Saloua Islah
30 Novembre 2025
À 14:15
"Je vais s
uspendre définitivement l’immigration en provenance
des pays du tiers-monde”. C’est par cette déclaration que le président américain
Donald Trump a réagi sur de l’attaque armée du 26 novembre à Washington, près de la Maison-Blanche, qui a coûté la vie à une jeune membre de la Garde nationale et grièvement blessé un autre soldat, selon les premières informations des autorités.
Dans le message publié sur son compte
Truth Social, le président affirme vouloir "corriger la situation” et promet une refonte profonde de
la politique migratoire américaine. Il annonce l’annulation des admissions validées sous l’administration Biden, la suppression des aides fédérales pour les non-citoyens, la dénaturalisation des migrants considérés comme menaçant la "tranquillité intérieure” et l’expulsion de ceux qu’il décrit comme "fardeau public”, "risque pour la sécurité” ou "incompatibles avec la civilisation occidentale”. Il évoque aussi une politique dite de
"reverse migration”, destinée à renvoyer certains étrangers déjà installés légalement aux États-Unis.
Cette déclaration, formulée sans aucune précision géographique, a immédiatement alimenté les interrogations. En quelques heures, le débat public s’est cristallisé autour d’une seule question, celle de savoir quels pays étaient effectivement concernés par la suspension annoncée.
Pour tenter de dissiper ce flou, Reuters a sollicité
le Département de la Sécurité intérieure (DHS). Selon l’agence, le département "n’a pas donné de définition directe” de ce que Donald Trump entend par "pays du tiers-monde” et "a simplement renvoyé vers les
19 pays figurant dans
la liste du travel ban”, c’est-à-dire le dispositif migratoire qui interdit déjà l’entrée de leurs ressortissants depuis juin 2025. Cette réponse partielle laisse surtout entendre que la déclaration du locataire de la Maison-Blanche relève davantage d’une réaction à chaud que d’une mesure appelée à se traduire immédiatement dans les faits.
Ce renvoi du DHS fait référence au décret migratoire signé en juin 2025, élaboré à partir d’une évaluation fédérale américaine qui identifiait les États présentant de graves lacunes dans le partage d’informations sécuritaires ou la vérification de l’identité de leurs ressortissants. Ce texte avait retenu 19 pays considérés comme sensibles. Douze d’entre eux étaient soumis à une interdiction totale d’entrée sur le territoire américain, à savoir
l’Afghanistan, la Birmanie, le Tchad, la République du Congo, la Guinée équatoriale, l’Érythrée, Haïti, l’Iran, la Libye, la Somalie, le Soudan et le Yémen. Les sept autres,
le Burundi, Cuba, le Laos, la Sierra Leone, le Togo, le Turkménistan et le Venezuela, faisaient l’objet de restrictions partielles.
La controverse tient autant au contenu de l’annonce qu’à la terminologie employée par Donald Trump. L’expression
"tiers-monde”, absente du langage institutionnel américain, est jugée imprécise et politiquement chargée par plusieurs analystes consultés par les médias américains. Ils rappellent qu’elle "ne correspond à aucune classification administrative, sécuritaire ou diplomatique” et qu’elle ne reflète pas les critères habituellement utilisés par le Département de la Sécurité intérieure.
Face au flou provoqué par cette formulation, l’administration s’est finalement appuyée sur le décret de juin 2025, ce qui fait des 19 pays qui y figurent,
jusqu’à maintenant, les seuls États effectivement visés par la suspension annoncée par le président américain.