Russie : un séisme historique réactive un volcan endormi depuis 600 ans
Situé dans une région isolée de l’Extrême-Orient russe, le volcan Krasheninnikov s’est brusquement réveillé après environ 600 ans d’inactivité. Ce sursaut spectaculaire intervient dans un contexte de forte instabilité géologique, quelques jours seulement après un séisme de magnitude 8,8, l’un des plus puissants jamais enregistrés dans le monde. Malgré l’ampleur du phénomène, les autorités russes assurent qu’aucun danger ne menace les populations locales.
LE MATIN
04 Août 2025
À 09:24
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Un événement géologique rare vient de secouer la péninsule du Kamchatka, territoire reculé de l’Extrême-Orient russe bordé par l’océan Pacifique. Le volcan Krasheninnikov, inactif depuis environ 600 ans, est entré en éruption dans la nuit du 3 août, projetant des cendres jusqu’à 8,5 kilomètres d’altitude.
L’éruption s’est produite quelques jours après un séisme d’une intensité exceptionnelle (magnitude 8,8) survenu le 30 juillet dans la même région. Il s’agit du sixième tremblement de terre le plus puissant jamais mesuré dans le monde, selon l’US Geological Survey (USGS).
« Cette éruption est la première historiquement confirmée du Krasheninnikov depuis six siècles », a indiqué Olga Girina, directrice de l’équipe de surveillance volcanique KVERT (Kamchatka Volcanic Eruption Response Team).
Selon KVERT, la colonne de cendres a rapidement atteint 8,5 kilomètres au-dessus du niveau de la mer, obligeant l’équipe à émettre une alerte rouge pour l’aviation. Celle-ci a ensuite été abaissée à l’orange dans la soirée, l’activité s’étant légèrement calmée, bien que des explosions de cendres restent possibles. « Le panache se dirige vers l’est, vers l’océan Pacifique...Aucun village ni groupe touristique ne se trouve sur son passage », a précisé le ministère russe des Situations d’urgence de Kamchatka dans un message publié sur Telegram.
Une région volcanique peu connue mais très active
Le volcan Krasheninnikov se situe dans la réserve naturelle de Kronotsky, à environ 200 kilomètres au nord-est de Petropavlovsk-Kamchatski, la principale ville de la péninsule. Cette zone, classée patrimoine mondial de l’UNESCO, est célèbre pour sa densité exceptionnelle de volcans, actifs ou endormis.
La région, isolée et quasi inhabitée, est régulièrement secouée par des mouvements tectoniques. Le Klyuchevskoy, plus grand volcan actif de l’hémisphère nord, est lui aussi entré en éruption quelques heures après le séisme. « Il y a une connexion directe entre le séisme du 30 juillet et les volcans qui se sont réveillés après », a expliqué Alexey Ozerov, directeur de l’Institut de volcanologie et de sismologie de l’Académie des sciences de Russie.
Même si la coïncidence entre séisme et éruption est frappante, les scientifiques restent prudents. Selon Harold Tobin, professeur de sismologie à l’Université de Washington, « le séisme n’a peut-être pas provoqué l’éruption en soi, mais il a pu suffire à "secouer le système” pour déclencher un processus déjà engagé ».
Une alerte mondiale
Le séisme de 8,8, parmi les plus violents jamais enregistrés, a entraîné des alertes tsunami dans plusieurs pays du Pacifique : Japon, Alaska, Hawaï, Amérique centrale, jusqu’à la Nouvelle-Zélande. Ces alertes ont toutes été levées dans les heures suivantes, sans dégâts signalés.
Selon le Smithsonian Institution, un institut de recherche basé à Washington, qui tient une base de données mondiale sur les volcans, la dernière activité connue du Krasheninnikov remonterait à environ 1550. De leur côté, les autorités scientifiques russes, estiment que la précédente éruption aurait eu lieu entre 1423 et 1503.