Économie

Agilité et digitalisation : la force des startups

L’entrepreneuriat est un état d’esprit où prime la capacité de s’adapter au changement avec agilité. Innovantes et agiles, les startups apportent de nouveaux modéles de valeurs et de nouveaux usages qui répondent aux attentes des consommateurs à l’ére du tout numérique. Dans ce sens, les jeunes entreprises peuvent donner l’exemple aux grandes structures pour gagner en agilité et pour mettre le digital au service de la croissance.

05 Avril 2023 À 17:51

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Aujourd’hui, il devient urgent d’avoir des entreprises rapides et réactives, ce qui est à la portée des start-ups. L’entrepreneur digital est aussi capable de changer de direction à tout moment. L’important c’est d’être attentif et d’observer, en temps réel, les changements et les mutations qui s’opèrent dans son environnement proche ou lointain.r> 

L’agilité de l’entrepreneur, une des clés de la réussite

L’évolution technologique, les changements sociétaux et économiques imposent aux entreprises d’adopter une approche agile pour s’adapter constamment aux nouveaux modes de consommation, de communication et à tout autre événement qui sont hors de leur contrôle. Pour les start-ups, l’agilité fait partie de l’état d’esprit de l’entrepreneur et devient ainsi une des clefs pour réussir. «L’agilité nous permet de servir nos clients d’une manière optimale dans un contexte consommateur qui évolue vite. Face à d’autres agences de communication de taille supérieure, nous sommes capables de rebondir plus vite sur l’actualité et les tendances de publicités, car nous travaillons différemment, par équipe de projet et que le processus créatif est assez déconstruit», témoigne Sara Zouad, co-fondatrice de Brand Builder.

Chez un jeune entrepreneur, l’agilité sera ressentie dès les premières étapes du projet. Passer d'une idée à une entreprise viable est une transformation fondamentale que l’entrepreneur doit assimiler et faire presque de manière naturelle. Il sera amené à transformer l'idée en un business model viable puis en une organisation qui supporte la croissance et exécute le business model. Ensuite, il cherchera à optimiser ce business model avec des démarches d'amélioration continue. Toutes ces étapes peuvent nécessiter des ajustements et des changements que l’entrepreneur doit gérer avec agilité et les mener d’une manière réfléchie.

Dans ces cas, l’entrepreneur peut même faire appel à des principes de conduite de changement. «Être un entrepreneur, c’est tout d’abord un état d’esprit qui pousse l’individu à trouver le courage, à utiliser ses ressources et son plein potentiel et à mettre en œuvre tous les moyens nécessaires pour mener le projet qu’il souhaite. C’est un état d’esprit qui va influencer la manière dont il va agir et la qualité des résultats qui en découleront», explique Imane Driouech, consultante, formatrice et coach professionnelle.r>Comme pour les grandes entreprises, les start-ups peuvent se faire accompagner pour optimiser l’approche de l’agilité. En effet, lorsque les entrepreneurs adoptent et appliquent les principes de la gestion de projet agile pour trouver leur vecteur de croissance, ceux-ci peuvent augmenter leurs chances de succès drastiquement et dé-risquer leur projet le plus rapidement possible.r> 

Les start-ups, modèle d’inspiration pour la transformation digitale

Par définition, un entrepreneur numérique est celui qui crée des activités digitales sur des canaux numériques afin de fournir au client final des biens ou services physiques ou numériques. C’est lui aussi qui s’appuie fortement sur le digital aux différents niveaux de sa chaine de valeurs. Étant très à l’aise avec le digital, les start-ups disruptent les entreprises traditionnelles en devenant de véritables modèles d’inspiration en matière de digitalisation. «Nous notons une tendance de nouveaux projets sur les aspects technologiques où le numérique est de facto présent avec des porteurs de projets très agiles et en phase avec la demande du marché.

Cependant, les projets valorisant les produits du terroir dans l’artisanat, l’alimentaire et le cosmétique ont toujours leur place dans le panel entrepreneurial marocain où le digital prend sa force principalement dans la partie e-commerce et visibilité sur le net», indique Anass Kettani, directeur exécutif du Centre Mohammed VI de la Recherche et de l’Innovation. Il affirme également que les start-ups fondées par les jeunes générations peuvent être des entreprises très innovantes et numériques, mais cela dépendra de nombreux facteurs, notamment de leur domaine d'activité, de leur marché cible, de leur modèle d'affaires et de leurs stratégies de croissance.

«Le digital est non seulement un outil qu’on exploite au quotidien dans nos travaux à travers nos méthodes et outils adaptés au métier d’agence, mais aussi là où nos campagnes de communication prennent vie. Aujourd’hui, le digital représente plus de 70% des briefs clients, et des activations que nous proposons», nous dit Sara Zouad. Pour elle, «le digital est un cœur de métier et a été une vraie porte d’entrée pour se distinguer en tant qu’agence. Il offre aujourd’hui des possibilités sans fin, en termes de formats et touch points, il permet également de mesurer le ROI de manière plus tangible pour nos clients».

