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Assemblée générale de l’ONU : ce qu’il faut retenir de la participation marocaine

Si le Débat général est considéré à juste titre comme l’un des moments forts de l’Assemblée générale de l’ONU (18-26 septembre 2023), puisqu’il permet aux pays membres d’exposer leur vision des relations internationales et d’examiner les moyens à mettre en œuvre face aux défis qui guettent l’humanité, d’autres rendez-vous non moins importants ponctuent cette grand-messe planétaire. La 78e session qui vient de clore ses travaux à New York n’a pas dérogé à cette règle. Pour le Maroc, qu’il s’agisse du Débat général ou des side-events, l’occasion était propice pour mettre en avant les grandes orientations de la politique étrangère du Royaume et ses choix sur la scène internationale, mais aussi pour défendre sa première cause et contrer les attaques des adversaires. Voici par ailleurs ce qu’il faut retenir de la participation marocaine à la 78e Assemblée générale de l’ONU.

Omar Hilale.

02 Octobre 2023 À 19:41

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Dans la Déclaration du Maroc lors du débat général de la 78e session de l’Assemblée générale de l’ONU, l’ambassadeur, représentant permanent du Royaume auprès de l’ONU, Omar Hilale, a souligné que l’initiative marocaine bénéficiait du soutien de plus de 100 pays de par le monde, au moment où près de 30 États et organisations régionales ont inauguré des consulats généraux dans les villes de Laâyoune et Dakhla, réaffirmant ainsi leur soutien total à la marocanité du Sahara.

Sahara : l’initiative d’autonomie, «seule et unique» solution

M. Hilale a, en outre, indiqué que le Royaume demeure attaché à une solution politique définitive au différend régional artificiel autour du Sahara marocain à même de renforcer le développement, la stabilité et la paix dans la région et en Afrique. Relevant que le Maroc continue de soutenir les efforts du Secrétaire général de l’ONU et de son Envoyé personnel pour le Sahara, Staffan de Mistura, visant à relancer le processus des tables rondes sous le même format et avec les mêmes participants, en particulier l’Algérie, la partie principale au conflit, et ce conformément à la résolution 2654 du Conseil de sécurité, l’ambassadeur a réaffirmé que la solution définitive à ce différend régional ne peut être que politique, réaliste et pragmatique basée sur le compromis.



Évoquant la dynamique socio-économique en cours dans les provinces du Sud, le diplomate a fait savoir que dans le cadre du nouveau modèle de développement pour lequel le Royaume a mobilisé un budget qui dépasse à présent les 10 milliards de dollars et dont le taux de réalisation avoisine les 81%, nombre de projets à caractère social et économique ont été lancés, permettant ainsi à la région de s’ériger en hub pour les échanges commerciaux entre l’Afrique et le reste du monde. M. Hilale a fait remarquer que l’Envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara, Staffan de Mistura, a constaté de visu ces réalisations durant sa visite, début septembre, à Laâyoune et Dakhla dans le Sahara marocain. «Cet effort d’envergure s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des Hautes Orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, contenues dans le discours du Souverain à l’occasion du 47e anniversaire de la Marche verte en date du 6 novembre 2022», a-t-il rappelé. Dans ce discours, Sa Majesté le Roi avait souligné : «Notre approche pour défendre la Marocanité du Sahara procède d’une vision intégrée qui joint à l’action politique et diplomatique la promotion du développement socio-économique et humain de la région».

L’ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU a, par ailleurs, indiqué que le Maroc fait de nouveau part de sa profonde préoccupation quant à la situation humanitaire catastrophique dans les camps de Tindouf, où le pays hôte, l’Algérie, a cédé ses pouvoirs, de manière illégale, à une milice séparatiste armée aux liens avérés et confirmés avec des réseaux terroristes et criminels. Cette situation interpelle la communauté internationale au sujet du refus de l’Algérie de permettre l’enregistrement et le recensement des populations séquestrées dans les camps, et ce en flagrante violation du droit international et des appels du Conseil de sécurité lancés depuis 2011, a fait observer M. Hilale, qui a dénoncé les détournements des aides humanitaires destinées aux personnes séquestrées dans les camps de Tindouf, comme en témoignent les rapports des organisations internationales et régionales et non gouvernementales, dont le dernier en date est celui du Programme alimentaire mondiale (PAM) publié en janvier 2023.

