07 Février 2023 À 19:43
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Le mémorandum publié par le Conseil national des droits de l’Homme sur «Le droit à l’eau... des approches pour lutter contre le stress hydrique» est venu confirmer un constat alarmant que l’on connaissait déjà. Le Royaume fait face à un état de stress hydrique structurel et se trouve dans une situation critique à cause de la surexploitation des ressources en eau. Dans ce document présenté mardi à Rabat par la présidente, Amina Bouayach, le Conseil national des droits de l’Homme a émis un certain nombre de recommandations et de propositions visant à accompagner les efforts visant la lutte contre le stress hydrique et la rationalisation de l’usage de cette ressource vitale dans la perspective de protéger le «droit à l’eau» pour les générations actuelles et futures.
Soulignant ainsi la nécessité d’adopter de nouveaux choix stratégiques pour la gestion de l’eau, le CNDH a plaidé pour l’élaboration d’une nouvelle vision globale et intégrée à court et moyen termes visant la rationalisation de l’usage de l’eau. Cette future vision devra s’appuyer selon le Conseil sur l’adaptation de toutes les politiques publiques à la situation critique de stress hydrique structurel que vit le Royaume. Elle devra également ériger la sécurité alimentaire et la protection du droit des générations futures à la richesse hydrique en priorité. «Le Conseil appelle les différents acteurs institutionnels à donner la priorité à la sécurité alimentaire et à protéger le droit des générations futures à la richesse hydrique nationale, en adoptant des politiques durables de l’eau et en développant une filière agricole et industrielle moins consommatrice d’eau et orientée vers la satisfaction de la demande interne», a souligné Mme Bouayach. Le CNDH estime par ailleurs qu’il est nécessite de reconsidérer le modèle de croissance actuel fondé sur la centralité du secteur agricole et de revoir par conséquent les politiques économiques qui tablent sur le secteur agricole au détriment des activités industrielles et de services moins consommatrices d’eau. «Il est urgent de soutenir et de développer des filières agricoles capables de s’adapter aux années de sécheresse, ainsi que des filières économiques moins consommatrices d’eau», a insisté la présidente. Le Conseil estime en outre que la nouvelle vision doit accorder un intérêt particulier à la recherche scientifique portant sur les enjeux du climat et de l’eau, parallèlement à l’amélioration de la gouvernance actuelle du secteur, de sorte à mettre en place un système institutionnel unifié, basé sur une approche participative qui valorise l’implication de la population, la société civile, les experts et les institutions de gouvernance dans les efforts de conservation des ressources en eau.
Sur un autre registre et s’agissant des mesures urgentes à prendre pour atténuer les effets du stress hydrique, le CNDH recommande d’identifier de nouvelles alternatives à certaines cultures très consommatrices d’eau et de dresser une liste des produits agricoles fortement gourmands en eau afin de rationner leur production ou de les interdire si nécessaire. Le Conseil préconise par ailleurs d’intégrer le coût de l’eau dans le modèle d’investissement adopté actuellement et d’activer la responsabilité sociale des entreprises pour protéger les ressources en eau. Le CNDH recommande instamment par ailleurs de construire une base de données actualisée des ressources en eau et d’assurer aux chercheurs, à la société civile et à l’opinion publique son accès afin de pouvoir évaluer réellement les ressources en eau existantes et d’améliorer leur mode de gestion. Il appelle enfin à lutter contre la pollution de l’eau, à freiner la surexploitation de la réserve stratégique d’eau souterraine et à élargir l’adoption de la technique de dessalement de l’eau de mer.
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