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Les prévisions économiques chocs de Fitch Solutions pour le Maroc

Fitch Solutions vient de publier ses derniéres prévisions sur les perspectives économiques du Maroc. La croissance ne devrait atteindre que 1,8% cette année, impactée par l’accélération de l’inflation à  7,8% en moyenne et un resserrement monétaire encore plus agressif portant le taux directeur à  4,50% fin 2023. S’ajoutent une reprise modérée de la production agricole ainsi qu’une faible évolution de la demande adressée au Maroc de la zone euro. Une politique budgétaire expansionniste compensera certains de ces vents contraires, mais elle ne parviendra pas à  stimuler de maniére significative l’activité économique.

Les prévisions économiques chocs de Fitch Solutions pour le Maroc
Selon Fitch, la contribution des investissements au PIB en 2023 sera limitée à 1,0 pp, celle des exportations nettes sera négative à -0,6 pp.

Fitch Solutions revoit fortement à la baisse ses prévisions de croissance pour le Maroc en 2023. Elle table désormais sur une augmentation du produit intérieur brut (PIB) réel de 1,8% au lieu de 3,4% prévu initialement. Bien qu’elle soit en accélération par rapport au taux de 1,1% en 2022, la croissance en 2023 sera nettement inférieure à la moyenne de 3,6% sur 10 ans avant la Covid-19. Selon le spécialiste international du risque crédit et de la macro-intelligence, l’accélération de l’inflation, le resserrement monétaire plus agressif et la reprise modérée de la production agricole ainsi que la faible évolution de la demande adressée au Maroc de la zone euro, pèseront plus lourdement sur la croissance cette année que ce qui a été attendu auparavant. Fitch Solutions explique que la révision à la baisse des prévisions fait suite à la publication du PIB au quatrième trimestre 2022, par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), qui montrait un ralentissement de la croissance à 0,5% en glissement annuel, traduisant une contraction significative de la production agricole et une décélération du secteur non agricole.

«Nous pensons que la faiblesse du secteur non agricole a été principalement due à un mélange de pressions inflationnistes et de resserrement monétaire, pesant à la fois sur la consommation privée (0,8% en glissement annuel) et sur l’investissement (-9,6%). «À l’avenir, bien que nous nous attendions à ce qu’une politique budgétaire expansionniste compense certains de ces vents contraires, elle ne parviendra pas à stimuler de manière significative l’activité économique», est-il souligné dans une nouvelle étude. De même, des conditions météorologiques défavorables, en dépit des précipitations enregistrées dernièrement, limiteront la reprise de la production agricole après une contraction de 15% induite par la sécheresse en 2022, qui a maintenu la contribution nette des exportations au PIB négative (-1,2 point de pourcentage). Pour Fitch, cela entraînera une augmentation des importations de produits agricoles et alimentaires en 2023, mais aussi des «importations de capitaux» suite à une hausse des dépenses d’investissement du gouvernement.

La décélération de la croissance de la zone euro pèsera sur les exportations du Maroc

«Par ailleurs, une forte décélération de la croissance de la zone euro de 3,5% en 2022 à 0,4% en 2023 pèsera sur les exportations marocaines, dont plus des deux tiers sont destinés au continent européen. En conséquence, nous prévoyons désormais que les exportations nettes soustrairont 0,6 point de pourcentage (pp) à la croissance en 2023, contre une prévision précédente de -0,2 pp», estiment les experts de Fitch.
Et ce n’est pas tout. L'accélération de l'inflation et la croissance atone du secteur agricole, ainsi que le chômage élevé pèseront considérablement sur la consommation privée. À ce sujet, Fitch Solutions vient de réviser à la hausse la prévision d’inflation. «Nos prévisions impliquent désormais que l'inflation moyenne s'accélérera de 6,6% en 2022 à 7,8% en 2023 atteignant son plus haut niveau depuis plus de quatre décennies, ce qui limitera davantage le pouvoir d'achat des ménages», alertes les experts de Fitch. En conséquence, la consommation privée ne contribuera qu'à hauteur de 0,8 pp à la croissance, ce qui est nettement inférieur à la moyenne sur 10 ans pré-Covid-19 de 2,0 pp.

Fitch s’attend, en outre, à ce que le gouvernement augmente les dépenses en capital de 16% en 2023. Cela viendra s'ajouter aux 300 milliards de DH (19,9% du PIB) d'investissements hors budget réalisés par les entités publiques et le Fonds Mohammed VI. Ce qui renforcera l'activité économique. Or, si la croissance de l'investissement redevient positive à mesure que le gouvernement s'engagera dans une politique budgétaire expansionniste, elle sera toujours confrontée aux vents contraires de la hausse des taux d'intérêt qui continuera à limiter la croissance des prêts et de peser sur l'investissement. «En effet, nous avons récemment révisé à la hausse notre prévision de taux directeur fin 2023 de 4,00% à 4,50% suite à une augmentation significative de l'inflation», est-il précisé. «Nous pensons que des taux d'intérêt plus élevés compenseront en partie l'augmentation prévue des dépenses d'investissement du gouvernement, ce qui nous incite à réviser à la baisse nos prévisions de contribution des investissements au PIB en 2023 de 1,3 pp à 1,0 pp. Néanmoins, cela marquerait une amélioration par rapport à -0,6 pp en 2022», conclut Fitch.

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