13 Avril 2023 À 14:34
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Le système financier est mis à l’épreuve par la hausse de l’inflation et des taux d’intérêt, à l’heure où dans de nombreux pays, l’inflation reste dangereusement supérieure aux objectifs des Banques centrales. L’alerte est du Fonds monétaire international (FMI) qui souligne que l’apparition de tensions sur les marchés financiers complique la tâche des Banques centrales. Les outils disponibles pour faire face aux risques qui pèsent sur la stabilité financière devraient aider les Banques centrales à dissocier les objectifs de politique monétaire des objectifs de stabilité financière, leur permettant ainsi de continuer à durcir leur politique de façon à réagir aux pressions inflationnistes.
Pour les experts du Fonds, si les tensions financières s’intensifient notablement et menacent la santé du système financier dans un contexte d’inflation élevée, il faudra sans doute faire des arbitrages entre les objectifs d’inflation et de stabilité financière. Le FMI juge ainsi essentiel de communiquer clairement sur les objectifs des Banques centrales et les fonctions de leur politique monétaire afin d’éviter toute incertitude inutile. «Les décideurs devront agir rapidement pour éviter tout événement systémique qui aurait un effet défavorable sur la confiance des marchés dans la résilience du système financier mondial.
S’il se révélait nécessaire que les décideurs ajustent l’orientation de la politique monétaire pour favoriser la stabilité financière, ils devraient clairement faire savoir qu’ils demeurent déterminés à ramener l’inflation à son niveau cible dès que possible, une fois que les tensions financières se seront atténuées», recommande l’institution de Bretton Woods. Les turbulences qui ont récemment secoué le secteur bancaire ont mis en lumière les carences des pratiques internes de gestion des risques en termes de risques de taux d’intérêt et de liquidité au niveau des banques, ainsi que les défaillances des instances de contrôle. Ces dernières devraient, selon le FMI, veiller à ce que la gouvernance et la gestion des risques des banques correspondent à leur profil de risque, y compris dans le domaine du suivi des risques par les conseils d’administration et dans celui de la capacité et de l’adéquation des tests de résistance des fonds propres et de la liquidité.
S’agissant des institutions financières non bancaires, l’institution internationale suggère aux décideurs de combler les déficits de données, encourager les bonnes pratiques de gestion des risques, établir une réglementation appropriée et intensifier la supervision. De même, des exigences minimales de fonds propres et de liquidité adéquates, y compris pour les petites institutions qui, prises séparément, ne sont pas jugées d’importance systémique, sont essentielles pour limiter les risques pesant sur la stabilité financière. Pour les analystes du FMI, les règles prudentielles devraient faire en sorte que les banques détiennent des fonds propres suffisants pour faire face au risque de taux d’intérêt et se prémunir contre les pertes cachées qui pourraient brusquement se matérialiser en cas de chocs de liquidité.
Dans la situation actuelle d’une inflation persistante et de taux d’intérêt élevés, les autorités devraient prêter une attention particulière à la classification et au provisionnement des actifs bancaires ainsi qu’à l’exposition aux risques de taux d’intérêt et de liquidité. Les experts du FMI soulignent par ailleurs que les mesures de soutien à la liquidité prises par les Banques centrales devraient viser à résoudre les problèmes de liquidité, et non pas de solvabilité. Les problèmes de solvabilité doivent être du ressort des autorités budgétaires (ou de résolution) compétentes. Les liquidités, quant à elles, doivent être fournies aux contreparties qui sont tenues par la supervision et la réglementation d’internaliser le risque de liquidité (le bâton) de sorte que les Banques centrales ne soient obligées d’intervenir que pour résoudre des risques de liquidité systémiques (la carotte). «Une grande partie du risque devrait rester sur le marché (assurance partielle) afin de réduire au minimum l’aléa moral, et les interventions devraient être assorties d’une date de fin précise permettant aux forces du marché de se rétablir une fois que les tensions les plus graves s’atténuent.
Les experts du Fonds estiment en outre que certaines réactions récentes des décideurs semblent indiquer qu’il faut travailler davantage sur le programme de réforme de la résolution. Objectif : Accroître la probabilité de résoudre les banques systémiques sans exposer les fonds publics. Le fait que les actionnaires et les détenteurs d’autres instruments de fonds propres aient subi des pertes est certes une avancée positive, mais il se révèle plus difficile de répartir davantage de pertes sur toute la hiérarchie des créanciers avant d’utiliser des fonds publics, estime le FMI. La communauté internationale va devoir faire le bilan de ces expériences et tirer des conclusions sur l’efficacité des réformes de résolution décidées après la crise financière mondiale.
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