LE MATIN
25 Décembre 2025
À 00:30
Face à l’aggravation du stress hydrique, l’investissement industriel change d’échelle et de nature. Longtemps perçue comme un enjeu environnemental parmi d’autres, la gestion de l’eau s’impose désormais comme un déterminant central de la compétitivité des entreprises, en particulier dans les secteurs les plus consommateurs. Dans ce contexte, le rôle des établissements de crédit évolue lui aussi, passant du simple financement à un accompagnement global des transitions industrielles. Youssef Adouan, directeur général délégué de Saham Leasing, décrypte cette mutation et détaille les leviers mobilisés pour soutenir des modèles industriels plus sobres en eau.
D’abord, le constat est clair : la demande en financement liée au stress hydrique est en nette progression. « Ces derniers temps, on observe de plus en plus d’entreprises qui s’intéressent à des investissements liés à l’optimisation de la ressource hydrique », souligne Youssef Adouan. Une dynamique portée principalement par les industriels, pour qui l’eau n’est plus un simple facteur de production, mais une condition de survie économique. « Ce n’est plus un luxe. Cela devient vital pour la compétitivité de leur modèle économique, mais aussi impératif au regard de leur stratégie RSE », insiste-t-il. Les projets présentés aux établissements financiers concernent aussi bien des investissements globaux que des initiatives ciblées, centrées exclusivement sur l’efficience hydrique.
Dans cette transformation, les banques et les sociétés de leasing jouent un rôle structurant. Youssef Adouan les décrit comme de véritables « traits d’union entre l’innovation technologique, la gouvernance de l’eau portée par les pouvoirs publics, et les acteurs économiques ». Sans ce rôle de catalyseur financier, avertit-il, l’innovation resterait à l’état de promesse. « S’il n’y a pas d’accompagnement bancaire pour financer ces technologies, il y aurait un déphasage : l’innovation ne pourrait pas être opérationnalisée sur le terrain », affirme-t-il.
L’enjeu est d’autant plus crucial que les secteurs les plus exposés — agroalimentaire, chimie, parachimie, papier-carton ou textile — sont confrontés à une double contrainte : réduire leur consommation d’eau tout en maintenant leur performance économique. Pour ces industries, l’optimisation hydrique est devenue « à la fois un facteur de compétitivité et un levier d’action RSE dans leur écosystème direct ». D’où un intérêt croissant pour des technologies de plus en plus sophistiquées : stations de dessalement, unités de retraitement des eaux grises et usées, ou encore systèmes de refroidissement intégrés à haute performance.
Mais ces solutions ont un coût. « Vu le degré d’innovation intégré, ces technologies nécessitent des investissements significatifs », reconnaît Youssef Adouan. C’est précisément là que les solutions de leasing prennent tout leur sens. Saham Leasing a ainsi structuré une offre globale destinée aux industriels, pensée pour lever les freins financiers et techniques à l’adoption de ces équipements. « Nous proposons une offre de financement innovante pouvant aller jusqu’à 100 % de l’investissement, ce qui constitue un soutien très fort pour les industriels », explique-t-il.
Au-delà du financement, l’approche se veut intégrée. Grâce à une convention avec le dispositif MID-GUF, les entreprises bénéficient d’un accompagnement technologique assuré par des experts internationaux. Objectif : sécuriser les choix technologiques et réduire les risques liés à l’investissement. « Cet accompagnement permet de donner une indication claire sur les économies réelles à réaliser et sur l’impact en termes de compétitivité », précise le dirigeant.
Enfin, un troisième levier complète ce dispositif : l’accès à des mécanismes d’incitation européens. Via le programme GUF 3, les industriels peuvent prétendre à des subventions allant de 8 % à 15 % du montant de l’investissement. « Cela allège significativement la charge financière et permet de déployer ces projets à plus grande échelle », souligne Youssef Adouan. L’ambition est assumée : industrialiser le processus de rationalisation hydrique et multiplier les projets d’efficacité autour de « la ressource la plus rare, l’eau ».
À travers cette approche combinant financement, expertise et incitations, Saham Leasing illustre la manière dont la finance peut devenir un levier stratégique de résilience industrielle et de transition vers des modèles plus durables. Dans un contexte de stress hydrique structurel, cette convergence entre innovation, gouvernance et investissement apparaît désormais comme une nécessité économique autant qu’environnementale.