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Intégration dans les chaînes d’approvisionnement mondiales : L’Afrique recèle un potentiel en or

En mettant à profit la forte abondance de ses ressources et son marché à la consommation en pleine expansion, l'Afrique peut devenir une destination manufacturière de premier plan pour les industries à forte intensité technologique et un maillon essentiel des chaînes d'approvisionnement mondiales. Dans un rapport dédié aux potentialités du continent dans l’intégration des chaines d’approvisionnement mondiales, la Cnuced suggère au continent plusieurs pistes devant lui permettre de s’assurer une intégration plus poussée dans les chaînes de valeurs mondiales et diversifier son économie.

Intégration dans les chaînes d’approvisionnement mondiales : L’Afrique recèle un potentiel en or
Par l’intermédiaire de ses matières premières, l'Afrique peut non seulement contribuer à la transition énergétique, mais aussi renforcer ses chaînes de valeur.

L’Afrique recèle un potentiel en or en termes d’intégration dans les chaînes d'approvisionnement mondiales. Le continent, qui peut s’enorgueillir d’importantes réserves de matières premières ayant leur utilité dans les secteurs de l’énergie, de l’automobile et de l’électronique, peut ainsi contribuer à la diversification des chaînes d’approvisionnement mondiales et au renforcement de leur résilience, en devenant une nouvelle région d’approvisionnement pour les entreprises et les secteurs qui souhaitent étendre leur réseau de fournisseurs. L’analyse est de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) dans un rapport intitulé «Les chaînes d'approvisionnement mondiales à forte intensité technologique : le potentiel de l'Afrique».

>> Lire aussi : Les clés du développement économique de l'Afrique 

Pour les experts de cette instance onusienne, à l’heure où les entreprises multinationales cherchent à se doter de chaînes d’approvisionnement qui se déploient sur plusieurs régions, les pays africains pourraient fournir des ressources minérales de haute technologie selon des circuits plus courts et plus simples et, par la même occasion, instaurer des conditions propices au développement régulier de certains secteurs sur leur territoire. Pour que leurs industries prospèrent et que leurs entreprises soient mieux capables de concevoir, d’acheter ou de fabriquer des pièces et composants qui jouent un rôle essentiel dans les chaînes d’approvisionnement mondiales à forte intensité technologique, les pays du continent doivent bénéficier de dispositions plus équitables dans les accords entre État et investisseurs, en particulier lorsque ceux-ci concernent des minéraux et métaux critiques qui sont utilisés dans la fabrication de produits de pointe.

Chaînes d'approvisionnement mondiales : L’Afrique, un gros réservoir de métaux

Les crises récentes ont montré que les pays africains dont l’économie est peu diversifiée restent vulnérables. En raison des effets persistants de la crise de la Covid-19, aggravés par l’inflation due à la guerre en Ukraine, le taux de croissance de l’Afrique a reculé de 0,8 point de pourcentage entre 2021 et 2022, passant de 4,5 à 3,7%. En intégrant des chaînes d’approvisionnement et en diversifiant ainsi leurs activités, les pays africains se doteraient d’une économie plus résiliente face aux chocs. L’avantage comparatif de l’Afrique est analysé au regard de trois étapes de la chaîne d’approvisionnement, à savoir les achats, la production et la distribution (y compris la demande des consommateurs). Dans les achats, l’adaptation de l’économie mondiale aux changements climatiques suppose que les procédés de production évoluent et fassent appel à de nouveaux intrants. Cela devrait profiter aux technologies sobres en carbone et entraîner une hausse de la demande des métaux qui présentent un intérêt pour la transition énergétique et la mobilité verte, comme l’aluminium, le cobalt, le cuivre, le lithium et le manganèse.

Ces métaux, en particulier ceux qui sont nécessaires à la transition énergétique, sont présents en abondance sur le continent africain. Dans son rapport, la Cnuced recense 48,1% des réserves mondiales de cobalt et 47,6% des réserves mondiales de manganèse en Afrique. On y trouve aussi d’autres métaux et minéraux déterminants pour la transition énergétique, dont l’argent, le chrome, le graphite naturel, le lithium, le nickel, le niobium, le tellure et le titane. «L’Afrique pourrait donc devenir l’un des fournisseurs de matières premières des chaînes d’approvisionnement mondiales», souligne le rapport. Par l’intermédiaire de ses matières premières, le continent peut non seulement contribuer à la transition énergétique, mais aussi renforcer ses chaînes de valeur, si elle veille à ce que ces matières premières soient transformées en biens intermédiaires sur son territoire. En 2022, le Congo était le premier pays africain producteur de cuivre (1,8 million de tonnes). Cependant, au-delà des activités d’exploration et d’extraction, elle pourrait accueillir des activités d’affinage, dont les produits seraient moins coûteux à transporter que le minerai brut, volumineux et de faible valeur.

