12 Octobre 2022 À 15:37
Your browser doesn't support HTML5 audio
«Le climat et le développement» est désormais au cœur du partenariat Maroc-Banque mondiale. D’ailleurs, cette dernière finalise une étude majeure sur ce sujet avec de nouvelles opérations de financement pour appuyer la transition climatique du Maroc, comme l’avait souligné fin septembre dernier Ferid Belhaj, vice-président pour la région MENA (Moyen-Orient/Afrique du Nord) de la Banque mondiale dans une interview accordée au journal «Le Matin».
Selon nos informations, un premier financement est déjà dans le «pipe». Il porte sur un prêt de 200 millions de dollars. Il a pour objectif d'aider le Maroc à intégrer les considérations climatiques dans la gestion des finances publiques. Il vise également à soutenir le pays à mettre en œuvre certaines actions prioritaires dans le cadre de sa «Contribution déterminée au niveau national» (CDN) relative à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Rappelons que, parallèlement à la ratification de l’accord de Paris le 21 septembre 2016, le Maroc a soumis sa CDN au secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique. L’accord de Paris place les CDN au cœur du dispositif international de riposte contre les causes du changement climatique. Et en juin 2021, le Maroc avait soumis une nouvelle CDN révisant à la hausse son objectif d’atténuer les émissions de gaz à effet de serre à 45,5% d'ici 2030, dont 18,3% est inconditionnel.
Ainsi, ce nouveau prêt de la Banque mondiale en faveur du Maroc, prévu d’être approuvé d’ici début 2023, vise à l’aider à mettre en œuvre un certain nombre d'actions prioritaires (à la fois sur les volets atténuation et adaptation au changement climatique) dans le cadre de sa CDN. Il a pour objectif également de renforcer la coordination intersectorielle ainsi que la capacité du gouvernement à suivre et superviser les progrès réalisés afin de positionner le Maroc comme un champion du climat. L’appui de la Banque mondiale permettra, en outre, de mettre à niveau les systèmes de planification budgétaire et de gestion environnementale et sociale au niveau du gouvernement et des différents ministères.
À noter que ce prêt sera accordé selon l’instrument «prêt-programme pour les résultats». Cet instrument se caractérise, notamment, par l’établissement d’un lien entre les décaissements des fonds et l’obtention de résultats spécifiques dans le cadre du programme, et par l’appui aux clients pour leur permettre d’accroître l’efficacité et l’efficience de leurs programmes de développement afin d’atteindre des résultats tangibles et durables. Outre l’adoption d’une approche «pangouvernementale» pour la transition climatique, cet instrument permettra d’évaluer les progrès réalisés dans la promotion des villes bas carbone et résilientes, mais aussi l’amélioration de la résilience et l'inclusion dans les zones rurales vulnérables. Plusieurs indicateurs seront pris en compte, notamment l’augmentation de la part du budget d'investissement public pour l'action climatique (en pourcentage), le nombre de petits agriculteurs vulnérables qui ont adopté des pratiques résilientes au changement climatique ainsi que la réduction nette des émissions de GES (en tonnes équivalent CO2).
Rappelons, par ailleurs, que la Banque mondiale s’apprête à publier une étude majeure intitulée «Climat et Développement», qui fait ressortir un certain nombre de priorités à même de positionner le pays dans une trajectoire de développement résilient au changement climatique. Selon Ferid Belhaj, cette étude a pour objectif de mieux comprendre la complexité des interactions entre les phénomènes de changement climatique au Maroc et la trajectoire de développement, que ce soit en termes de risques, mais aussi d’opportunités. Ce rapport est organisé autour de trois piliers, identifiés comme les thématiques qui représentent les points d’intersection entre changement climatique et développement pour le Royaume. Il s’agit (1) de la rareté de l’eau et la sécheresse (2) de la vulnérabilité aux inondations qui sont de plus en plus fréquentes au Maroc, et (3) de la décarbonation de l’économie, qui revêt une importance particulière pour le pays, compte tenu des développements géopolitiques actuels et des prix de l’énergie.