Économie

La BAD table sur une croissance de 3,9% pour le Maroc en 2025

Malgré un environnement mondial marqué par l’incertitude, l’Afrique devrait accélérer sa croissance à 4,1% en 2025, surpassant la moyenne mondiale. Les nouvelles prévisions de la Banque africaine de développement présentent néanmoins un tableau contrasté, avec des disparités régionales et par pays. Le Maroc figure parmi les pays en rebond, avec une projection de 3,9% de croissance en 2025, soutenue par la reprise agricole, l’augmentation des investissements et des recettes touristiques.

Les autres prévisions 2025 pour le Maroc indiquent une inflation contenue à 1,8%, un déficit du compte courant à -2,4% du PIB et un déficit budgétaire de -3,1%.

17 Février 2025 À 17:00

Malgré un environnement mondial incertain, marqué par des tensions géopolitiques, une inflation persistante et des vulnérabilités structurelles, l’Afrique affiche des perspectives de croissance encourageantes pour 2025. Selon le nouveau Rapport de la Banque africaine de développement (BAD) sur la performance macroéconomique du continent, la croissance du PIB réel devrait passer de 3,2% en 2024 à 4,1% en 2025 (dépassant ainsi la moyenne mondiale de 3,2%) et atteindre 4,4% en 2026. Cette amélioration s’explique par la mise en œuvre de réformes économiques visant à contrer la crise du coût de la vie, la consolidation budgétaire et la stabilisation des dettes publiques. En 2025, 24 pays africains devraient enregistrer une croissance supérieure à 5%, confirmant la résilience économique du continent, qui reste la deuxième région à la croissance la plus rapide au monde, après l’Asie.

Maroc : reprise soutenue par l’agriculture et l’investissement

Le Maroc devrait voir son PIB réel progresser de 2,9% en 2024 à une moyenne de 3,8% en 2025-2026 : soit 3,9% cette année et 3,6% l’année prochaine. Cette croissance sera principalement stimulée par une reprise de la production agricole, mise à mal ces dernières années par des conditions météorologiques défavorables.

Par ailleurs, la reprise de la croissance au Maroc en 2025 sera soutenue par une augmentation des recettes touristiques, un afflux d’investissements directs étrangers (IDE) qui devraient stimuler la production industrielle et la croissance des exportations, ainsi que par l’augmentation attendue des investissements liés aux projets d’infrastructure pour la Coupe du Monde de football 2030, qui sera organisée conjointement avec l’Espagne et le Portugal.

Si la production et la valeur ajoutée agricoles restent volatiles, sujettes à des fluctuations importantes et imprévisibles en fonction des conditions climatiques, les activités non agricoles poursuivent leur reprise, tirée notamment par les industries manufacturières et des infrastructures solides. Pour le BAD, c’est le fruit d’un travail de longue haleine.

Le Rapport souligne, en effet, que l’expérience du Maroc offre des enseignements pertinents. S’appuyant sur des investissements significatifs au milieu des années 2000, en particulier dans les infrastructures de transport et de logistique, le pays a entrepris une stratégie industrielle axée sur l’exportation, à travers le Plan d’accélération industrielle 2014-2020, visant à renforcer la participation du pays aux chaînes de valeur mondiales intensives en technologies. Le développement de pôles industriels et logistiques autour des infrastructures de classe mondiale du pays, complété par des politiques incitatives pour attirer les entreprises manufacturières dans ces pôles, a favorisé des investissements importants de grands groupes automobiles et de fabricants de composants. Ainsi, la part des IDE dans le secteur manufacturier est passée de 15% en 2010 à 37% en 2019.

«Le Maroc est aujourd’hui le premier producteur et exportateur automobile en Afrique, avec une valeur ajoutée manufacturière représentant 15% du PIB en 2023.», indique le Rapport.

Une croissance inégale selon les régions

À l’échelle du continent, le Rapport brosse un tableau contrasté avec des disparités qui marquent les différentes régions et les pays. Avec un taux de croissance attendu de 5,3% en 2025 et 6,1% en 2026, l’Afrique de l’Est restera la région la plus dynamique du continent. Le Soudan du Sud, le Rwanda, l’Ouganda, l’Éthiopie, la Tanzanie et le Kenya devraient connaître une expansion économique d’au moins 5% en 2025.

L’Afrique de l’Ouest se positionne deuxième, avec croissance qui devrait passer de 4,1% en 2024 à 4,6% en 2025. En dehors du Ghana, de la Sierra Leone et du Nigéria, tous les pays de la région devraient enregistrer une croissance d’au moins 5%.

Le Sénégal profitera de l’expansion de sa production de gaz et de pétrole, tandis que le Niger tirera profit d’une augmentation de ses capacités énergétiques et industrielles. En revanche, au Nigeria, la croissance restera modeste à 3,5% (après 3,1% en 2024) affectée par l’impact des programmes de stabilisation macroéconomique et des défis structurels entravant la productivité.

Afrique du Nord : redressement en perspective

Troisième en termes de croissance, l’Afrique du Nord devrait voir son PIB s’améliorer de 2,7% en 2024 à 3,9% en 2025 et 4,2% en 2026, stimulée par des reprises en Libye, en Égypte et au Maroc. L’Égypte affichera une croissance de 3,9% en 2025, après 2,4% en 2024, portée par un rebond des exportations non pétrolières et la stabilisation des coûts d’emprunt. Sa croissance devra encore se consolider à 4,8% en 2026. La Libye, elle, connaîtra une reprise solide, avec une croissance projetée de 7,5% en 2025, après une baisse de -3,2% en 2024, grâce notamment à la stabilisation de sa production pétrolière. En revanche, en Mauritanie, la croissance devrait ralentir, de 4,8% en 2024 à 4,6% en 2025, principalement en raison d’une contraction du secteur extractif (fer et or), avant de remonter à 5,2% en 2026, soutenue par une reprise de l’activité extractive et une accélération de l’exploitation gazière.

Afrique centrale et australe : entre stabilité et relance

L’Afrique centrale devrait maintenir une croissance stable à 4% en 2025. La République Démocratique du Congo, moteur économique de la région, bénéficiera d’une forte demande en cobalt et en cuivre. L’Afrique australe, quant à elle, verra sa croissance s’accélérer de 1,8% en 2024 à 3,0% en 2025 et 3,1% en 2026, après une décennie de performances inférieures à 2%, grâce à la relance de l’économie zambienne et zimbabwéenne, stimulée par une meilleure production agricole et minérale. En Afrique du Sud – la plus grande économie de la région et du continent –, la performance économique devrait rester morose, avec une croissance passant de 0,9% en 2024 à 1,7% en 2025 et 1,8% en 2026.

Un avenir sous conditions

Si ces prévisions s’annoncent globalement positives pour toute l'Afrique, la BAD met en garde contre des risques persistants. L’inflation, bien qu’en recul prévu à 12,6% en 2025-2026, reste une préoccupation majeure. La dette publique reste élevée, et les tensions géopolitiques internationales pourraient fragiliser la relance africaine. Une gouvernance économique efficace et des politiques de diversification resteront les clés pour transformer ces perspectives en réalité durable.
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