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Croissance, réformes, pénurie d'eau... le diagnostic du FMI pour le Maroc

Le Fonds monétaire international pronostique une croissance de 3% pour le Maroc en 2023 et 1,25% pour cette année. L’institution de Bretton Woods est donc moins optimiste que le gouvernement Akhannouch qui table sur une hausse du PIB de 4% l’année prochaine et 1,5% pour 2022. Le Fonds qui a achevé, le 4 novembre, la mission de consultation 2022 au titre de l’article IV avec le Maroc estime qu’un retour de l'inflation à près de 2% d'ici 2024 dans le Royaume pourrait nécessiter de nouvelles hausses du taux directeur, afin d'ancrer davantage les anticipations d'inflation.

Croissance, réformes, pénurie d'eau... le diagnostic du FMI pour le Maroc
Pour l’équipe du FMI, des progrès « significatifs » ont été réalisés dans l'extension de la protection sociale, bien qu'une grande partie des travailleurs indépendants n'aient pas encore rejoint le nouveau système contributif de soins de santé et de retraite. Ph : MAP

Le Fonds monétaire international (FMI) table sur une accélération de la croissance au Maroc en 2023. Celle-ci devrait ainsi s’établir à 3%, selon l'hypothèse d'une amélioration progressive des conditions extérieures et d'une saison agricole moyenne. Pour l’ensemble de l’année 2022, le Fonds pronostique une croissance de 1,25%. Ces prévisions sont donc moins optimistes que celles de l’Exécutif Akhannouch qui table dans le cadre de son projet de Budget sur une croissance de 4% l’année prochaine et 1,5% pour l’exercice en cours.

Les services du FMI, qui ont achevé, le 4 novembre, leur mission de consultation 2022 au titre de l’article IV avec le Maroc, indiquent que l'économie nationale a connu une confluence de chocs négatifs cette année. Résultats : un freinage du rebond rapide observé après la pandémie de la Covid-19. Ainsi, la sécheresse a négativement affecté la production agricole, tandis que les chocs des termes de l'échange liés à la guerre en Ukraine ont davantage alimenté l'inflation et réduit le pouvoir d'achat. La reprise du secteur du tourisme et la résilience des envois de fonds des migrants et des exportations ont partiellement compensé ces chocs négatifs. Le déficit du compte courant devrait du coup s’enfoncer pour atteindre environ 4,25% du PIB. En 2023, cet indicateur se situerait aux alentours de 3,5% du PIB. «Mais de fortes incertitudes planent sur ces perspectives», nuance Roberto Cardarelli, qui dirige l’équipe chargée de la mission du FMI au Maroc, le 4 novembre à Rabat, lors d’un point de presse.

Taux directeur : de nouvelles hausses envisageables

Selon Cardarelli, bien qu’étant causées par des chocs mondiaux sur l'offre et les prix des matières premières, les pressions inflationnistes se sont généralisées au cours de cette année. Conséquence : Bank Al-Maghrib a procédé de manière «appropriée» à un resserrement monétaire en septembre dernier, rappelle-t-il. «Alors que nous nous attendions à ce que l'inflation commence à baisser l'année prochaine, sous l'effet de la baisse prévue des prix mondiaux des matières premières, assurer un retour de l'inflation à près de 2% d'ici 2024 pourrait nécessiter de nouvelles hausses des taux directeurs, afin d'ancrer davantage les anticipations d'inflation», souligne le responsable.

Au sujet du projet de Budget 2023, l’équipe du Fonds salue la décision du gouvernement de publier sa programmation budgétaire triennale dans ce projet de texte qui prévoit une réduction continue du déficit budgétaire pour se rapprocher des niveaux d’avant-crise. «Le projet de loi de Finances 2023 se concentre également, à juste titre, sur l'atténuation de l'impact des chocs récents et sur le financement des réformes indispensables dans les systèmes de protection sociale, de santé et d'éducation», souligne Cardarelli.

Accélérer les réformes structurelles : encore et toujours !

De même, les modifications apportées à l'impôt sur les sociétés (IS) et à l'impôt sur le revenu (IR) des personnes physiques devraient réduire la charge fiscale pesant sur les petites et moyennes entreprises et sur les salariés, tout en augmentant la progressivité globale du système fiscal et en élargissant son assiette. Par ailleurs, ajoute le responsable, les réformes annoncées de la TVA, de la fonction publique et du secteur des établissements et entreprises publics, la poursuite du renforcement de l'administration fiscale et de la rationalisation des dépenses, en plus de l’amélioration du ciblage de la compensation grâce à l'introduction du Registre social unifié, devraient créer davantage de marges budgétaires et permettre une réduction plus rapide de la dette publique à moyen terme. «Le renforcement de la résilience de l'économie marocaine dans un contexte de marges de manœuvre budgétaire et monétaire limitées et d'incertitude exceptionnelle appelle à l’accélération de la mise en œuvre des réformes structurelles», suggère l’équipe du FMI.

«Beaucoup reste à faire» pour remédier à la raréfaction des ressources en eau

Selon son appréciation, des progrès «significatifs» ont été réalisés dans l'extension de la protection sociale, bien qu'une grande partie des travailleurs indépendants n'aient pas encore rejoint le nouveau système contributif de soins de santé et de retraite. Pour la mission du Fonds, des réformes profondes des systèmes de santé et d'éducation devraient améliorer l'accès, l'efficacité et la qualité des services. Les récentes mesures de réforme des entreprises publiques, ainsi que l'opérationnalisation du Fonds Mohammed VI pour l'investissement et la mise en œuvre de la nouvelle Charte de l'investissement devraient, selon Cardarelli, contribuer à stimuler l'investissement privé. En outre, conclut-il, les progrès réalisés dans la libéralisation du marché de l'électricité accéléreraient la transition vers les énergies renouvelables, tandis que «beaucoup reste à faire» afin de remédier à la raréfaction des ressources en eau.

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