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Compensation : 26 milliards de DH à mobiliser en 2023 en attendant le ciblage

La compensation du gaz butane, du sucre et du blé tendre devra engloutir 25,9 milliards de DH du budget de l’État en 2023. Dans un contexte mondial marqué par les incertitudes et la montée des tensions inflationnistes, le gouvernement Akhannouch n’a d’autre choix que de continuer à soutenir le pouvoir d’achat, en attendant la fameuse réforme de la compensation.

En 2022, les importations du Maroc en gaz butane d’origine algérienne ont été presque nulles, en faveur du gaz d’origine américaine que le gouvernement juge «plus compétitif» grâce à une ouverture d’arbitrage avec le pays de l’Oncle Sam.

21 Octobre 2022 À 18:32

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L’Exécutif devra mobiliser 25,98 milliards de dirhams en 2023 pour soutenir les prix du gaz butane, du sucre et de la farine de blé tendre. Un montant bien en deçà de celui programmé pour la compensation au titre de l’année en cours. En effet, eu égard au contexte de perturbations mondiales des chaînes de valeur et aux tensions inflationnistes sur les produits énergétiques, le gouvernement Akhannouch a été contraint en 2022 de revoir sa copie et de procéder ainsi à des rallonges budgétaires afin de faire face à la montée remarquable des montants des subventions et de la charge de compensation, entre autres. Celle-ci devrait clôturer l’année sur une hausse de près de 72% (hors soutien aux transporteurs routiers) par rapport à 2021.  Afin de protéger le pouvoir d’achat et amortir les effets de l’inflation, l’Exécutif a dû opérer une rallonge budgétaire de 16 milliards de dirhams. Résultats des courses, les crédits ouverts réservés à la compensation s’élevaient à fin septembre dernier à 32 milliards de dirhams.

Dans le rapport sur la compensation accompagnant le projet de Budget 2023, le gouvernement indique que sur la base d’un cours moyen du gaz butane de 801 dollars la tonne et d’un taux de change du dollar de 9,87 dirhams, et des quantités mises à la consommation du gaz butane (quelque 1,86 million de tonnes), la charge relative au soutien des prix de ce produit est estimée à 15,66 milliards de dirhams sur la période allant de janvier à août 2022. Et en tenant compte de la charge prévisionnelle de soutien des produits alimentaires s’élevant à 11,03 milliards de dirhams, la charge globale de compensation prévisionnelle devrait ressortir à 26,69 milliards de dirhams sur la période janvier-août 2022. 

 La compensation, qui constitue un fardeau pour le Budget de l’État, sera donc maintenue en 2023, même si dans le rapport qui y est dédié, l’Exécutif affirme que la «décompensation progressive des produits subventionnés restants sera poursuivie afin de s’inscrire dans les grandes orientations stratégiques du chantier de la réforme de la protection sociale prônant l’adoption des allocations familiales pour les populations cibles». Le gouvernement souligne que celle-ci suppose la mise en place des prérequis nécessaires à son opérationnalisation.      

Gaz butane : la part subventionnée représente les 2 tiers du prix d’achat réelr>Après deux années de baisses successives, la subvention moyenne annuelle de la bonbonne de gaz butane de 12 kg a augmenté de 65% en 2021 pour s’établir à 64 dirhams, soit le plus haut niveau enregistré depuis 2014. Pour l’année en cours, la subvention mensuelle du gaz butane s’est inscrite dans la même tendance haussière que les cours du gaz butane sur le marché international. Au cours du premier quadrimestre de l’année, elle a continué d’augmenter pour atteindre un pic de 117 dirhams en avril dernier. Et à partir du mois de juin, une accalmie s’était installée pour que la subvention mensuelle de la bonbonne de 12 kg passe de 109 DH à son plus bas niveau de l’année, 76 DH en septembre dernier. Sur la période janvier-septembre, la subvention moyenne de la bonbonne de 12 kg s’élève à près de 97 DH, en hausse de 70% sur un an. Ainsi, la part subventionnée du gaz butane a enregistré plus des deux tiers du prix d’achat réel sur les 9 premiers mois de l’année 2022, en frôlant son maximum de 75% du coût de revient au mois d’avril de l’année en cours. 

