Rochdi Mokhliss
25 Mars 2025
À 13:47
Cette évaluation reflète un équilibre entre des
politiques économiques et fiscales efficaces, un
marché financier local solide, et des défis structurels liés aux
niveaux de revenus encore faibles, ainsi qu’aux
risques potentiels associés aux entreprises publiques et au secteur bancaire.
En 2024, la
croissance économique du Maroc a décéléré à 2,6%, contre 3,4% en 2023. Ce ralentissement s’explique principalement par la
faiblesse des précipitations, qui a pesé sur la production agricole. Toutefois,
Moody’s anticipe une croissance moyenne de 3,5% à moyen terme, portée par la poursuite des
réformes économiques et sociales.
Sur le plan budgétaire, le
déficit fiscal s’est établi à 4,3% du PIB en 2024, légèrement en dessous de l’objectif de 4,5%, grâce à des
recettes fiscales plus élevées que prévu. En parallèle, le
déficit du compte courant est estimé à 2,5% du PIB, en hausse par rapport aux
0,6% de 2023, mais soutenu par la bonne tenue des recettes touristiques, des exportations et des transferts des Marocains résidant à l’étranger.
Une solidité institutionnelle et monétaire reconnue
Moody’s souligne la
robustesse des institutions marocaines, qui bénéficient d’une bonne
gouvernance macroéconomique et d’une gestion budgétaire prudente, même en période de
chocs externes. La politique monétaire menée par
Bank Al-Maghrib est également saluée pour son engagement en faveur de la
stabilité des prix, renforçant ainsi la crédibilité du cadre macroéconomique.
Toutefois, l’agence met en avant certaines vulnérabilités, notamment la
dépendance du Maroc aux secteurs exposés aux aléas climatiques et un niveau de revenu par habitant inférieur à la moyenne des pays de même notation.
Dette en augmentation "mais encore soutenable"
Moody’s évalue la
dette publique du Maroc comme « en augmentation mais encore soutenable ». À fin 2024, la dette en devises étrangères représente
17,6% du PIB, exposant partiellement le pays aux fluctuations des marchés. Par ailleurs,
l’importante présence des entreprises publiques dans l’économie constitue un risque potentiel pour les finances publiques.
Le secteur bancaire marocain reste solide, mais présente certains risques,
notamment des niveaux de capitalisation modérés, une concentration des actifs et une exposition aux opérations étrangères dans des environnements économiques plus difficiles. Ces éléments justifient le maintien d’une vigilance accrue de la part des autorités.
Perspectives et facteurs d’évolution de la notation
La
perspective stable attribuée au Maroc reflète un équilibre entre les risques et les opportunités. L’agence souligne que la poursuite des réformes économiques et sociales pourrait
renforcer la résilience du pays face aux chocs externes, tout en stabilisant la
dette publique.
Cependant, des défis subsistent. La mise en œuvre des
réformes de la protection sociale et des projets d’infrastructure à grande échelle pourrait accroître les
pressions budgétaires. De plus, la
faible libéralisation économique et la concentration de certains secteurs stratégiques pourraient limiter le potentiel de croissance inclusive.
À l’inverse, une
accélération des réformes structurelles permettant d’augmenter plus rapidement le revenu par habitant, de
favoriser la création d’emplois formels et de réduire les disparités socio-économiques pourrait constituer un facteur positif pour la notation du pays. Une croissance plus dynamique du secteur non agricole contribuerait également à renforcer les bases économiques du Maroc.
En revanche,
une hausse plus marquée et durable de la dette publique constituerait un facteur de pression négative sur la notation. Une telle évolution pourrait résulter de chocs économiques imprévus, d’une augmentation plus forte des dépenses publiques ou encore de la matérialisation de risques liés aux entreprises publiques et au secteur bancaire.