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L’économie marocaine réaliserait une croissance de 3,6% en 2023 (ONU)

L’économie marocaine réaliserait une croissance de 3,6% en 2023 (ONU)

La valse des prévisions de la croissance économique au Maroc se poursuit. La dernière en date émane de l’Organisation des Nations unies qui table sur une évolution du PIB marocain de 3,6%, soit la prévision la plus optimiste, après celle du gouvernement (4%). Elle est, en effet, supérieure aux prévisions de la Banque mondiale (3,5%), du Haut-Commissariat au Plan (3,3%), de Bank Al-Maghrib (3%) et du Fonds monétaire international (3%). Ce niveau de croissance pronostiqué par l’ONU devra être maintenu en 2024 (3,5%). En ce qui concerne l’inflation, l’Organisation qui a publié son rapport sur la situation et les perspectives de l’économie mondiale en 2023, s’attend à un taux de 5% cette année et 3,9% en 2024 au Maroc.

Au niveau mondial, la croissance économique devrait ralentir, passant d’un taux estimé à 3% en 2022 à 1,9% en 2023, soit l’un des taux de croissance les plus faibles de ces dernières décennies, d’après les prévisions de l’ONU. La croissance mondiale enregistrerait une reprise modérée pour se situer à 2,7% en 2024, «lorsque certaines tendances négatives commenceront à s’atténuer», notent les économistes de l’ONU. Cependant, nuancent-ils, cette reprise sera «fortement tributaire du rythme et de la succession des nouveaux durcissements monétaires, de l’évolution et des conséquences de la guerre en Ukraine ainsi que de possibles nouvelles perturbations de la chaîne d’approvisionnement».

Cette «morosité» des perspectives économiques mondiales menace également la réalisation des 17 Objectifs de développement durable (ODD), alors que le sommet de 2023 sur les ODD, en septembre, marquera la moitié du parcours de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. «L’heure n’est ni à la réflexion à court terme, ni à l’austérité budgétaire irréfléchie qui exacerbe les inégalités, accroît les souffrances et risque de compromettre la réalisation des objectifs de développement durable. Nous vivons une époque sans précédent, qui requiert une action sans précédent», a déclaré António Guterres, secrétaire général de l’ONU à l’occasion de la publication de ce rapport. «Cette action comprend un ensemble de mesures porteuses de transformations en faveur des ODD, générées par les efforts collectifs et concertés de toutes les parties prenantes», a-t-il ajouté.

L’inflation mondiale s’apaiserait, mais resterait à un taux élevé de 6,5% en 2023

«Dans un contexte de forte inflation, de durcissement monétaire agressif et d’incertitudes accrues, le marasme actuel a ralenti la reprise économique après la crise de la Covid-19, faisant planer sur plusieurs pays (développés et en développement) un risque de récession en 2023», alertent les auteurs du rapport. Ainsi, illustrent-ils, la dynamique de croissance s’est «considérablement» affaiblie aux États-Unis, dans l’Union européenne et dans d’autres économies développées en 2022, ce qui a eu des répercussions négatives sur le reste de l’économie mondiale.

Ils relèvent que le durcissement des conditions financières mondiales, associé à un dollar fort, a aggravé la vulnérabilité budgétaire et la vulnérabilité face à la dette dans les pays en développement. En fait, notent-ils, depuis la fin de l’année 2021, plus de 85% des Banques centrales ont durci leur politique monétaire et relevé leurs taux d’intérêt, en succession rapide, afin de maîtriser les pressions inflationnistes et d’éviter la récession.

Dans ce contexte, l’inflation mondiale, qui a atteint son niveau le plus élevé depuis plusieurs décennies, à environ 9% en 2022, devrait reculer, mais resterait à un taux élevé de 6,5% en 2023.

La reprise de l’emploi s’affaiblit et la pauvreté augmente

«La plupart des pays en développement ont connu une reprise de l’emploi relativement lente en 2022 et restent confrontés à une forte pénurie d’emplois», note l’ONU. Les pertes disproportionnées en matière d’emploi qu’ont connu les femmes au cours de la phase initiale de la pandémie n’ont pas été entièrement compensées, les améliorations provenant principalement d’une reprise des emplois informels.

Le rapport note que le ralentissement de la croissance, conjugué à une inflation élevée et à une vulnérabilité croissante face à la dette, risque de compromettre encore davantage les résultats durement acquis en matière de développement durable et d’aggraver les effets néfastes des crises actuelles. En 2022, déjà, le nombre de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë avait plus que doublé par rapport à 2019, s’élevant à près de 350 millions.

Une période prolongée de faiblesse économique et de ralentissement de la croissance des revenus n’entraverait pas seulement les efforts d’éradication de la pauvreté, mais elle limiterait aussi la capacité des pays à investir plus largement dans les Objectifs de développement durable, souligne l’ONU.

L’impératif de renforcer la coopération internationale

Face à cette situation, l’ONU appelle les gouvernements à éviter de mettre en place une austérité budgétaire qui étoufferait la croissance et nuirait démesurément aux groupes les plus vulnérables, compromettrait les progrès en matière d’égalité des genres et entraverait les perspectives de développement intergénérationnelles. Elle leur recommande plutôt de réaffecter les dépenses publiques et d’en redéfinir les priorités grâce à des interventions stratégiques directes qui créeront des emplois et relanceront la croissance.

Pour ce faire, il leur suggère de renforcer les systèmes de protection sociale en continuant à les épauler au moyen de subventions ciblées et temporaires, de transferts en espèces et de réductions sur les factures des services publics, qu’il serait possible de compléter par des réductions des taxes à la consommation ou des droits de douane. «Les investissements publics stratégiques dans l’éducation, la santé, les infrastructures numériques, les nouvelles technologies et l’atténuation des changements climatiques ainsi que l’adaptation à ces derniers peuvent offrir d’importants rendements sociaux, accélérer la croissance de la productivité et renforcer la résilience aux chocs économiques, sociaux et environnementaux», souligne le rapport. Les besoins supplémentaires de financement des ODD dans les pays en développement varient selon les sources, mais sont estimés à quelques milliers de milliards de dollars par an, relève-t-il. De ce fait, l’ONU estime qu’il est «nécessaire et urgent de renforcer les engagements internationaux pour élargir l’accès à l’aide financière d’urgence, pour restructurer et réduire le fardeau de la dette dans les pays en développement et pour accroître le financement des Objectifs de développement durable».

 

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