Économie

La figue de barbarie, relance d’une culture stratégique et résiliente au Maroc

Disparue de nombreux terroirs suite à l’apparition de la cochenille, la figue de barbarie bénéficie aujourd’hui d’un nouvel élan grâce aux efforts conjoints des producteurs et des autorités. Le fruit s’impose désormais comme une alternative stratégique pour les marchés d’exportation.

27 Octobre 2025 À 10:20

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Jusqu’en 2014, le Maroc figurait parmi les plus grands producteurs mondiaux de figue de barbarie. Cultivée essentiellement en zones arides, cette plante rustique constituait une ressource précieuse pour de nombreuses régions rurales. Mais l’irruption de la cochenille, un insecte ravageur, a changé la donne. En l’espace de quelques années, plus de 140.000 hectares de plantations ont été détruits, provoquant une raréfaction spectaculaire du fruit sur les marchés locaux et une flambée des prix.



La figue de barbarie, autrefois omniprésente en été dans les étals marocains, a presque disparu de nombreuses provinces. Ce recul a affecté à la fois les revenus agricoles, l’alimentation des populations locales et certaines chaînes de valeur émergentes, notamment dans l’agroalimentaire et la cosmétique.

L’essor des variétés résistantes

Face à cette crise, la réponse a été collective et progressive. Les autorités sanitaires, les chercheurs agronomes et les producteurs ont uni leurs efforts pour introduire de nouvelles variétés résistantes à la cochenille. Ces variétés ont été sélectionnées pour leur adaptation aux conditions climatiques locales, leur faible consommation en eau et leur bonne qualité de fruit.

Selon Said Aghzou, PDG de l’exportateur Valyour, cette innovation a permis de sauver la culture dans certaines zones reculées, et surtout, de lancer une véritable dynamique de relance. « Le fruit a été préservé dans quelques régions isolées, mais c’est l’introduction des variétés résistantes qui permet aujourd’hui de reconstituer la filière. Les résultats sont très encourageants en termes de calibre, de résistance et de rendement », explique-t-il dans une déclaration à la plateforme FreshPlaza.

Les plantations commerciales se multiplient désormais dans plusieurs régions, et permettent d’étendre la saison de production bien au-delà de l’été traditionnel. « Avec les nouvelles plantations, la saison commence en avril et s’étend jusqu’à septembre, avec l’objectif d’une production continue à l’année », précise le dirigeant.

Une filière qui séduit l’Europe

Cette relance arrive dans un contexte porteur. La demande mondiale pour la figue de barbarie est en forte croissance, tant pour le fruit frais que pour ses dérivés destinés à l’agroalimentaire, la nutraceutique ou la cosmétique. Le Maroc, qui n’était jusqu’ici pas un acteur majeur sur le marché international de ce fruit, entend bien changer la donne.

« Nous avons réalisé un essai commercial concluant l’année dernière sur le marché espagnol. Cela a confirmé le fort potentiel du produit à l’export », indique Aghzou. Son entreprise a décidé d’intégrer la figue de barbarie à son portefeuille, en remplacement de produits devenus non compétitifs comme l’aubergine ou le concombre.

La figue de barbarie rejoint ainsi une nouvelle génération de cultures stratégiques pour l’exportation marocaine, aux côtés de l’asperge, également en pleine croissance. Avec des rendements stabilisés, une demande soutenue et une bonne résistance aux aléas climatiques, la filière semble réunir les conditions pour s’imposer durablement.
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