, avec des réductions d’émissions estimées entre 30 et 40% par rapport aux filières conventionnelles. Le Royaume figure parmi les dix pays africains couverts par les analyses approfondies du programme AfricaMaVal, une initiative UE-Afrique dédiée aux chaînes de valeur des minerais critiques nécessaires aux transitions énergétique et numérique. Le rapport précise que ces pays ont été retenus pour leur potentiel minier, leur environnement réglementaire et leur capacité à accueillir des investissements conformes aux standards environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Rappelons que AfricaMaVal ambitionne d’évaluer une centaine d’opportunités d’investissement responsable sur le continent, dont 30 à 50% pourraient se concrétiser en partenariats euro-africains. Le Maroc s’inscrit ainsi dans une approche privilégiant la structuration de filières industrielles et la création de valeur locale.

Recherche énergétique : un pays impliqué dès les premières phases

Sur le volet de la recherche et de l’innovation, le Maroc est cité parmi les pays africains initialement engagés dans le programme LEAP-RE, le partenariat conjoint UA-UE pour la recherche et l’innovation dans les énergies renouvelables. Ce mécanisme de cofinancement, mobilisant environ 30 millions d’euros, associe institutions africaines et européennes autour de projets appliqués et de solutions adaptées aux réalités locales. Le rapport met en avant ce modèle de coopération comme un exemple de financement plus équilibré, fondé sur l’alignement avec les priorités nationales et sur la production de résultats concrets. Le State of Africa-Europe Report 2025 intègre par ailleurs le Maroc au projet MEDUSA, un câble sous-marin de 7.100 km reliant l’Afrique du Nord à l’Europe, doté d’une capacité de 20 Tbps et soutenu par 342 millions d’euros d’investissements. Ce projet vise à renforcer la connectivité entre les deux continents, au bénéfice notamment des universités, des centres de recherche et des écosystèmes d’innovation. Le rapport inscrit cette infrastructure dans une stratégie plus large consistant à aligner les corridors numériques avec les corridors économiques, énergétiques et industriels. Au-delà des secteurs, la place du Maroc dans le rapport reflète le changement de paradigme défendu par l’Africa-Europe Foundation. Il ne s’agit plus d’une relation fondée sur l’aide, mais sur l’investissement productif, la réduction du coût du capital et la co-création de valeur. Sans être présenté comme un cas à part, certes, mais le Maroc apparaît comme l’un des terrains les plus crédibles pour l’opérationnalisation de ce nouveau cadre, à travers des projets concrets dans l’énergie, l’industrie, les minerais et le numérique. Une position qui conforte son rôle de plateforme stratégique du partenariat Afrique-Europe dans les transformations économiques à l’œuvre.
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