Économie

Croissance de l'économie marocaine : La Banque mondiale table sur 3,1% en 2023

La Banque mondiale revoit, à son tour, à la baisse ses prévisions de croissance économique en 2023 pour le Maroc, tablant sur 3,1% contre 3,5% avancé en janvier dernier. Ce nouveau pronostic reste, toutefois, nettement supérieur à la croissance estimée en 2022 (2,1%) et se situe à un niveau honorable dans un contexte difficile. Cette prévision repose notamment sur un rebond du secteur primaire, avec une hausse du PIB agricole de 9%, après -15,1% en 2022. En revanche, le PIB non agricole devrait ralentir de 3,2% en 2022 à 2,5% cette année.

14 Février 2023 À 18:57

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La Banque mondiale se joint aux institutions qui ont revu à la baisse leurs prévisions de croissance économique en 2023 pour le Maroc, mais son pronostic reste nettement supérieur à la croissance estimée en 2022 et se situe à un niveau honorable dans un contexte difficile. L’institution de Bretton Woods table, en effet, sur une accélération de la croissance du PIB marocain pour atteindre 3,1% en 2023 (contre 3,5% avancés en janvier dernier). Cette prévision est également supérieure à celles de Bank Al-Maghrib (3%) et du FMI (3%). Elle est, toutefois, moins optimiste que les prévisions de l’Organisation des Nations unies (3,6%) et du gouvernement (4%). La prévision de la Banque mondiale a été dévoilée mardi à Rabat, lors d’une rencontre virtuelle sur les conclusions du nouveau Rapport de suivi de la situation économique au Maroc. Cette accélération de la croissance économique attendue cette année est attribuée surtout à un rebond du secteur primaire, selon la Banque mondiale qui table sur une hausse du PIB agricole de 9%, après -15,1% en 2022. En revanche, le PIB non agricole devrait ralentir, selon la BM, de 3,2% en 2022 à 2,5% cette année. Cette reprise fait suite à un net ralentissement de la croissance économique en 2022. En effet, selon le rapport, la croissance réelle du PIB a chuté, passant de 7,9% en 2021 à 1,2% en 2022 (estimation). Le rapport de la BM intitulé «Le Maroc face aux chocs d’offres» relève qu’après un «fort rebond post-COVID-19, l’économie marocaine a subi la pression croissante de chocs d’offres se chevauchant : une grave sécheresse couplée à la flambée des prix des matières premières qui ont nourri l’inflation».

Inflexion de l'inflation à 4%

L'amélioration de la situation économique au Maroc attendue cette année par rapport à 2022 devra concerner également l’inflation, le déficit du compte courant, le déficit budgétaire, la dette du Trésor. Ainsi, les économistes de la Banque mondiale s’attendent à un repli de l’inflation de 6,6% en 2022 à 4% cette année. De même, le déficit du compte courant passerait de 4,1 à 3,7% entre les deux années considérées et le déficit budgétaire de 5,1% à 4,6%. La dette du Trésor reculerait légèrement à 69% du PIB au lieu de 69,2% en 2022.

L’inflation continue d’impacter plus les ménages modestes et vulnérables

Les responsables de la Banque mondiale ont consacré une bonne partie de leurs interventions à l’évolution de l’inflation. Ils relèvent que, comme dans une grande partie du monde, la guerre en Ukraine, conjuguée à la réorganisation des chaînes d’approvisionnement mondiales, a favorisé une forte augmentation du taux d’inflation. Ce qui s’est traduit au Maroc par un pic de 8,3% de l’inflation à la fin 2022. Ils ont souligné l’importance des mesures prises par le Royaume pour atténuer les répercussions de la hausse des prix des aliments et de l’énergie sur les ménages, dont principalement l’octroi de subventions générales sur certains produits de première nécessité et le maintien des prix réglementés préexistants. Cette approche a permis de stabiliser les prix des biens et des services qui absorbent près d’un quart des dépenses moyennes des ménages, évitant ainsi une augmentation plus prononcée de la pauvreté, note Javier Diaz Cassou, économiste senior principal à la Banque mondiale, au Maroc. Ce qui aura nécessité la mobilisation de dépenses publiques supplémentaires, correspondant à presque 2% du PIB, poursuit-il. Toutefois, nuance-t-il, malgré ces mesures, la montée de l’inflation des prix alimentaires et autres prix continue d’impacter plus les ménages modestes et vulnérables. Les calculs présentés dans le rapport montrent que l’inflation annuelle a été pratiquement 30% plus élevée pour les 10% les plus pauvres de la population, par rapport aux 10% les plus riches, principalement en raison de l’impact de la hausse des prix alimentaires qui représentent une part plus importante de dépenses chez les ménages les plus pauvres.

La réforme de la protection sociale saluée

Les responsables de l’institution de Bretton Woods ont, par ailleurs, salué le Maroc pour «la grande réforme de la protection sociale envisagée» et qui se traduira par le ciblage des aides publiques aux ménages modestes et vulnérables. «Les mesures récentes visant à contrer les chocs d’offres et à préserver le pouvoir d’achat des ménages marocains ont atténué l’impact dans une large mesure, et empêché que davantage de personnes ne tombent dans la pauvreté, affirme Jesko Hentschel, Directeur Pays de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte. Le déploiement prévu du système d’allocations familiales permettra au Maroc de cibler efficacement la population vulnérable de manière rentable et équitable afin de faire face aux hausses de prix d’une telle ampleur. ». Les responsables de la Banque mondiale ont aussi évalué la réponse monétaire apportée par le Maroc aux pressions inflationnistes. Ils notent que face à la situation économique actuelle, «la Banque centrale du Maroc a opté pour la prudence» en relevant deux fois ses taux d’intérêt depuis septembre 2022, de 100 points de base au total. Ils affirment, toutefois, qu’à l’avenir, «la réponse optimale» du Maroc en matière de politique monétaire dépendra de la persistance de la pression sur les prix et de l’évolution des prévisions sur l’inflation. «Dans un contexte aussi complexe, les autorités pourraient envisager de compléter les mesures anti-inflationnistes en introduisant des politiques structurelles visant à assouplir les contraintes d’offre», soulignent les économistes de la BM. Ces mesures pourraient inclure, illustrent-ils, «des initiatives ou des actions permettant de remédier aux goulots d’étranglement existants dans les marchés alimentaires, où l’écart important entre les prix à la production et les prix de détail ne se justifient pas toujours par la valeur ajoutée créée dans la chaîne d’approvisionnement».

 

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