Économie

Bayer précise ses orientations dans l’industrie pharmaceutique après vingt ans d’activité au Maroc

La filiale marocaine du groupe pharmaceutique Bayer a célébré ses vingt ans de présence industrielle au Maroc sur son site de production implanté à Nouaceur, unique site du groupe en Afrique. L’événement, organisé mardi 16 décembre, a été marqué par une conférence de presse suivie d’une visite guidée de l’usine, permettant de retracer les principales étapes de son développement, de présenter son organisation industrielle et d’exposer les projets envisagés pour les prochaines années.

17 Décembre 2025 À 07:53

Implanté à Nouaceur depuis 2005, le site Bayer de Casablanca constitue aujourd’hui le seul site de production du groupe allemand sur le continent africain. Intégré à un réseau mondial de douze usines relevant de la division Santé grand public, il alimente à la fois le marché marocain et un portefeuille d’exportations couvrant 42 pays d’Europe, du Moyen-Orient et d’Afrique. C’est sur ce site que Bayer a célébré, mardi, ses vingt ans de présence industrielle au Maroc, en présence de responsables diplomatiques allemands, de représentants institutionnels marocains, des équipes industrielles et des médias, venus prendre connaissance du fonctionnement de l’usine et des projets en cours.

S’exprimant à cette occasion, la directrice générale de Bayer Maroc, Amina L’Kima, est revenue sur le parcours du site depuis son implantation. « Depuis vingt ans, notre usine de Casablanca incarne l’engagement de Bayer envers le Maroc et la région. Elle ne se limite pas à produire des médicaments, elle ouvre l’accès à des solutions de santé de qualité et contribue au développement économique local », a-t-elle déclaré. Elle a ajouté que « ce jalon illustre deux décennies d’innovation, de confiance et de partenariat », indiquant que le groupe entend « renforcer son rôle de hub régional grâce à la durabilité et à l’excellence industrielle ».

Sur le plan opérationnel, les données économiques du site font état d’un chiffre d’affaires annuel de 340 millions de dirhams, dont près de 250 millions issus des exportations. La production concerne des médicaments de santé familiale et des compléments alimentaires, notamment des vitamines comme Supradyn et Berocca, ainsi que des références telles que l’Aspirine ou Rennie. Aujourd’hui, environ 60 % de l’activité est orientée vers l’export, une part appelée à atteindre près de 80 % à moyen terme. Cette configuration a suscité des interrogations sur les retombées économiques pour le Maroc.



Sur ce point, le directeur de l’usine Bayer de Casablanca, Ahmed Mellal, a apporté des éléments d’explication. « Sur la question de l’export, l’orientation internationale du site résulte d’un arbitrage industriel opéré au niveau du groupe », a-t-il indiqué. Bayer compare systématiquement plusieurs sites avant d’attribuer des volumes de production, en tenant compte de la capacité, de la qualité et du coût de revient. « Lorsque Bayer a besoin de produire des volumes, l’entreprise consulte généralement trois à cinq sites potentiels », a-t-il précisé. Dans ce cadre, le site marocain se distingue par des coûts inférieurs à ceux des sites européens, à standards équivalents. « Les prix de revient, départ usine ou livrés en Europe, sont de 10 à 15 % inférieurs à ceux des sites européens », a-t-il expliqué. Selon lui, cette compétitivité permet au site de Casablanca de se voir confier des productions destinées principalement aux marchés extérieurs, tout en générant « des recettes en devises pour le Maroc » et en renforçant « la place du Royaume dans les chaînes industrielles euro-africaines de la santé ». Côté effectifs, le site compte actuellement 104 collaborateurs et dispose de plusieurs certifications nationales et internationales, notamment GMP, HACCP, ONSSA, HALAL, Tanzania GMP et EU GMP, avec une certification IFS Food en cours de préparation, selon le directeur de l'usine.

La visite organisée pour les médias a permis de suivre concrètement le parcours des produits au sein de l’usine, depuis la réception des matières premières jusqu’aux produits finis. Les contrôles jalonnent chaque étape. À l’entrée, les matières premières sont vérifiées avant toute utilisation. En production, les lignes font l’objet d’un suivi continu. En sortie, les produits finis sont contrôlés avant leur mise sur le marché. Le contrôle de qualité n’intervient donc pas en bout de chaîne, mais accompagne l’ensemble du processus, comme observé sur le site, conformément aux exigences réglementaires applicables.

Sur ce volet, Merzak Charafa, responsable qualité du site de Bayer Casablanca, a précisé que les matières premières utilisées proviennent généralement de Bayer, maison mère, afin de garantir l’application de standards de qualité uniformes et comparables à ceux des autres sites industriels du groupe à l’échelle internationale. Cette organisation permet également d’éclairer les différences de prix observées entre le Maroc et d’autres marchés évoqués lors des échanges. Selon les responsables du site, le prix d’un médicament repose principalement sur trois composantes, le coût des matières premières, celui des équipements et celui de la main-d’œuvre. Les matières premières étant identiques, car achetées au niveau global selon les mêmes exigences de qualité, les écarts apparaissent principalement au niveau des coûts locaux. À titre d’exemple cité, en Égypte, les salaires et certaines charges industrielles sont plus bas, ce qui réduit le coût de revient. Au Maroc, des coûts salariaux et opérationnels plus élevés se répercutent davantage sur le prix final, sans que cela n’affecte la qualité des produits, laquelle reste alignée sur les standards internationaux du groupe, selon la responsable qualité.

Dans cette logique industrielle, le site s’engage désormais dans une phase d’extension de ses capacités. Ahmed Mellal a expliqué que Bayer a lancé le projet Noor afin d’augmenter durablement les capacités de production du site de Casablanca et de répondre aux volumes supplémentaires confiés par le groupe. Ce programme prévoit le passage de quatre à sept lignes de production, avec l’ajout de trois nouvelles lignes et l’intégration de technologies supplémentaires, notamment la granulation. Cette montée en charge devrait permettre de porter la capacité annuelle de 193 millions de comprimés et de gélules à environ 1,7 milliard à l’horizon 2030, selon les projections présentées par le site. Elle s’accompagnera d’investissements industriels progressifs, de l’obtention de nouvelles certifications internationales et d’une augmentation des effectifs, qui pourraient atteindre 174 collaborateurs, a-t-il précisé.

En parallèle de cette extension industrielle, le projet intègre également un volet environnemental, a indiqué le directeur du site. L’installation progressive de panneaux solaires sur les toitures vise à réduire la dépendance énergétique du site. Une station de traitement des eaux usées est également prévue afin de mieux maîtriser l’impact environnemental des activités industrielles. Des travaux sont par ailleurs engagés sur les emballages, avec une orientation vers des solutions plus durables, a-t-il ajouté.

En clôture de cette célébration, Stefan Bantle, ministre-conseiller et chef du service économique à l’Ambassade d’Allemagne à Rabat, a replacé cet anniversaire dans un cadre bilatéral plus large. « L’usine Bayer de Casablanca est un modèle d’excellence industrielle et du partenariat entre le Royaume du Maroc et la République fédérale d’Allemagne », a-t-il déclaré. Il a rappelé que « les entreprises allemandes créent plus de 35.000 emplois au Maroc » et que le Royaume figure « parmi les trois principales destinations des investissements directs allemands en Afrique, aux côtés de l’Égypte et de l’Afrique du Sud ». Il a également souligné que « l’usine de Bayer Maroc a renforcé, depuis deux décennies, l’écosystème de santé, créé des opportunités d’emploi et soutenu le développement économique local », inscrivant ce vingtième anniversaire dans la dynamique économique et industrielle maroco-allemande.

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