03 Avril 2023 À 16:36
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Dernière ligne droite avant la mise en service de la station de transfert d’énergie par pompage (STEP) de Abdelmoumen. Il s’agit d’un projet stratégique qui permettra au Maroc de dépasser pour la première fois la barre des 2.000 mégawatts (MW) de capacité en énergie hydro-électrique. Le Royaume dispose déjà d’une capacité installée de 1.770 MW, dont 460 sous forme de STEP à Afourer. Et avec la nouvelle STEP de Abdelmoumen (Province de Taroudant) qui porte sur une puissance de 350 MW, la capacité hydraulique installée au Maroc augmentera à 2.120 MW. D’un coût global d’environ 3,8 milliards de dirhams, ce projet fait partie du programme d’équipement de l’ONEE visant le renforcement des moyens de stockage intelligent de l’électricité de source renouvelable et ainsi satisfaire la demande durant les heures de pointe.
La mise en service de la nouvelle STEP est prévue durant ce premier semestre 2023. Elle est en cours de réalisation par le français Vinci Construction – dans le cadre d’un consortium – suite à un appel d’offres international lancé par le porteur du projet, l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE).
SOGEA Maroc s'est vue confier par Vinci Construction la réalisation des travaux de génie civil des ouvrages principaux de la STEP de Abdelmoumen : l'Usine hydroélectrique, le Poste électrique 225 kilovolts et la Station de Pompage. D'une capacité de 2x175 MW, l'Usine hydroélectrique se compose de quatre bâtiments. «Le bâtiment principal est d’une hauteur totale de 56 mètres, dont 38 mètres en sous-sol avec six niveaux. Les travaux touchent à leur fin (99%), permettant ainsi la mise à disposition aux électromécaniciens», souligne SOGEA Maroc. Cette usine réversible permet, en mode turbinage, la production d'énergie, tandis qu'en mode pompage, l'eau est remontée du bassin aval vers le bassin en altitude pour produire de l'énergie renouvelable à la demande.
«La station de pompage, quant à elle, dont les travaux de génie civil sont achevés à 100%, abrite quatre pompes qui ont permis de remplir les bassins de la STEP avec plus d'un million de mètres cubes d'eau, représentant une étape majeure vers la mise en service de la STEP», précise SOGEA Maroc. «De même, le Poste électrique 225 KV, comprenant deux arrivées groupes et quatre départs lignes, est en cours de mise en service dans les prochains jours».
Le Maroc est l’un des pays qui affichent les objectifs les plus ambitieux en termes d’énergies renouvelables. Or, le solaire et l’éolien sont des sources d’énergie intermittentes : par exemple, en cas de vents faibles ou de couverture nuageuse importante. D’où l’importance de pouvoir stocker les surplus d’énergie produits lorsque les conditions sont favorables, pour les restituer dans le réseau lorsque la demande augmente, le tout avec le minimum de déperdition.
Selon Vinci, de nombreuses solutions existent pour stocker l’énergie, mais l’une des plus efficaces consiste à utiliser de l’eau pour ajuster offre et demande d’électricité. «Lorsqu’il y a surplus de production, on utilise l’énergie produite pour la stocker dans un bassin sur un point haut ; quand il y a un besoin de produire de l’énergie, on fait couler cette eau par gravitation dans une conduite forcée vers une turbine (qui sert également de pompe) pour atteindre une pression élevée, et ainsi produire de l’électricité (on parle alors de turbinage, par opposition au pompage, quand l’eau est remontée)», souligne le groupe. C’est le principe de la «STEP». Pour arriver à des rendements importants, il est nécessaire de construire deux bassins séparés par une forte dénivellation (d'au moins une centaine de mètres). C’est le cas de la STEP de Abdelmoumen «qui constituera un élément indispensable à l’atteinte des objectifs du pays en termes de transition énergétique».
Pour rappel, la STEP de Abdelmoumen bénéficie d’un cofinancement de 140 millions d’euros de la Banque européenne d’investissement (BEI), de 134 millions d’euros de la Banque africaine de développement (BAD) et de 60 millions de dollars des Fonds des technologies propres de la BAD. Selon la BAD, la STEP participera d'une manière importante à la satisfaction de la demande en énergie électrique du pays en période de pointe et permettra d'éviter le rejet de gaz à effet de serre équivalent à 400.000 tonnes de CO2 par an, soit 12 millions de CO2 pendant les 30 ans de son exploitation.
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