Production : l’efficacité viendra des technologies

S’agissant de la production, les économistes de la Cnuced affirment que le coût est un facteur déterminant lorsqu’il est question de l’intégration de l’Afrique dans les chaînes d’approvisionnement mondiales et de la possibilité pour des entreprises d’installer toute leur activité de production dans la région. «Il est notamment important qu’un équilibre soit trouvé entre le coût de la production et les coûts de transport et de distribution, qui sont liés à la distance», recommandent les experts de l’organisation onusienne. Il ressort de l’analyse des facteurs de production (capital, travail, capital humain et productivité totale des facteurs) que le capital est le principal moteur de croissance de la production depuis 2003. Le travail arrive en deuxième position, devant le capital humain, dont la contribution est restée globalement inchangée.

Au cours de la même période, la part de la productivité totale des facteurs dans la croissance de la production a été plus que médiocre, voire a diminué dans certains cas, ce qui est le signe d’un manque de productivité et d’une sous-utilisation de la technologie. Conséquence, même s’ils disposent d’une main-d’œuvre importante, les pays africains devraient prendre des mesures afin que les travailleurs développent leurs compétences et soient capables d’innover et d’utiliser les technologies, à la fois dans le cadre du processus de production et dans la chaîne d’approvisionnement en général. Ce qui aura la vertu d’influer favorablement sur les salaires et sur le revenu. En outre, une analyse de la productivité montre qu’une redistribution intra-sectorielle et intersectorielle des ressources n’a pas toujours été suffisante dans les pays africains considérés. Il serait donc bon, selon la Cnuced, que des mesures soient prises pour inviter à une répartition efficiente des facteurs de production.

Distribution : investir davantage dans les infrastructures en Afrique

La distribution est peut-être l’étape la plus prolifique et la plus dynamique d’une chaîne d’approvisionnement. Aux yeux de la Cnuced, son aspect logistique joue un rôle important dans les achats d'intrants et la production. En 2018, la note des pays africains sur l’Indice de performance logistique, créé par la Banque mondiale et allant de 1 (note la plus basse) à 5 (note la plus haute), était de 2,46, alors que la moyenne mondiale s’établissait à 2,87. Elle n’était guère plus élevée que celles qui avaient été obtenues par le passé et récompensait surtout le respect des délais et les activités de suivi et de localisation. Ce qui indiquait une augmentation des investissements dans les infrastructures des technologies de l’information et des communications telles que les téléphones mobiles et Internet. «Certes, il est important que les pays africains investissent dans des infrastructures de ce type, mais il est impératif qu’ils continuent d’investir dans des infrastructures de nature à réduire les coûts logistiques», suggèrent les auteurs du rapport.

Or pour ce qui est des infrastructures matérielles, notamment des infrastructures portuaires, routières et ferroviaires, les investissements sont à la traîne. Dans le cas des ports, les pays investissent «au besoin». Ce qui constitue un facteur d’inefficacité. Selon les données de l’organisme onusien, l’Afrique compte moins de 70 ports opérationnels, dont nombre sont mal équipés et peu rentables, et dans lesquels les retards sont en moyenne deux à trois fois plus longs que dans le reste du monde. Les pays africains auraient donc tout intérêt à encourager les investisseurs, y compris privés, à investir dans les infrastructures matérielles s’ils veulent acquérir l’efficience et les capacités qui leur assureront des gains de valeur plus importants pour leurs activités commerciales et leur participation aux chaînes d’approvisionnement.

Des chaînes d’approvisionnement plus vertes pour réduire l’empreinte carbone

L’Afrique présente plusieurs atouts pour rendre les chaînes d’approvisionnement plus vertes et réduire l’empreinte carbone des entreprises, aux étapes de la production et de la distribution. Par exemple, elle pourrait fournir de l’hydrogène vert, qui permettrait de décarboniser les chaînes d’approvisionnement et de limiter les émissions de gaz à effet de serre des entreprises. À cet égard, il convient de noter que les entreprises peuvent réduire sensiblement leurs émissions en optant pour des intrants à plus faible teneur en carbone ou en délocalisant leurs activités énergivores, comme leurs activités sidérurgiques et chimiques, vers des pays où l’électricité est peu coûteuse et produite à partir de sources d’énergie renouvelable et d’hydrogène vert.

Un autre atout, qui plaide pour l’intégration de l’Afrique dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, tient aux réserves d’énergie renouvelable du continent, grâce auxquelles il sera possible de faire baisser les coûts de production et de limiter la dépendance à l’égard des énergies fossiles. Le continent possède, par exemple, un potentiel d’énergie solaire parmi les plus importants et les moins exploités de la planète. Elle pourrait donc être un membre de choix de la chaîne d’approvisionnement en hélio-électricité. Ce qui contribuerait au développement des technologies des énergies renouvelables sur son territoire et à son intégration dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.

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