LE MATIN
02 Mai 2025
À 15:35
Selon la dernière édition du
Commodity Markets Outlook publiée par la
Banque mondiale, les prix mondiaux des
produits de base (Energie, produits agricoles, métaux...) devraient continuer de baisser pour atteindre, en 2026, leur plus bas niveau depuis 2020. Une fois corrigés de l’inflation, ils tomberaient même en dessous de la moyenne observée entre 2015 et 2019.
Cette baisse marque la fin des hausses spectaculaires provoquées par la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine. Mais pour les
pays en développement, elle a des effets contrastés. D’un côté, elle permet de réduire les
coûts d’importation et de contenir l’
inflation ; de l’autre, elle fragilise les
économies dépendantes des exportations. « La chute des prix des matières premières est à double tranchant », avertit
Indermit Gill, économiste en chef à la Banque mondiale.
Depuis 2023, la baisse des
prix de l’énergie a fortement contribué à calmer les
pressions inflationnistes mondiales. En 2022, l’énergie avait à elle seule ajouté plus de deux points à l’inflation mondiale. En 2025, ses prix devraient reculer de 17%, puis encore de 6% en 2026. Le
pétrole Brent est attendu à 64 dollars le baril en 2025, puis à 60 dollars en 2026. Le
charbon suivra la même tendance, avec une baisse de 27 % cette année, puis de 5% supplémentaires d’ici deux ans, en raison d’un recul de la demande dans les pays en développement.
Cette tendance s’explique par deux facteurs majeurs : un ralentissement structurel de la
croissance mondiale et une augmentation durable de l’offre, notamment en pétrole. En 2025, l’offre devrait dépasser la demande de 700.000 barils par jour.
Des effets contrastés sur la croissance et la sécurité alimentaire
La baisse ne se limite pas à l’énergie. Les
prix alimentaires devraient diminuer de 7% en 2025, puis de 1 % en 2026, ce qui pourrait soulager certains programmes humanitaires. Pourtant, l’ONU alerte : 170 millions de personnes dans 22 pays seront en situation d’
insécurité alimentaire aiguë cette année. La baisse des prix ne suffira pas à compenser les effets des conflits persistants, principale cause structurelle de la faim.
Les
métaux industriels connaîtront eux aussi un repli, affectés par la baisse de la demande en Chine et les
tensions commerciales. L’or fait figure d’exception : son prix devrait rester 150% au-dessus de sa moyenne de 2015-2019 jusqu’en 2026.
Face à cette conjoncture,
Ayhan Kose, directeur du groupe Perspectives de la Banque mondiale, invite les pays en développement à tirer profit de cette accalmie pour renforcer leur économie : « Cette volatilité pourrait devenir la norme dans une nouvelle ère marquée par les tensions géopolitiques, l'essor de la demande de minéraux critiques et des catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes. Pour parvenir à surmonter les fluctuations à répétition des prix des produits de base, les économies en développement devront constituer des marges de manœuvre budgétaires, renforcer leurs institutions et améliorer le climat de l’investissement afin de faciliter la création d’emplois. »