En tirant profit de ces deux caractéristiques : agilité et maitrise de l’outil digital, les jeunes ont tous les atouts pour la création et la pérennisation d’une startup, confirme M. Kettani. La force des start-ups est qu’elles sont très agiles et très digitales, donc leur capacité à s’adapter est plus forte. Toutefois, leur modèle économique reste fragile, d’où la nécessité d’adapter les processus d’accompagnement qui leur est offert à leurs mindsets. C’est donc tout l’écosystème entrepreneurial qui doit devenir agile et épouser l’évolution numérique plus rapidement pour être à la hauteur des attentes de la jeune génération d’entrepreneurs.

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Entretien avec le directeur exécutif du Centre Mohammed VI de la recherche et de l'innovation

Anass Kettani : «Les startups fondées par les jeunes maintenant deviendront des entreprises numériques et agiles»

Le Matin : Les jeunes sont par nature agiles et mieux portés sur le digital. Comment mettre ceci au service de la création et la pérennisation de la startup ?

Anass Kettani : L’élan entrepreneurial a connu au Maroc, ces dix dernières, une révolution exponentielle dans l’intérêt de transformer une idée innovante vers une startup en constatant que les jeunes ont souvent une certaine agilité et une aisance avec les technologies numériques, ce qui peut être un avantage pour la création et la pérennisation de leur startup.r>Il faut rappeler que la Covid a accentué cette nouvelle tendance dans tous les secteurs, faisant du digital une force de frappe entrepreneuriale incontournable.r>Le Matching du digital en faveur de la pérennisation de la startup doit se sourcer sur certains mécanismes facilitateurs : 1. Exploiter les compétences en technologies en usant de leur expertise pour améliorer les processus de leur startup. 2. Utiliser les réseaux sociaux pour développer leur visibilité en ligne pour atteindre une communauté de plus en plus large. 3. L’agilité passe d’abord par une ouverture au changement, première clé de réussite devant les nouvelles opportunités. 4. Entourez-vous de talents numériques : si les jeunes sont doués, ils ne peuvent réussir seuls, apprendre à exploiter l’intelligence collective. En réalité, les jeunes ont tous les atouts pour la création et la pérennisation d’une startup grâce à leurs agilité et compétences numériques.

r>Les jeunes basculent de plus en plus vers le statut de l’entrepreneuriat, notamment pour plus d’autonomie. Comment assurer la conduite du changement dans ce cas de figure ?r>Il faut composer avec la réalité d’aujourd’hui qui implique que les jeunes sont à la recherche de challenges et de défis, mais aussi et surtout d’équilibre vie personnelle et vie professionnelle. Les managers doivent être suffisamment intelligents pour pouvoir assurer le changement au sein de l’entreprise tout en répondant aux besoins des collaborateurs. La réussite d’un processus de changement au sein de l’entreprise ne dépend pas du statut du collaborateur, mais plutôt de son degré d’implication. Conscients de cette réalité, des chefs d’entreprises ont d’ailleurs réussi le pari d’intégrer le télétravail pour permettre aux collaborateurs plus de flexibilité et d’agilité. Il faut savoir aussi que dans les programmes d’entrepreneuriat, on forme les jeunes et on les accompagne en vue de les aider à se familiariser avec des sujets comme l’intelligence collective, la co-construction, l’agilité et le partage.

Quels sont les ingrédients pour réussir une démarche de transformation globale ?

La transformation est une affaire de direction générale. En d’autres termes, l’engagement du top management est incontournable pour assurer le succès d’une démarche de transformation globale. C’est aussi une histoire de stratégies, de visions et d’objectifs à mettre en place. À ces éléments s’ajoute l’implication des collaborateurs. Sur ce volet, il convient de souligner que des efforts doivent être menés pour que chacun soit impliqué et qu’on parvienne justement à connecter l’intérêt individuel à l’intérêt collectif. Mais force est de reconnaître que malgré tous ces efforts, on peut naturellement assister à des histoires d’échec. Des cabinets spécialisés sont en train de se pencher sur cette question pour justement identifier les raisons de ces échecs. Tout ce que l’on sait pour l’heure c’est que 70 à 80% des transformations échouent dans le monde. Ce taux d’échec est considérable et pourrait s’expliquer par le fait que l’élément humain n’est pas forcément mis au centre du dispositif. Il y a justement un effort de prise de conscience et de sensibilisation à mener dans ce sens, et ce à tous les niveaux hiérarchiques.

(Nabila Bakkass)

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