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La Terre étouffe : le taux de CO₂ atteint un niveau jamais vu dans l’histoire moderne

Les générations futures risquent de vivre sur une Terre plus chaude, plus instable et moins habitable que jamais. Selon l’Organisation météorologique mondiale, la concentration de dioxyde de carbone a atteint en 2024 un niveau record, signe d’un réchauffement qui s’emballe et d’écosystèmes à bout de souffle. Les experts avertissent qu’il faut agir avant d’atteindre le point de non-retour — un seuil qui se rapproche dangereusement, tandis que les signaux d’alerte restent désespérément au vert.

18 Octobre 2025 À 12:31

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L’année 2024 aura marqué un tournant inquiétant dans l’histoire du climat. Le taux moyen mondial de dioxyde de carbone a grimpé de 3,5 parties par million (ppm) en seulement douze mois, la plus forte hausse depuis 1957, année du lancement des observations modernes. Cette poussée spectaculaire porte la concentration globale de CO₂ à 423,9 ppm, contre 377 ppm il y a vingt ans. Une progression qui illustre l’emballement du système climatique, nourri par la persistance des émissions humaines et par l’affaiblissement des « poumons naturels » de la Terre, comme les océans et les forêts.

Selon le dernier Bulletin des gaz à effet de serre de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), la situation est d’autant plus préoccupante que ces réservoirs naturels, censés absorber près de la moitié du CO₂ émis chaque année, perdent en efficacité à mesure que la planète se réchauffe. L’année 2024, marquée par un puissant épisode El Niño et des incendies massifs en Amazonie et en Afrique australe, a réduit leur capacité d’absorption, entraînant une accumulation accrue de gaz carbonique dans l’atmosphère.

Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme. « La chaleur piégée par le CO₂ et les autres gaz à effet de serre alimente notre climat et provoque des phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus violents », avertit Ko Barrett, secrétaire général adjointe de l’OMM. Elle insiste sur l’urgence d’une réduction drastique des émissions, non seulement pour préserver le climat, mais aussi pour protéger la stabilité économique et le bien-être des communautés humaines.

Cette dynamique inquiétante n’épargne pas les autres gaz à effet de serre. Le méthane, responsable d’environ 16 % du réchauffement lié aux gaz persistants, a atteint une concentration record de 1.942 ppb en 2024, soit une hausse de 166 % par rapport à l’ère préindustrielle. Le protoxyde d’azote, principalement issu des engrais agricoles et des processus industriels, s’élève à 338 ppb, dépassant de 25 % les niveaux d’avant 1750.

Pour l’OMM, ces chiffres traduisent une évolution durable du climat, car le CO₂ peut rester dans l’atmosphère pendant plusieurs siècles. Autrement dit, les décisions prises aujourd’hui détermineront les conditions de vie des générations futures. Comme le résume la scientifique Oksana Tarasova, coordinatrice du rapport : « Nous craignons que les puits de carbone terrestres et océaniques deviennent moins efficaces, ce qui accélérera encore le réchauffement planétaire. »

La communauté internationale se réunira en novembre à Belém, au Brésil, pour la COP 30, avec l’ambition de renforcer les engagements climatiques. Mais les experts rappellent que la première étape reste la même depuis des décennies : réduire, de manière urgente et soutenue, les émissions de gaz à effet de serre avant que les seuils de résilience de la Terre ne soient définitivement franchis.
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