28 Mai 2023 À 10:59
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La Banque africaine de développement (BAD) appelle à libérer le potentiel du secteur privé dans les investissements climatiques au Maroc. Le financement de la transition verte dans le Royaume reste fortement dominé par des acteurs publics, à l’instar du reste du continent alors que la situation budgétaire des pays africains n’a cessé de se détériorer ces derniers temps, du fait de plusieurs chocs.
Selon la BAD, le financement cumulé nécessaire pour le Maroc afin de répondre de manière adéquate au changement climatique est estimé à 93,91 milliards de dollars sur la période 2020-2030. Les coûts de l’adaptation sont estimés à 40 milliards et les coûts d’atténuation à 38,8 milliards (tels que prévus dans le cadre de sa contribution déterminée nationale liée à l’Accord de Paris). S’ajoutent les coûts des dommages qui s’élèvent à 15,1 milliards de dollars.
L’investissement privé a été substantiel : 17% du financement climatique en 2019–2020, principalement dans des projets d’adaptation tels que les énergies renouvelables. «La plupart des projets d’adaptation au changement climatique ont été soutenus par des fonds publics, car l’investissement privé dans l’adaptation se heurte à des obstacles tels que l’estimation des coûts, les attentes de rendements et les risques, ainsi que la classification actuelle des mesures d’adaptation, trop étroite», estiment les experts de la Banque africaine de développement. «Pour libérer le potentiel des acteurs privés dans des projets tels que le dessalement de l’eau de mer, l’agriculture intelligente face au climat et l’assurance, le pays pourrait adopter une classification nationale verte plus large et un système public de réduction des risques», préconisent-ils. En outre, le financement privé pourrait ancrer davantage la croissance verte en utilisant le capital naturel.
Le Maroc figure dans le Top 10 des pays les plus riches en Afrique en capital naturel (neuvième en capital renouvelable et septième en ressources non renouvelables). À l’échelle du continent, les besoins cumulés de l’Afrique en financement climatique sont estimés à 2.700 milliards de dollars entre 2020 et 2030. Or les ressources de financement climatique ne parviennent à l’Afrique qu’au compte-gouttes.
«L’Afrique ne reçoit que 3% du financement climatique mondial, dont 14% proviennent du secteur privé, ce qui est le taux le plus bas au monde», regrette le président de la banque, Akinwumi Adesina. Par ailleurs, en termes de perspectives économiques, la BAD table sur une croissance moyenne de 3,3% en 2023 et 3,5% en 2024 pour le Maroc, soit le triple par rapport à 2022 (1,1%), reflétant l’atténuation des effets du précédent choc de l’offre sur l’économie et d’une reprise de l’agriculture. La croissance du PIB hors agriculture devrait rester modeste, à 2,7% en 2023 en raison du ralentissement économique mondial attendu.
L’inflation, elle, ralentirait à 5,4% cette année grâce à une production agricole plus élevée. «Cependant, la banque centrale pourrait encore relever son taux directeur», estime la BAD. Le déficit budgétaire devrait diminuer, «quoique lentement», grâce aux réformes en cours de la Sécurité sociale. Le déficit de la balance courante devrait, lui, baisser à 4,4%, en raison de la baisse attendue des prix de l’énergie en 2023. En termes de risques qui pèseraient sur la croissance, la BAD cite les faibles précipitations qui pourraient affecter la production agricole ainsi que le taux de remplissage des barrages. Si le ralentissement attendu dans l’Union européenne s’avérait plus fort que prévu, cela pourrait entraver les exportations. De même, une envolée des prix des produits alimentaires et non alimentaires entraînerait des tensions inflationnistes et une détérioration de la situation budgétaire.
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