14 Avril 2023 À 16:03
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Après la réussite de leur première journée de grève observée le 13 avril dernier, les pharmaciens d’officines se prononcent en faveur de nouveaux mouvements de grèves au cours des mois de mai et juin prochain, si les objectifs d’ouverture du dialogue entre le gouvernement et les syndicats pour se pencher sur la situation difficile du secteur ne sont pas atteints. «Toutes les représentations syndicales du secteur sans exception ont uni leur voix lors de la grève nationale du 13 avril. C’était une journée de grève réussie qui répond aux attentes des pharmaciens. Le taux de participation a atteint les 100% dans toutes les villes à l’exception de Oujda, Casablanca et Laâyoune qui ont enregistré un taux de 99%, car certaines pharmacies ont été réquisitionnées», déclare au «Matin» Oualid Amri, ancien président de la Fédération nationale des Syndicats des pharmaciens du Maroc et premier vice-président du Syndicat des pharmaciens du Grand Casablanca. Et d’ajouter que «les différents syndicats sont actuellement en train de faire le bilan de cette première journée de grève avant de se mettre d’accord sur les prochaines actions à mener. Mais si le gouvernement continue à ignorer nos appels, de nouveaux mouvements de grèves seront menés durant les mois de mai et de juin».
Le pharmacien souligne que la balle est actuellement dans le camp du gouvernement qui devrait agir pour soutenir les pharmaciens d’officines et leur permettre d’exercer leur profession dans de bonnes conditions. «Aujourd’hui, nous ne demandons plus à nous réunir uniquement avec le ministre de la Santé. Nous attendons également que le Chef du gouvernement, ainsi que d’autres ministres notamment ceux de l'Économie et des finances, de l’Intérieur, du Budget et de l’Agriculture reçoivent les représentants des instances syndicales qui défendent les intérêts économiques et sociaux de la profession, pour les écouter et trouver ensemble des solutions», affirme Amri. «Les pharmaciens lancent aujourd’hui un cri de cœur et ne comptent pas faire machine arrière avant de faire entendre leur voix, car cela fait 10 ans que la profession est en crise et que nous avons des attentes par rapport à notre dossier revendicatif. Il est grand temps d’engager un vrai dialogue et de mettre en place des mesures concrètes pour soutenir les pharmaciens, dont 30% d’entre eux sont au bord de la faillite», insiste-t-il.
Pour rappel, les pharmaciens ont organisé cette grève pour dénoncer la détérioration de leur situation financière et reprocher au gouvernement le manque de communication et la prise de décisions unilatérales qui les touchent directement. Ils expriment ainsi leurs refus d’une éventuelle réforme du décret relatif à la fixation des prix des médicaments, telle qu’elle a été recommandée par le rapport de la Cour des comptes qui laisse entendre que les officines se font des marges importantes.
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La Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC) a publié, mercredi dernier, un communiqué pour critiquer l’appel à la grève des pharmaciens. La Fédération souligne que l’on ne peut accepter que la santé des citoyens devienne un moyen pour faire la pression sur le gouvernement. «La FMDC suit de très près tout ce qui touche le consommateur dans ses intérêts sanitaires et économiques. L'appel à la grève est un droit constitutionnel et il est utilisé par les employés en cas de différend avec l'employeur. Or, la grève des pharmaciens touche pleinement aux droits du consommateur en le privant des achats de médicaments», déclare au «Matin» Bouazza Kherrati, président de la FMDC. Et d’ajouter que «le consommateur est étranger au duel des pharmaciens avec le ministère de tutelle et la Cour des comptes. Il est donc utilisé en otage par la corporation des pharmaciens pour faire pression sur les institutions avec laquelle elle n'arrive pas à trouver des solutions». Kherrati indique également que la FMDC regrette le comportement des pharmaciens «qui auraient dû recourir à d'autres moyens de pression tels que le sit-in devant le ministère de tutelle, le port de brassard…»r>De leur côté, les pharmaciens soulignent que faire grève est un droit constitutionnel et qu’ils sont aujourd’hui obligés de faire entendre leur voix de cette façon pour protéger leur profession qui joue un rôle très important dans le système de la santé.r>