Économie

PLF 2026 : Ce que prévoit l'Etat pour le monde rural, l'éducation, la santé et l'emploi

Le Projet de Loi de Finances 2026 traduit la volonté de l'Etat de donner corps aux Orientations Royales, plaçant la promotion de l’emploi, la valorisation des potentialités économiques régionales et le renforcement des services sociaux de base au cœur de son action. L’objectif affiché est de préserver la dignité des citoyens à travers une offre publique de qualité dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’emploi, tout en consolidant la justice spatiale et la cohésion territoriale.

21 Octobre 2025 À 15:50

Dans le sillage des deux derniers discours prononcés par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Royaume s’engage dans une nouvelle phase de son modèle de développement territorial. Le Souverain a appelé à une refonte des politiques publiques locales à travers le lancement d’une nouvelle génération de Programmes de Développement Territorial Intégré (PDTI). Ces programmes, fondés sur les principes de justice spatiale et sociale, ont pour vocation d’assurer à chaque citoyenne et citoyen un accès équitable aux fruits du développement national, en réduisant les disparités régionales et en renforçant la cohésion économique et sociale du pays.

Cette orientation royale a reçu une réponse immédiate dans le Projet de Loi de Finances 2026, qui consacre une part importante à la mise en œuvre de ces nouveaux programmes structurants. Pour garantir un déploiement rapide et mesurable, le gouvernement a conçu un programme prioritaire pour l’année 2026, assorti de contrats d’objectifs précis, visant des actions à fort impact territorial et social.

Un programme prioritaire à impact immédiat

Doté d’une enveloppe budgétaire prévisionnelle de 20 milliards de dirhams, ce programme cible en priorité les zones rurales défavorisées, les espaces périurbains et les territoires vulnérables, notamment les zones montagneuses et oasiennes. L’objectif est d'améliorer rapidement les services essentiels, réduire les inégalités territoriales, renforcer la résilience des communautés locales et stimuler la création d’emplois durables.

Dans le secteur de l’éducation, les efforts portent sur la réhabilitation urgente des écoles primaires rurales et la modernisation des infrastructures scolaires : réfection des toitures, mise à niveau des latrines, approvisionnement en eau potable, assainissement liquide et renouvellement du mobilier. Le gouvernement prévoit également de renforcer le transport scolaire, en dotant les communes rurales de minibus scolaires et en améliorant les pistes souvent impraticables en période de pluie. L’extension du préscolaire dans les douars est une autre priorité, tout comme le soutien à la scolarisation des filles rurales, à travers la réhabilitation des foyers « Dar Talib/Taliba » et des campagnes de sensibilisation communautaire. Des espaces numériques éducatifs connectés seront installés, et des unités mobiles d’éducation numérique équipées de tablettes seront déployées pour combler la fracture numérique dans les établissements éloignés.



Sur le plan sanitaire, le programme entend renforcer l’accès aux soins de proximité en déployant des unités mobiles de santé composées de médecins, infirmiers et sages-femmes. Ces unités offriront des services essentiels tels que la vaccination, le suivi prénatal et les dépistages des maladies chroniques. Des campagnes de santé préventive itinérantes seront organisées dans les zones rurales et périurbaines, ciblant notamment le dépistage du diabète, de l’hypertension, du cancer du sein et du col de l’utérus. Parallèlement, la réhabilitation des centres de santé ruraux et leur dotation en équipements médicaux modernes (échographes, concentrateurs d’oxygène, lits d’examen et réfrigérateurs à vaccins) figurent parmi les priorités.

La gestion proactive et durable des ressources en eau constitue un axe structurant de ce plan. Il s’agit d’assurer un accès équitable à l’eau potable et de renforcer la résilience hydrique des zones rurales à travers la réhabilitation et l’extension des réseaux d’Adduction en Eau Potable (AEP) dans les douars non desservis. Des bornes-fontaines communautaires seront installées dans les localités isolées, tandis que des solutions décentralisées telles que des puits, citernes et unités mobiles seront déployées pour répondre aux besoins urgents. Des projets pilotes d’économie d’eau, notamment en irrigation goutte-à-goutte et récupération des eaux pluviales, seront expérimentés dans les zones semi-arides afin de rationaliser l’usage de la ressource et lutter contre le stress hydrique.

La mise à niveau territoriale vise à améliorer les infrastructures de base et à renforcer l’attractivité des territoires. Un programme de désenclavement rural rapide prévoit la réhabilitation des pistes rurales prioritaires, notamment celles reliant les écoles, centres de santé et marchés hebdomadaires. Des lampadaires solaires seront installés pour renforcer l’éclairage public dans les douars, tandis que l’électrification rurale sera accélérée. Le gouvernement mettra aussi l’accent sur la modernisation des centres ruraux émergents, à travers l’aménagement des souks, la création d’espaces pour les jeunes et les femmes, et l’amélioration de l’accès aux services administratifs de proximité.

Sur le plan économique, l’État entend dynamiser l’emploi local à travers des chantiers territoriaux à haute intensité de main-d’œuvre, offrant des emplois temporaires dans les travaux publics légers, le reboisement, la protection contre l’érosion et l’entretien des infrastructures. L’appui aux microprojets ruraux et aux TPE sera assuré via des subventions d’amorçage en partenariat avec l’INDH et l’ANAPEC. Le programme prévoit également la valorisation des produits du terroir comme l'huile d’olive, le miel, les dattes, plantes aromatiques et médicinales et le soutien aux coopératives productives féminines et agricoles à travers des subventions ciblées pour l’équipement, l’emballage et la commercialisation.

Des formations professionnelles courtes, d’une durée de deux à six mois, seront proposées dans des secteurs à forte demande locale tels que les énergies renouvelables, les travaux publics, la maintenance, l’irrigation et les services numériques. Ces formations viseront particulièrement les jeunes et les femmes des milieux ruraux, afin de renforcer leur employabilité et de favoriser leur inclusion économique.

Une gouvernance territoriale participative

Pour garantir la réussite de cette stratégie nationale, le gouvernement a mis en place un dispositif de gouvernance territoriale intégré. Une circulaire du 15 août 2025 a été adressée aux walis et gouverneurs afin de lancer officiellement le processus d’élaboration des PDTI. Cette circulaire définit les axes prioritaires, précise les conditions de mise en œuvre et insiste sur l’importance de la concertation locale. Les walis et gouverneurs ont été chargés de piloter des comités régionaux et provinciaux, réunissant l’ensemble des acteurs territoriaux : élus, services extérieurs de l’État, chambres professionnelles et représentants de la société civile. Des équipes préfectorales dédiées ont été constituées pour conduire des diagnostics territoriaux approfondis, fondés sur une analyse multidimensionnelle des atouts, contraintes et besoins locaux. Un guide méthodologique a également été élaboré pour harmoniser les approches et assurer la cohérence nationale du processus.

Les étapes en cours concernent l’analyse et l’interprétation des diagnostics territoriaux, la cartographie des besoins prioritaires et l’identification des projets structurants à réaliser à court, moyen et long terme. Ces projets seront ensuite hiérarchisés selon leur pertinence économique, leur impact social et leur cohérence avec les stratégies nationales de développement durable.

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