Nabila Bakkass
13 Juillet 2025
À 15:33
Quand on intègre une nouvelle équipe, il est tout à fait naturel de vouloir s’illustrer, de démontrer son savoir-faire et de proposer des idées innovantes. Porté par un esprit conquérant, le nouvel adhérent cherche souvent à améliorer les processus, à introduire de nouveaux produits ou services, et à contribuer positivement à l’évolution de son
entreprise. Cependant, cette volonté de bien faire se heurte parfois à une réalité moins encourageante : le rejet, implicite ou explicite, des initiatives proposées par les collègues. Une situation fréquente et parfois déstabilisante, qui peut freiner la motivation dès les premiers mois d’intégration.
Selon
Nabila Benohoud, professeure en communication et développement personnel à la
Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales d’Agdal, ce phénomène s’explique par plusieurs facteurs : «Certains collaborateurs refusent le changement parce qu’ils sont installés dans leur zone de confort, tandis que d’autres perçoivent les initiatives comme une distraction inutile. Pour eux, celui qui propose des idées ferait mieux de se concentrer sur ses tâches de base».
Cette réaction peut avoir des conséquences importantes. D’après l’intervenante, elle peut mener à l’abandon de
projets prometteurs, et parfois même à l’abandon pur et simple d’un rêve professionnel. «C’est malheureusement une réalité : pour éviter les tensions, certains préfèrent rentrer dans le rang et étouffer leurs aspirations», déplore-t-elle.
Réussir, c’est avant tout une question d’équilibre
Face à ces obstacles, il ne s’agit pas de renoncer à toute initiative, mais d’apprendre à composer avec son environnement. Pour cela, Nabila Benohoud propose une approche basée sur l’équilibre entre affirmation de soi et intégration au collectif. Elle recommande plusieurs leviers concrets :
• Chercher l’équilibre entre ses idées et les besoins de l’équipe : Avant de proposer un changement, il est essentiel de prendre le temps d’analyser les attentes et les objectifs communs. Une idée, aussi pertinente soit-elle, a peu de chances d’être acceptée si elle entre en contradiction avec les priorités du groupe. L’alignement entre initiative individuelle et vision collective est une condition fondamentale pour avancer.
• Chercher à impliquer les autres dès le départ : Une idée portée seule risque d’être marginalisée. À l’inverse, une idée co-construite, enrichie par plusieurs points de vue, a plus de crédibilité et de force. Impliquer les collègues dans la réflexion et les inviter à donner leur avis permet de transformer une intuition personnelle en projet collectif.
• Pratiquer l’
écoute active : Être à l’écoute de ses collègues, c’est comprendre leurs préoccupations, leurs doutes et parfois leurs peurs du changement. Cette posture permet de mieux formuler ses propositions et de lever les résistances en amont. L’écoute est aussi une marque de respect, essentielle pour instaurer un climat de confiance.
• Accepter les critiques avec intelligence : Toute initiative peut être améliorée. Accueillir les remarques, même difficiles, sans se braquer, montre une capacité d’adaptation et une volonté de progresser. Cette ouverture renforce la crédibilité du porteur d’idée.
• Proposer, mais ne pas imposer : La manière de présenter une initiative compte autant que le fond. Il ne s’agit pas de convaincre à tout prix, mais de suggérer, d’argumenter et de laisser de la place au dialogue. L’humilité et la diplomatie facilitent souvent l’acceptation d’un changement.
• Favoriser une
communication ouverte et continue : Dans un environnement souvent régi par des routines bien établies, le changement passe par la parole. Il est donc recommandé d’expliquer, reformuler, clarifier et écouter encore. Une communication fluide est le ciment de tout projet réussi.
Ne jamais abandonner son rêve : la persévérance comme moteur
Mais au-delà des bonnes pratiques, un principe doit guider chaque collaborateur : ne jamais renoncer à ses aspirations professionnelles. C’est le message central de Nabila Benohoud. «Il ne faut jamais laisser tomber son rêve», insiste-t-elle.
Et de rappeler que dans tout parcours, les résistances sont inévitables et ne doivent pas être vues comme des freins définitifs, mais comme des étapes d’ajustement et des occasions de renforcer ses idées.
La professeure est convaincue que l’innovation professionnelle est une course de fond : elle se construit sur la durée, avec des allers-retours, des ajustements, et beaucoup d’écoute. En gardant cette posture, il devient possible non seulement de faire accepter ses idées, mais aussi de transformer en profondeur son environnement de travail. Car ceux qui réussissent ne sont pas forcément ceux qui parlent le plus fort, mais ceux qui savent avancer sans renoncer à leurs valeurs – et sans abandonner leur rêve.