Moncef Ben Hayoun
03 Mars 2025
À 15:30
Un an après l’annonce de l’arrêt forcé de
Noor Ouarzazate III, la
Centrale solaire reste hors service. La panne du réservoir de sels fondus s’est révélée plus grave que prévu, repoussant la reprise des opérations vers avril 2025. «Au premier trimestre 2024, la
Centrale Noor 3 a connu un problème technique au niveau du réservoir de sel fondu, entraînant un arrêt forcé prolongé. Cet arrêt devrait durer jusqu'à la fin du premier trimestre 2025», souligne le groupe saoudien, actionnaire majoritaire à hauteur de 75% de la Société de projet :
Acwa Power Ouarzazate III.
Le groupe a également revu à la hausse l’impact financier de cet incident qui devait être résolu en novembre dernier. Initialement estimées à 47 millions de dollars, les pertes sont désormais évaluées à plus de 51 millions de dollars. La société du projet a, en effet, comptabilisé une perte de valeur de 191,6 millions de rials saoudiens (environ 51 millions de dollars) dans ses comptes pour 2024, dont 143,7 millions de rials imputés à
Acwa Power.
Rappelons que la Centrale Noor Ouarzazate III, mise en service en 2018, a été développée en utilisant la
technologie thermo-solaire à concentration (CSP), à tour solaire, avec une puissance brute de 150 mégawatts (MW) et un productible annuel estimé à 515 gigawattheures (GWh). La Centrale a été dotée d’un dispositif de stockage d’énergie thermique (utilisant du
sel fondu) permettant d’assurer son fonctionnement en pleine capacité pendant plus de sept à huit heures de temps sans
radiation solaire (coucher du soleil, passages nuageux), contribuant ainsi à satisfaire la demande nationale d’électricité aux heures de pointe (17 heures à 22 heures en hiver et de 18 heures à 23 heures en été). Noor Ouarzazate III est censée garantir l’alimentation en
énergie électrique à près de 500.000 Marocains.
À la suite d’un processus d’appel d’offres international, lancé le 23 janvier 2013, le groupement composé de Acwa Power (chef de file) et
Sener Ingeneria y Sistemas (
Espagne : Membre technique) a été retenu, en janvier 2015, comme adjudicataire de la Centrale Noor Ouarzazate III. Ce groupement a offert le prix du kilowattheure (kWh) hors taxe, en heure de pointe, évalué le plus économique, soit 1,42 dirham par kilowattheure (0,168 dollar/kWh). La Société de projet de la Centrale Noor Ouarzazate III, de
droit marocain, a été créée en mars 2015 sous la dénomination Acwa Power Ouarzazate III (APO III). Elle est détenue majoritairement à 75% par Acwa Power.
Le reste de l’actionnariat est détenu par l’Agence marocaine pour l'énergie durable (Masen) pour 25% à travers sa filiale Masen Capital. La Société de projet est liée à Masen par un contrat d’achat d’électricité (PPA-Power Purchase Agreement), assurant ce prix de revient de l’électricité de 1,42 dirham/kWh. Masen est également liée en parallèle à l’ONEE par un second PPA.
Le coût total budgétisé pour le développement de la Centrale Noor Ouarzazate III s’élève à 7,18 milliards de DH, dont environ 5,9 milliards pour le contrat EPC (Engineering, Procurement, and Construction). En effet, la construction de la Centrale a été assurée, dans le cadre d’un contrat EPC de type clé en main, par le groupement d’entreprises Sener Ingeneria y Sistemas SA (Espagne), Sepco III Electric Power Construction Corporation (Chine) et Power China (Chine). Le rôle d’ingénieur-conseil de la Société de projet a été assuré par Empresarios Agrupados (Espagne). La société Diseprosa (Espagne) a assuré le rôle de conseiller technique de Masen.
Notons aussi que la date de mise en exploitation commerciale de la Centrale est intervenue le 20 octobre 2018 (au lieu du 19 novembre 2017 comme initialement prévu). Dès les premières années d’exploitation, elle a connu des incidents. La Centrale était, d’ailleurs, indisponible de juin 2019 à mai 2020 pour inspection et réparation à la suite de fuites de sel fondu détectées en juin et juillet 2019. Pour rappel, la Centrale fait partie du complexe solaire Noor Ouarzazate, d’une capacité totale d’environ 580 MW. Elle a été cofinancée par plusieurs bailleurs de fonds, notamment la BAD (Banque africaine de développement), l’AFD (Agence française de développement), la BEI (Banque européenne d'investissement), la Banque mondiale, la KfW et l’Union européenne.