Rappelons qu’en 2021, les États-Unis ont confirmé leur position de premier fournisseur du marché national en gaz butane en accaparant 50% du gaz importé. De plus en plus substitué par le gaz butane de l’Oncle Sam, les importations d’origine européenne ont décroché de 11% entre 2020 et 2021. Ainsi, le butane euro-méditerranéen a pesé pour 49% des importations de ce produit en 2021. Et en 2022, les importations d’origine algérienne se sont presque annulées en faveur de l’origine américaine que l’Exécutif Akhannouch juge plus compétitive grâce à une ouverture d’arbitrage avec le pays de l’Oncle Sam. Ainsi, elles sont passées à moins de 2% des importations nationales sur la période janvier-mai 2022, laissant l’offre américaine dominer avec 71% des importations sur cette même période, en dépassant considérablement les expéditions en provenance de l’Europe qui ont représenté 27%. 

Notons que sur les 20 dernières années, la consommation nationale du gaz butane a connu une forte progression passant d’un équivalent de 92,5 millions de bonbonnes de 12 kg en 2002 (1,06 million de tonnes) à 222,3 millions d’unités en 2021, soit une croissance de plus de 140%. Au terme des 7 premiers mois de 2022, la consommation nationale en gaz butane a atteint 137,4 millions de bonbonnes de 12 kg (1,6 million de tonnes) en hausse de 4,7 millions de bonbonnes sur un an. Le pic de la consommation a été constaté en avril qui coïncidait avec le mois sacré du Ramadan.  

Subvention du sucre : 2,29 milliards de DH mobilisés en 8 mois 

Sur la période janvier-août 2022, la charge de soutien du sucre raffiné pourrait s’élever à 2,29 milliards de dirhams, soit un repli de 1,4% par rapport à 2021. Cette estimation est basée sur une consommation prévisionnelle de 804.000 tonnes. Rappelons qu’au terme de l’année 2021, l’augmentation de la consommation intérieure de sucre de 5% en glissement annuel a eu comme corollaire direct l’accroissement de la charge de subvention du sucre à la consommation avec la même ampleur pour qu’elle s’établisse à 3,41 milliards de DH, contre 3,24 milliards en 2020. Le gouvernement précise que sous l’effet combiné d’une envolée des prix internationaux du sucre brut (+38%) et d’un accroissement des importations nationales (+9%), la charge de subvention additionnelle à l’importation est passée à une restitution en faveur des opérateurs d’un montant de 140 millions de dirhams. Au titre de la période janvier-août 2022, sur la base d’une importation prévisionnelle de 546.000 tonnes (+14,4% en glissement annuel), et d’un prix international du sucre brut de 443 dollars/tonne (+9,5 % en glissement annuel), la charge de compensation prévisionnelle relative à la subvention additionnelle à l’importation du sucre brut s’est fortement accrue pour enregistrer 793 millions de DH, contre 34 millions sur la même période de l’année précédente, marquant une flambée de 232%. 

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Blé tendre : importations dynamiques

Selon les données du rapport sur la compensation, la réactivation du système de restitution à l’importation du blé tendre a permis la garantie d’un rythme «dynamique» des importations, qui ont totalisé 39 millions de quintaux durant la période janvier-août 2022, permettant ainsi d’assurer une «large» couverture des besoins du pays. Par ailleurs, suivant la forte volatilité du cours international du blé tendre sur le marché mondial, la prime forfaitaire à l’importation a oscillé sur la période janvier-août 2022 entre 77 et 258 DH/q pour enregistrer une moyenne de 167 DH. De ce fait, la charge mensuelle de la restitution à l’importation du blé tendre a fortement fluctué sur la période janvier-août en oscillant dans une fourchette allant de 71 millions de DH à 1,89 milliard, donnant lieu à une charge globale au titre de cette période de près de 6,96 milliards de DH. À l’instar des années précédentes, la France a consolidé son premier rang en concentrant 39% de part du marché marocain, un classement favorisé par la compétitivité du blé tendre de l’Hexagone et la proximité culturelle et géographique, suivie par l’Argentine (26%) et l’Ukraine (16%).

 

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