03 Mai 2023 À 17:05
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L’intelligence artificielle (IA) fait son entrée dans nos vies et celles des entreprises. Ses usages se multiplient de jour en jour portés par des solutions tout aussi innovantes les unes que les autres. La majorité de ces solutions sont l’œuvre de jeunes entrepreneurs qui osent franchir le pas. En plus de la hausse du nombre de startups spécialisées sur ce créneau, on note également l’engouement croissant des investisseurs en la matière. Certes, au Maroc on ne dispose pas de statistique ou de mapping des startups tech, mais de nombreux experts s’accordent à dire que leur nombre est en nette croissance. «Nos jeunes entrepreneurs sont friands de technologies digitales. On observe le développement de «startups tech» quotidiennement qui innovent en matière d’usage dans tous les domaines de la vie économique. Mais, on observe aussi l’engouement d’autres jeunes entrepreneurs moins tech à utiliser la technologie digitale dans le développement de leur business, comme le marketing digital qui prend une plus grande ampleur», indique Nasser Kettani, entrepreneur, membre du bureau de la Fédération des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring (Apebi).
Le premier domaine reste le e-commerce. Mais les startups marocaines se développent également ailleurs comme dans la santé (HealthTech), l’agriculture (AgriTech), la finance (FinTech), ou encore l’éducation (EdTech). Toutefois, comme le souligne M. Kettani, «le système réglementaire n’aide pas les startups dans ces secteurs qui subissent des réglementations très contraignantes. Nous devons absolument innover en matière réglementaire pour aider lever des barrières au développement de notre industrie tech».r>À noter également la grande révolution provoquée par ChatGPT qui a révélé au monde à quel point l’IA va être la révolution technologique clé de ces prochaines années. Ainsi, les usages sont appelés à se démultiplier rapidement dans différents secteurs. Une belle opportunité pour les jeunes entrepreneurs qui travaillent dans ce domaine.
Le monde de l’intelligence artificielle impose une intense concurrence mondiale qui oblige à aller encore plus vite pour rester dans la course. Mais si les jeunes entrepreneurs ont des idées innovantes, il faut un écosystème agile qui va assurer l’aboutissement de ces projets dans les meilleures conditions et, surtout, délais. Pour Zakaria Fahim, entrepreneur IT & fondateur du Hub Innovation Nokturn, les entrepreneurs doivent porter la révolution IT made in Morocco. «Plus qu’un choix, c’est une nécessité ! Nous devons développer un système d’intelligence artificielle pour chaque industrie. La première raison est d’ordre sécuritaire. La data de notre industrie doit rester au Maroc. C’est une conviction pour moi», affirme-t-il.
Selon lui, l’écosystème entrepreneurial marocain a progressé. On parle aujourd’hui de pôles d’expertises : Agritech avec notamment l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), Fintech avec un certain nombre d’incubateurs installés surtout à Casablanca… Toutefois, quelques failles subsistent. «Je cite en particulier le système d’incubation qui de manière générale dure 6 mois avant d’arriver à l’étape de présentation du projet, la recherche du financement et son octroi qui souvent se fait sur des tranches. Ce processus pour un startupper est long et peu agile. C’est en contradiction justement avec l’agilité très sollicitée dans le domaine des IT. À cela s’ajoute le problème lié à l’accompagnement. À mon avis, il faut inclure une étape pré-accompagnement pour installer le mindset d’entrepreneurs et créer un pont entre cette passion d’un étudiant à créer son entreprise et le monde réel de l’entrepreneuriat avec le vrai esprit d’entreprendre», explique le jeune entrepreneur.
Même son de cloche chez Chaimae Baj, responsable Relations publiques chez Brando-Digital Marketing Agency, qui estime que les différents acteurs de cet écosystème entrepreneurial doivent communiquer entre eux pour faire avancer les choses vers davantage d’agilité.
