Saloua Islah
23 Juin 2025
À 18:59
Imaginé en 2015 par l’artiste hongkongais
Kasing Lung,
Labubu fait partie de l’univers
The Monsters, une galerie de créatures colorées, déformées, presque inquiétantes. Mais c’est en 2019, lorsque la marque chinoise
POP MART décide d’en faire une figurine vendue dans ses fameuses blind boxes (boîtes mystères), que tout bascule.
À l’intérieur de chaque boîte : un
Labubu différent, sans indication visible sur le modèle. Certains sont communs, d'autres rares, et quelques-uns – les fameux "secrets", sont quasiment introuvables. Résultat : l’achat devient un jeu de hasard, et la collection, une quête infinie.
L’explosion mondiale : de la K-pop à Wall Street
Le tournant décisif a lieu lorsqu’une photo de
Lisa, membre du
groupe BLACKPINK, apparaît sur les réseaux : à son sac à main, un Labubu pend joyeusement. Puis vient
Rihanna,
Dua Lipa, des stylistes à Paris, Tokyo, New York... Et soudain, la peluche passe du monde du jouet à celui de la mode, du luxe et de l'influence.
- Sur TikTok, plus de 1,4 million de vidéos sont publiées sous le hashtag #labubu.
- L’application POP MART atteint le top 1 des téléchargements aux États-Unis.
- Les ventes internationales représentent 40 % du chiffre d’affaires de la marque.
- Le fondateur de POP MART, Wang Ning, voit sa fortune atteindre plus de 20 milliards de dollars en 2025.
Vendues entre
30 et
100 euros l’unité, certaines peluches rares s’échangent désormais à plus de
1 000 euros sur des plateformes spécialisées. Derrière ce succès fulgurant, une mécanique bien huilée qui repose sur des ressorts psychologiques redoutablement efficaces.
- Suspense : l’incertitude sur le contenu de chaque boîte.
- Rareté : les modèles « secrets » ne sont présents qu’en un exemplaire sur plusieurs dizaines.
- Appartenance : collectionner devient une façon d’appartenir à une communauté, de montrer son "goût" et son style.
Le Maroc découvre Labubu : un engouement ultra-ciblé
C’était inévitable : le phénomène Labubu a fini par atteindre le
Maroc. Et il n’a pas mis longtemps à s’imposer sur les fils d’actualité. Ces dernières semaines, plusieurs
influenceuses marocaines ont publié des vidéos les montrant avec leur
Labubu à la main ou suspendu à leur sac à main. Résultat : des milliers de commentaires, souvent les mêmes questions :
- « D’où tu l’as acheté ? »
- « Combien ? »
- « Y a-t-il une boutique au Maroc ? »
Pour l’instant, il n’existe aucune boutique officielle
POP MART dans le Royaume. Les peluches sont importées manuellement et revendues sur des comptes privés Instagram ou via WhatsApp.
Les tarifs ont de quoi surprendre :
- 1 000 dirhams minimum pour une seule pièce,
- Et jusqu’à 6 000 dirhams pour une collection complète de six coloris différents, sans même inclure les pièces rares.
En l’absence de canal officiel, le marché parallèle prospère, certains modèles s’écoulan
t en moins de 24 h. La rareté et l’effet de mode font grimper les prix... et les frustrations.
Labubu incarne la mondialisation des désirs : une peluche made in Chine, imaginée par un artiste hongkongais, popularisée par une star coréenne, relayée par TikTok, vendue en ligne, et aujourd’hui objet de convoitise au Maroc.