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Pénurie d'eau : les solutions dont on dispose aujourd’hui

Sur un ensemble de 165 pays, le Maroc pointe en 23e position en termes d’exposition au stress hydrique. Une situation très préoccupante avec un niveau d’apport par habitant tournant autour de 600 mètres cubes par an et dont la tendance à la baisse se confirme de plus en plus. Ce constat commande le recours à des politiques publiques optimales pour la protection des ressources et l’efficacité hydrique. Et bien heureusement, les solutions sont là pour maintenir la gestion du «risque», plutôt que «la crise» en ce qui concerne la raréfaction des ressources en eau.

Pénurie d'eau : les solutions dont on dispose aujourd’hui

L’année 2022 a été particulièrement sèche, mais également chaude avec un niveau de température excédant la moyenne. C’est la quatrième année consécutive de sécheresse que connaît le Maroc depuis 2018, enregistrant un apport en eau de seulement 2 milliards de mètres cubes, contre une moyenne de 10 milliards. Pourtant, aucun incident majeur concernant une interruption de l’approvisionnement en eau n’a été signalé, notamment pendant l’été, grâce à la mobilisation des autorités qui sont à l’œuvre depuis novembre dernier. L’objectif à atteindre aujourd’hui consiste à mettre en place des solutions de fond à cette problématique qui prend des allures endémiques.

Efficacité hydrique : mieux produire, mieux consommer et moins perdre

Face à cette situation de raréfaction des ressources en eau, des pistes de solutions sont disponibles. Il s’agit principalement de retenir l’eau de pluie (un milliard de mètres cubes par an en moyenne) qui trouve son chemin vers la mer sans être exploitée. Il y a aussi les quantités importantes d’eau au niveau des grands barrages «que nous sommes obligés de jeter à la mer pour ne pas courir les risques majeurs de leur destruction du fait des inondations qui peuvent se produire», indique le ministre de l’Équipement et de l’eau, Nizar Baraka, qui a fait savoir que «cette année et malgré la faible pluviométrie, nous avons été obligés de relâcher 500 millions de mètres cubes au niveau du barrage d’Al Wahda».

Le ministre, qui s’exprimait lors du «Symposium de l’eau», organisé à l’initiative de nos confrères de «Finances News Hebdo», a souligné que ce constat nécessite d’agir à plusieurs niveaux, avec notamment la mobilisation des eaux conventionnelles à travers les barrages (dont la capacité passera à 24 milliards de mètres cubes avec la réalisation de 16 nouveaux barrages), mais aussi la mobilisation des eaux non conventionnelles, avec le dessalement de l’eau de mer et la réutilisation des eaux usées.  M. Baraka, et toujours dans le cadre des solutions envisagées, a parlé des projets consistant à connecter les bassins hydrauliques, tels que celui consistant à relier le barrage de garde du Sebou (situé dans le bassin du Sebou) et le bassin de Bouregreg, ce qui va permettre d’alimenter Rabat et aussi Casablanca.

S’agissant de la protection des ressources en eau, le ministre a également fait mention des contrats de nappes, lesquels consistent en une gestion intégrée de l’eau où tous les acteurs impliqués se réunissent autour d’une table afin de pouvoir mieux exploiter ces nappes. «Nous avons engagé au ministère un travail important pour avoir une idée précise de la situation des nappes phréatiques», a déclaré le ministre, avant de mentionner un point important : «nous travaillons avec le ministère de l’Agriculture pour que les différents puits (dont 91% ne sont pas autorisés) soient équipés de compteurs intelligents qui permettront de connaître la réalité de l’exploitation des nappes phréatiques». M. Baraka a également fait part de récentes décisions prises conjointement avec le ministère de l’Économie et des finances, afin de s’assurer que certaines cultures très consommatrices d’eau ne puissent pas être subventionnées par l’État afin qu’elles cessent de proliférer, notamment dans les zones confrontées à une pénurie d’eau. 

La question de l’eau ne peut être traitée sous un angle sectoriel

La question de l’eau ne peut être traitée à partir d’une perspective sectorielle ou départementale. «Aujourd’hui, au niveau mondial et pas seulement au Maroc, on parle de l’eau, mais pas de manière isolée. Nous ne nous intéressons pas seulement à la molécule d’eau, mais aussi à l’électron d’énergie qui va produire cette eau», affirmé, de son côté, l’expert hydrologue et représentant de la Fédération marocaine du conseil et de l’ingénierie, Mohammed Jalil. «Il est important de considérer l’eau ainsi que la sécurité énergétique et alimentaire. Ce triptyque, que nous appelons le nexus eau-énergie-sécurité alimentaire, doit être abordé dans sa globalité si l’on veut être en mesure de faire véritablement face au changement climatique», a souligné l’expert.

L’énergie, particulièrement d’origine renouvelable, qui sert désormais à faire fonctionner les stations de dessalement, a occupé une bonne partie de l’intervention du directeur général de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable, Abderrahim El Hafidi. Ce responsable a en effet souligné que le Maroc, dont la première station de dessalement a vu le jour en 1975 et qui a fait des pas géants dans le domaine des énergies renouvelables, produit aujourd’hui un kilowattheure très compétitif dans le monde (25 centimes le kilowattheure), ce qui permet de monter en gamme dans le dessalement et de faire passer le coût de production de l’eau de 16 dirhams le mètre cube à 5/6 dirhams le mètre cube aujourd’hui. «Le modèle sur lequel nous travaillons aujourd’hui est de parvenir à l’indépendance par-delà les aléas du climat (y aura-t-il ou non de la pluie ou de la neige), et d’assurer la disponibilité de l’eau», a souligné M. El Hafidi. 

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