Économie

De gros risques pèsent encore sur le marché de l'emploi : L'analyse du directeur de la Statistique au HCP

Dans les conditions actuelles marquées par le prolongement de la crise sanitaire et les restrictions qui s’imposent, et un rythme croissant de la demande d'emploi, le taux de chômage risque de connaître des niveaux élevés, selon Oussama Marseli, directeur de la Statistique au Haut-Commissariat au Plan. qui nous livre sa lecture des principales tendances du marché du travail.

Oussama Marseli, Directeur de la Statistique au HCP

05 Août 2021 À 14:41

Le marché de l’emploi a retrouvé légèrement son souffle au 2e trimestre 2021. Toutefois, le nombre de demandeurs d'emploi sans aucune activité est reparti à la hausse. C’est ce qui ressort globalement de la dernière note sur la situation du marché du travail au deuxième trimestre publiée par le Haut Commissariat au Plan (HCP). Selon Oussama Marseli, Directeur de la Statistique au HCP, «l’évolution de la situation du marché du travail au deuxième trimestre 2021 par rapport à la même période de l’année 2020 révèle trois constats forts. Tout d’abord, une 

«reprise de la demande de l’emploi avec l’augmentation du taux d'activité (46,1%) à un niveau supérieur à celui d'avant la pandémie (45,8% au T2-2019). Ensuite, «l’amélioration de la situation économique avec une hausse du taux d’emploi de 39,3% à 40,2%, mais toujours inférieur au niveau enregistré avant la pandémie (42,1% au deuxième trimestre 2019). Une augmentation qui a donné lieu d’après, notre interlocuteur, à la création de 405.000 postes d’emploi entre les deuxièmes trimestres 2020 et 2021, contre une perte de 589.000 postes entre les deuxièmes trimestres 2019 et 2020. Le 3e et dernier constat, et non des moindres, concerne l’augmentation des taux de chômage de 12,3% à 12,8% au niveau national, de 15,6% à 18,2% en milieu urbain et une diminution de 7,2% à 4,8% en milieu rural. Cette augmentation est le résultat des deux premiers constats. 

Au vu des dernières évolutions de la situation épidémiologique et de l'impact des mesures de restriction sur l'activité économique, une question reste posée : peut-on s'attendre à une inflexion du chômage ?  

«Dans les conditions actuelles marquées par le prolongement de la crise sanitaire et les restrictions qui s’imposent, avec aussi un rythme croissant de la demande d’emploi, le taux de chômage risque de connaître des niveaux élevés», déclare au "Matin" M. Marseli.  

Quels sont alors les défis majeurs pour redresser la situation ? Le Directeur de la Statistique souligne que «la reprise économique prendra plus d'une année pour retrouver son niveau normal. Pour accompagner la forte demande de l’emploi et les nouvelles arrivées sur le marché du travail, l’Etat a entrepris une panoplie de mesures afin d'encourager l’auto-emploi, la production nationale avec la limitation des importations non nécessaires, la consommation intérieure et l’incitation des visites des Marocains du reste du monde».   

Force est de constater que le secteur de l’"agriculture, forêt et pêche" a généré de l’emploi avec la création de 318.000 postes, les BTP 108.000 et les services 40.000. Mais l’"industrie y compris l'artisanat" a perdu 53.000 postes. Comment alors expliquer cette tendance ? Toujours selon le directeur de la Statistique du HCP, «le rythme de reprise de l’activité s’opère à un rythme différencié selon les secteurs économiques. La reprise des secteurs du tourisme et des activités connexes a pris du retard puisqu’elle est tributaire des facilités de déplacement de la population dans le contexte de la crise sanitaire. Par contre, l’agriculture qui est sujette à de moindres contraintes sanitaires a connu une forte reprise surtout avec un année pluviométrique opportune. Le rythme de la reprise de l’industrie y compris l’artisanat a été amorcé par les activités artisanales vue la forte relation avec le tourisme et la conjoncture internationale. 

 

 

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