LE MATIN
12 Mai 2024
À 11:05
Cette
tempête est provoquée par une série d'éjections de masse de la couronne solaire. De la Tasmanie à la France, dès samedi matin, des photos d'
aurores boréales prises par amateurs et professionnels ont fleuri sur les réseaux sociaux, accompagnées de commentaires ébahis.
"Les mots me manquent pour décrire ce spectacle fabuleux dans le ciel cette nuit (...) Des aurores boréales de toutes les couleurs et visibles à l'oeil nu dansaient dans le ciel face au Mont Saint-Michel suite à une tempête géomagnétique extrêmement forte!", écrit sur Facebook le photographe français Mathieu Rivrin.
"J'ai la sensation de vivre une nuit historique en France (...) C'était vraiment chargé de particules solaires et d'émotions", souligne Eric Lagadec, astrophysicien à l'Observatoire de Côte d'Azur, sur le réseau social X. Et "puisqu'on me le demande: oui, il y a des chances d'aurores cette nuit encore. Trouvez de bons spots, loin des lumières, avec une vue dégagée vers le nord!", conseille ce spécialiste de poussières d'étoiles.
Des conditions liées à une
tempête géomagnétique de niveau 5, soit le niveau maximum sur l'échelle utilisée, ont été observées vendredi soir, a annoncé l'
Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA).
La tempête devrait se poursuivre au moins jusqu'à dimanche, avec l'arrivée d'éjections de masse coronale supplémentaires, a indiqué la NOAA samedi sur X dans une actualisation de ses prévisions, indiquant que des "irrégularités sur le
réseau électrique et une dégradation des
communications haute fréquence et du
GPS" avaient été rapportées.
Le
centre national pour la météo spatiale chinois a également émis une alerte rouge samedi, avertissant que la
tempête solaire devrait se poursuivre tout ce week-end et devrait impacter les communications et les systèmes de navigation, selon l'agence Chine Nouvelle, qui rapporte que des aurores boréales ont été observées dans la moitié nord du pays.
Cette tempête est due à des "explosions de particules énergétiques et de champs magnétiques partant du soleil", a expliqué vendredi lors d'une conférence de presse Shawn Dahl, du Centre de prévision de la météo spatiale (SWPC), rattaché à la NOAA.
"Aucune des
éruptions solaires individuelles qui se sont produites au cours des derniers jours n'a été particulièrement impressionnante en terme de vitesse ou de taille. Mais il y en a eu une telle série ininterrompue qu'elles se sont toutes mélangées dans l'espace et ont produit la première +super-tempête+ en plus de 20 ans", a détaillé à l'AFP Mathew Owens, professeur de physique spatiale à l'Université de Reading.
Ce type de tempête affecte d'abord les latitudes autour des pôles mais "plus la tempête est forte, plus cela va bas en termes de latitude", a-t-il expliqué à l'AFP.
Aux Etats-Unis, des aurores boréales devraient pouvoir être observées sur la plupart de la moitié nord du pays, selon la NOAA, et peut-être aussi bas qu'en Alabama ou dans le nord de la Californie.
Même si aucune aurore boréale n'est apparemment visible, "sortez dans votre arrière-cour et prenez une photo avec un smartphone récent, vous serez étonné de ce que vous verrez!", a conseillé à l'AFP Brent Gordon, chef de la branche des services météorologiques spatiaux de la NOAA.
Le dernier événement atteignant le niveau 5 remonte à octobre 2003, un épisode surnommé "les tempêtes d'Halloween". A l'époque, des coupures de courant étaient survenues en Suède et des transformateurs avaient été endommagés en Afrique du Sud.
Le Soleil est actuellement proche de son pic d'activité, selon un cycle qui revient tous les 11 ans. Ces éjections de masse coronale, dont au moins sept dirigées vers la Terre ont été observées, proviennent d'une tache solaire faisant environ 17 fois le diamètre de la Terre. Elles se déplacent à plusieurs centaines de kilomètres par seconde.
Les opérateurs de satellites, de communications et du réseau électrique en Amérique du nord ont été notifiés, afin de prendre des mesures de précaution, a déclaré M. Dahl. Les opérateurs électriques ont depuis dix ans travaillé à mieux protéger leurs réseaux, a toutefois rassuré Rob Steenburgh, scientifique au SWPC. Les effets ne pourront survenir que sur des lignes à haute tension, pas chez les particuliers, et des systèmes comparables à des disjoncteurs existent.