LE MATIN
01 Juin 2025
À 09:25
Le camizestrant est un anti-œstrogène oral de nouvelle génération. Pour comprendre son intérêt, il faut savoir que certaines cellules cancéreuses du sein dépendent des œstrogènes, hormones féminines, pour croître et se multiplier. Le camizestrant agit en bloquant les récepteurs aux œstrogènes présents à la surface des cellules cancéreuses. Mieux encore, il détruit ces récepteurs, empêchant ainsi la tumeur de "se nourrir” et de proliférer.
Cette action
ciblée est particulièrement importante pour un sous-groupe de patientes dont le cancer présente une mutation spécifique, appelée mutation
ESR1, qui rend souvent la maladie
résistante aux traitements hormonaux classiques.L’essai clinique nommé
SERENA-6 a évalué l’efficacité du
camizestrant en association avec une thérapie standard, un inhibiteur de
CDK4/6, un autre
médicament ciblant
la croissance des cellules cancéreuses. Les résultats sont impressionnants :
- Le temps moyen avant la progression de la maladie est passé de 9,2 mois à 16 mois grâce à la nouvelle combinaison.
- Cela représente une réduction de 56 % du risque de progression ou de décès.
Mais ce n’est pas tout. Ce succès repose également sur l’utilisation d’une technologie innovante :
la biopsie liquide, un test sanguin capable de détecter
l’ADN tumoral muté dans le sang bien avant que la tumeur ne soit
visible aux examens radiologiques classiques. Cette approche permet de démarrer le traitement plus tôt, dans une phase où la maladie est encore "cachée”, ce qui ouvre la voie à une médecine beaucoup plus précise et personnalisée.
Selon
AstraZeneca,la maison mère ,ce médicament pourrait devenir un pilier majeur de
la lutte contre le cancer du sein.
David Fredrickson, vice-président exécutif du laboratoire, estime que camizestrant et deux autres médicaments présentés au congrès pourraient ensemble
remplacer les traitements actuels pour environ
75.000 patientes. Il prévoit aussi
des ventes annuelles pouvant atteindre
5 milliards de dollars au pic.
Pour
les experts, cette découverte dépasse le cadre d’un simple progrès thérapeutique. Le professeur
Kristian Helin, directeur de l’Institute of Cancer Research à Londres, qualifie ces résultats de « changement de paradigme » dans la médecine de précision, qui vise à adapter le traitement à chaque profil moléculaire et génétique du cancer.