23 Mars 2023 À 18:09
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Après la révolution industrielle, le monde fait face à celle du digital incarnée par l’intelligence artificielle, dont fait partie ChatGPT. Nos modes de consommation et d’apprentissage sont bouleversés par ce programme informatique conçu pour comprendre et générer du langage naturel en réponse aux requêtes des utilisateurs. «Nous sommes dans une nouvelle rupture, dans la continuité», constate Abdellatif Miraoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation. Ce nouvel outil, créé par Open IA, a été au centre de la conférence-débat intitulée «La révolution ChatGPT, impact sur le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique», organisée mercredi 22 mars par la Faculté des sciences et techniques de l’Université Sultan Moulay Slimane de Béni Mellal. Il est important de noter que ChatGPT, utilisable dans tous les domaines, a connu un succès massif en un temps record. En effet, il a été utilisé par un million de personnes en seulement cinq jours, alors que ce stade n’a été atteint par Netflix qu’en un an et demi, par Facebook qu’en dix mois et par Instagram qu’en 2 mois et demi.
Tous les intervenants de cette conférence en conviennent : il est temps de faire face aux évolutions de nos sociétés dans tous les secteurs. «L’IA et la big data transforment significativement le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique», relève Mustapha Aboumaarouf, président de l’Université Sultan Moulay Slimane de Béni Mellal. «Nous vivons dans une époque où la technologie évolue à un rythme effréné et l’éducation doit suivre», alerte Salim M. Almalik, directeur général de l’Organisation du monde islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (Icesco). Ce point de vue est partagé par Abid Kabadi, juriste spécialiste des droits d’auteur et de la propriété intellectuelle : «Rien n’arrêtera ce phénomène. Désormais, il faut vivre avec.»
L’ambition est toujours au rendez-vous pour le Maroc qui veut «devenir un leader en informatique quantique et en IA, grâce à sa matière grise», prédit Mostapha Mellouk, fondateur directeur associé de Global Media Africa et modérateur de la conférence-débat. Dans ce cadre-là, «les universités doivent jouer un rôle d’éclaireur et de précurseur», estime le ministre de l’Enseignement supérieur. En effet, elles ont un atout-clé : le capital humain. Ce dernier est à développer en tant que levier de puissance et de compétitivité à l’international. Le ministre de l’Enseignement supérieur donne la directive : «On doit former ce capital humain si précieux pour prendre nos parts dans ce domaine.» En outre, ces transformations des modes d’apprentissage permettraient de «se replacer, se repositionner et se focaliser sur l’essentiel, c’est-à-dire apprendre à apprendre, construire l’intelligence humaine et créer un citoyen pensant», note Mouhsine Lakhdissi, fondateur d’Agridata Consulting.
Ces opportunités qui peuvent sembler abstraites se perçoivent au quotidien par des utilisations concrètes de ChatGPT, non seulement par les enseignants, mais également par les étudiants. L’objectif est d’être plus performant et efficace. Pour ce faire, il est important de changer les paradigmes et les apprentissages, affirme M. Miraoui. Concrètement, les enseignants peuvent utiliser ChatGPT pour économiser du temps en créant, entre autres, un plan de cours ou en proposant des évaluations. Il permet également de fournir du contenu éducatif de haute qualité et adapté aux besoins des étudiants, dont ceux en difficulté, explique Najlae Idrissi, chef du département Informatique de la Faculté des sciences et techniques de Béni Mellal.
Les étudiants ont, eux aussi, des avantages à tirer de ce programme qui peut répondre rapidement à leurs questions, renforcer leur compréhension des concepts clés et développer leurs compétences de rédaction, illustre Hajar Mousannif, professeure au département informatique à la Faculté des sciences Semlalia de l’Université Cadi Ayyad. ChatGPT peut aussi jouer un rôle d’assistant en proposant des exemples de titres ou même d’articles.
Cependant, ce nouvel outil révolutionnaire comporte de nombreuses menaces au niveau de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. À noter les menaces existent dans de plus larges domaines (disparition de métiers, question de souveraineté, dépenses énergétiques, etc.).r>D’une part, il ne faut pas faire un usage abusif de cet outil. «Cette révolution ne doit pas se faire au détriment de la qualité de l’enseignement, de la recherche et des interactions humaines, ni de l’éthique et de la déontologie», s’inquiète Mustapha Aboumaarouf. C’est pourquoi, des normes strictes et éthiques doivent être établies par rapport, entre autres, au plagiat et à la transparence de l’utilisation. Une utilisation éthique et responsable doit ainsi être garantie. «De nombreuses intelligences humaines passent dans les machines, maintenant, il faut réfléchir à comment les utiliser à notre avantage», questionne Nabil Haffad, fondateur d’Archipel Digital.r>D’autre part, d’un point de vue technique, ChatGPT est limité : temps de réponse long, erreurs et réponses biaisées, connaissances spécifiques limitées, données antérieures à 2021, etc.
r>Margaux Nourry (Journaliste stagiaire)
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