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E-commerce, HealthTech, AgriTech, FinTech, EdTech… les jeunes investissent le domaine de l’industrie numérique, mais restent bloqués par une réglementation assez rigide qui a grandement besoin d’être mise à jour. Nasser Kettani, entrepreneur, membre du bureau de l’Apebi et consultant en transformation digitale, appelle également au soutien à l’investissement et à la R&D pour accélérer le développement de solutions digitales marocaines prêtes à rivaliser avec le reste du monde.
Le Matin : Avec le grand succès de ChatGPT au niveau mondial, y a-t-il un engouement pour l’intelligence artificielle au sein de l’écosystème digital au Maroc ?r>Nasser Kettani : L’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) au sein de l’écosystème digital au Maroc n’a pas attendu chatGPT pour se mettre en route. Depuis plusieurs années, nous voyons l’utilisation de l’IA dans différents secteurs comme la finance ou encore le gouvernement, mais les plus friands restent les startups et des laboratoires de recherche, dans des domaines comme la santé ou encore l’agriculture. ChatGPT, GPT et les IA génératives plus généralement vont donner une nouvelle impulsion à cet engouement, car ils démocratisent l’accès à l’AI à une échelle jamais atteinte r>auparavant.
Qu’en est-il de l’appétence des jeunes entrepreneurs pour les solutions IT r>et robotique ?r>Nos jeunes entrepreneurs sont friands de technologies digitales. On observe le développement de «startups tech» quotidiennement qui innovent en matière d’usage dans tous les domaines de la vie économique. Mais on observe aussi l’engouement d’autres jeunes entrepreneurs moins tech à utiliser la technologie digitale dans le développement de leur business, comme le marketing digital qui prend une plus grande ampleur.
Quels sont les domaines les plus ciblés par les jeunes entrepreneurs ?r>Clairement, le premier domaine reste le e-commerce. Mais les startups marocaines se développent dans tous les domaines d’activité en particulier la santé (HealthTech), l’agriculture (AgriTech), la finance (FinTech) et l’éducation (EdTech) qui restent les plus prometteurs. Mais notre système réglementaire n’aide pas les startups dans ces secteurs qui subissent des réglementations très contraignantes. Nous devons absolument innover en matière réglementaire pour aider lever des barrières au développement de notre industrie Tech.
Les entreprises marocaines sont-elles intéressées par les solutions proposées par les startups locales ?r>Malheureusement pas assez. Nous avons encore un très grand gap à combler dans ce domaine. D’un côté, beaucoup de nos startups locales doivent améliorer la qualité de leurs produits et services pour répondre aux exigences de nos entreprises. Mais de l’autre côté, nos entreprises privées et le gouvernement en particulier, doivent repenser leur mode d’acquisition de solutions technologiques qui est non seulement inadapté au monde technologique digital (on continue à acheter de la même manière un stylo, un pont et une solution digitale), mais qui ne fait pas la place qu’elle doit avoir à l’entreprise marocaine, trop souvent reléguée derrière l’entreprise internationale.
Comment l’Apebi peut-elle booster le business IT et soutenir les jeunes entrepreneurs ?r>La Fédération des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring (Apebi) est la place principale des producteurs et fournisseurs de technologies digitales au Maroc. Les startups constituent plus du tiers des adhérents actuels de l’Apebi, mais je pense que la Fédération doit faire davantage pour accueillir plus de startups. L’Apebi a une chance historique qu’elle doit saisir, travailler avec l’ensemble de l’écosystème digital au Maroc et même la CGEM, pour accompagner le développement de ce secteur, en faire le premier secteur économique dans notre pays. Plusieurs axes pourraient être visés en priorité. Pour ma part, j’en retiendrais 3 :r>1. La réglementation positive ou la déréglementation pour libérer les chaînes de l’innovation.r>2. L’accélération de la formation et le développement des compétences à très grande échelle.r>3. Le soutien à l’investissement et la Recherche & Développement (R&D) pour accélérer le développement de solution digitale marocaine prête à rivaliser avec le reste du monde.
r>Lire aussi : Agilité et digitalisation : la force des startups