Abdelhafid Marzak
21 Janvier 2024
À 15:02
Un nouveau rapport du
Forum économique mondial (WEF) introduit une nouvelle méthode pour apprécier la
croissance économique. Intitulé
«The Future Of Growth 2024», ce rapport estime, dans sa première édition, que la vision traditionnelle de la croissance demeure incomplète sans une compréhension approfondie de sa nature sous-jacente.
Tout en soulignant que le «tableau conventionnel de la
croissance du PIB est incomplet sans une compréhension plus approfondie de la nature sous-jacente et de la qualité de la croissance», le rapport présente un nouveau cadre (framework) qui «adopte une approche multidimensionnelle, structurée autour de quatre piliers, pour compléter et qualifier les mesures traditionnelles de croissance : innovation, inclusivité, durabilité et résilience».
Le score obtenu par le
Maroc est de 41,2 pour l’innovation, 49,7 en matière d’inclusivité, 50,3 pour la durabilité et 53,5 dans la résilience. Sur les 107 pays audités, c’est la
Suisse qui a obtenu le meilleur score en matière d’innovation (80,4), suivie de
Singapour (76,4) et des
États-Unis (74,1). Concernant l’inclusion, la
Finlande arrive en tête avec un score de 77,7, devant le
Canada (75,8). La
Suède mène avec 60,9 en matière de durabilité, suivie de l'
Allemagne (56,3) alors que l'
Australie (69,5) et le
Japon (66,3) sont leaders en matière de résilience.
Cette étude récente, qui prévoit que la croissance économique mondiale atteindra son niveau le plus bas des trois dernières décennies d'ici 2030, en raison de divers chocs économiques et géopolitiques persistants, met en évidence les nombreux défis mondiaux actuels, tels que la crise climatique et le déclin du contrat social, qui aggraveront les conséquences du ralentissement économique. Cette situation limitera les avancées du développement mondial, selon l'analyse du Forum économique mondial. «La croissance mondiale a perdu de son élan. En moyenne, la croissance du PIB est passée de plus de 2% dans les économies avancées et de près de 6% dans les économies émergentes et en développement au début des années 2000 à moins de 1,5% et moins de 2% dans la période post-Covid. Ce ralentissement soutenu de la croissance a été aggravé par une succession de crises. Plus de 15 ans se sont écoulés depuis le début de la crise financière mondiale, et pourtant celle-ci continue de jeter une ombre, notamment sur les choix politiques de nombreuses économies avancées», indique Saadia Zahidi, directrice générale du WEF, dans le rapport.
Pour les auteurs, la question n’est pas de «savoir si le monde a encore besoin de croissance économique, mais plutôt de savoir comment cette croissance est réalisée et si elle est alignée sur d’autres priorités nationales et mondiales importantes». Le rapport identifie par ailleurs divers archétypes de trajectoires de croissance et les pays qui s’y intègrent, chacun reflétant des caractéristiques et des défis uniques. Ces archétypes «offrent une source d’inspiration politique potentielle pour les pays confrontés à des contraintes et des opportunités similaires».
Enfin, le nouveau framework permet de dresser un tableau global : «Alors que les moyennes mondiales masquent des disparités significatives entre les pays, reflétant des priorités politiques et des résultats de mise en œuvre divers, notre analyse révèle que l'économie mondiale n'est qu'à mi-chemin vers la combinaison de la croissance actuelle avec l'innovation, l'inclusion, la durabilité et la résilience», expliquent les auteurs. Ce travail, qui sert selon ses auteurs d’appel à l’action, s’appuie sur l’indice de compétitivité mondiale du Forum, qui prône depuis longtemps une approche globale de la croissance et de la productivité : «l’avenir de la croissance doit s’orienter vers un meilleur équilibre entre quantité et qualité. Un simple "retour” à la croissance du PIB ne suffit pas. Au lieu de cela, chaque pays doit entreprendre un parcours unique et complexe vers une croissance innovante, inclusive, durable et résiliente, tout en contribuant à la résilience mondiale», conclut Mme Zahidi.