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Industrie automobile : Comment le Maroc s'est érigé en modèle pour l’Afrique (CNUCED)

La CNUCED vient de publier un rapport sur l'économie en Afrique intitulé «Les Chaînes d'approvisionnement mondiales à forte intensité technologique : le potentiel de l'Afrique». Dans ce document, l'organisation onusienne met en avant les facteurs ayant permis au Royaume de générer 8,3 milliards de dollars d’exportations de cette filière en 2021.

18 Août 2023 À 17:39

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Le secteur de l'automobile sur le continent africain ne peut être abordé sans évoquer l'exemple marocain. Dans son dernier rapport sur l'économie en Afrique, publié mercredi, la CNUCED fait la part belle à l'industrie automobile marocaine, désormais reconnue comme une référence dans le continent.

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Industrie automobile au Maroc : Un taux d'intégration locale de 60%

Depuis 1957, l'industrie automobile au Maroc a évolué de l'assemblage de véhicules (Société marocaine de constructions automobiles) à leur production. En 2021, 403.007 unités ont été fabriquées, avec des exportations évaluées à 8,3 milliards de dollars, dont 3,4 milliards de dollars d'exportations de véhicules finaux, lit-on dans le rapport. Environ 220.000 emplois ont été créés dans le secteur, et un réseau d’équipementiers en plein essor, composé de plus de 230 fournisseurs de niveau 1 et 2, a été mis en place. Cela représente un taux d'intégration locale de 60%, souligne la CNUCED, précisant que «le pays se positionne désormais comme une plateforme de production avec l'entrée de plusieurs groupes, comme German Motor Distributors, Renault, Snop (fournisseur de pièces et de composants), Stellantis Sumitomo Electric Wiring Systems (gamme technique de systèmes et de composants) et Yazaki (le plus grand fabricant de faisceaux de câbles au monde)». Et de poursuivre que la fabrication s'oriente vers des composants plus complexes à forte valeur ajoutée, tels que la fabrication de moteurs, l'ingénierie et la recherche et le développement.

Industrie automobile : Divers facteurs permettent au Maroc d'attirer des entreprises multinationales

Les facteurs, d’après le rapport, ayant permis au Maroc d'attirer les entreprises multinationales et de soutenir l’intégration locale sont multiples : l'investissement dans les infrastructures (connectivité nationale et internationale), la création de six zones économiques spéciales, dans lesquelles les investisseurs bénéficient d'exonérations fiscales et d'autres incitations, et la proximité de l'Europe. Les politiques et plans industriels nationaux, tels que le Plan d'accélération industrielle 2014-2020, ont favorisé l'émergence d’un écosystème de l'industrie automobile et ont vu l'avènement de parcs industriels et les cités automobiles de Kénitra et de Tanger, ajoute le rapport.

L'intégration du Maroc dans l'économie mondiale, facilitée par la signature de divers accords de libre-échange, a également fait du pays un lieu d'investissement lucratif. En outre, les capacités d'ingénierie et de recherche et développement se sont accrues avec l'établissement d'un centre technique régional par Stellantis et du premier centre d'essai automobile en Afrique, qui permettra au Maroc d'être autonome en termes de validation et d'homologation des pièces et des véhicules. L'investissement systématique dans l'éducation et le développement des compétences, la numérisation et les programmes de développement des fournisseurs ont également permis l'émergence d'un savoir-faire marocain dans la fabrication de pièces et de composants, relève également le rapport.

Automobile : le Maroc vise à atteindre une capacité de production de 1 million de voitures par an

Le Maroc a pour objectif de produire un million de voitures par an d'ici 2025 et d'atteindre un taux d'intégration locale de 80%. En 2020, il disposait déjà d'une capacité annuelle installée de 700.000 véhicules, précise le rapport. «Les initiatives et plans gouvernementaux susmentionnés visent à renforcer l'intégration locale, à développer les activités industrielles, à moderniser les opérations tout au long de la chaîne de valeur, à améliorer les niveaux de transfert de technologie et de connaissances, et à diversifier les marchés d'exportation», écrit la CNUCED. Relever ces défis, selon elle, «pourrait également contribuer à accroître la participation des petites et moyennes entreprises nationales à la phase d'assemblage, qui reste limitée».

Pour maintenir la croissance et favoriser la durabilité de la chaîne d'approvisionnement, les destinations d'exportation des véhicules devraient être diversifiées, et l'industrie automobile au Maroc devrait cibler le marché africain des pièces détachées qui est dominé par les véhicules d'occasion. En novembre 2022, Stellantis a annoncé un investissement de 300 millions de dollars dans son usine de fabrication afin de doubler sa capacité de production pour atteindre 400.000 unités et desservir le marché du Moyen-Orient et de l'Afrique, note le rapport.

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