La cause palestinienne, une priorité nationale

Concernant la cause palestinienne, M. Hilale a rappelé que Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Président du Comité Al-Qods, issu de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), avait souligné l’importance que le Maroc accordait à cette cause. «Avec le même sérieux et une égale intransigeance, Nous réitérons la position inébranlable du Maroc en faveur de la Cause palestinienne juste et des droits légitimes du peuple palestinien frère, afférents à l’établissement d’un État indépendant ayant Al-Qods orientale comme capitale et apportant in fine sécurité et stabilité aux peuples de la région», a-t-il affirmé.

L’ambassadeur a, en outre, réitéré le rejet par le Maroc de toutes les mesures unilatérales affectant le statut juridique et historique d’Al-Qods Acharif, ainsi que son soutien à l’Autorité nationale palestinienne sous la direction du Président Mahmoud Abbas et à toutes ses décisions visant à préserver les droits légitimes du peuple palestinien frère à établir son État indépendant avec Al-Qods-Est comme capitale, conformément à la solution à deux États convenue au niveau international avec les frontières de 1967 et dans le respect des principes de la légalité internationale et les résolutions y afférentes. Le Maroc a, par ailleurs, appelé à éviter l’escalade et la violence et à épargner à la région du Moyen-Orient davantage de tensions qui entravent la relance du processus de paix, a indiqué Omar Hilale.

Détermination, sérieux et solidarité face au séisme d’Al Haouz

Sous le leadership de S.M. le Roi Mohammed VI, le Maroc a fait preuve de détermination, de sérieux, de solidarité et de volonté pour faire face aux effets du séisme qui a secoué certaines régions du Royaume, a indiqué M. Hilale. «Dès le début, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, a donné Ses Hautes Instructions pour mobiliser tous les services de l’État, dont les Forces Armées Royales, les départements gouvernementaux, les autorités locales, les forces publiques et les équipes de la Protection civile afin de prendre les mesures d’urgence nécessaires en vue d’accélérer les opérations de secours, évacuer les personnes blessées, apporter de l’aide aux familles affectées et de créer une commission interministérielle chargée du déploiement d’un programme d’urgence de réhabilitation et d’aide à la reconstruction des logements détruits au niveau des zones sinistrées», a-t-il relevé.

M. Hilale a également noté que le Maroc, sous la conduite effective et la supervision directe du Souverain, est passé de l’étape de secours à celle de réhabilitation et de reconstruction des zones sinistrées, ajoutant que Sa Majesté le Roi a donné Ses Hautes Orientations pour l’activation d’un programme réfléchi, intégré et ambitieux destiné à apporter une réponse forte, cohérente, rapide et volontariste aux effets de ce séisme, d’un budget prévisionnel global estimé à 12 milliards de dollars sur une période de cinq ans, dont la première version couvre l’ensemble des régions sinistrées, ciblant une population de 4,2 millions d’habitants. Pensé sur la base d’un diagnostic précis des besoins, ce programme comprend des projets visant la reconstruction des logements et la mise à niveau des infrastructures touchées et le renforcement de la dynamique socio-économique dans les régions concernées, a-t-il précisé, ajoutant que le financement de ce programme multisectoriel sera assuré à partir de crédits alloués du budget général de l’État, de contributions des collectivités territoriales et du Compte spécial de solidarité dédié à la gestion des effets du tremblement de terre, ainsi qu’à travers des dons et la coopération internationale.

M. Hilale a en outre fait observer que Sa Majesté le Roi a insisté pour que l’opération de reconstruction se fasse en harmonie avec le patrimoine de la région et ses caractéristiques architecturales uniques, tout en respectant la dignité des populations, ainsi que leurs us et coutumes. En parallèle avec ces actions, les différentes composantes de la société marocaine, à l’interne comme à l’externe, ont adhéré à l’effort collectif pour apporter de l’aide aux populations sinistrées, dans un élan de solidarité et de synergie nationale inouï, a-t-il poursuivi.

S.M. le Roi en première ligne de défense des droits des femmes et de la famille

Dans le cadre de la même Déclaration au nom du Maroc, M. Hilale a rappelé que les Hautes Instructions Royales stipulent de soumettre les propositions d’amendements du Code de la famille, qui vont émaner de consultations participatives, à la Haute appréciation de S.M. le Roi dans un délai maximum de six mois. L’ambassadeur a, par ailleurs, relevé que le Maroc, dans la droite ligne des Hautes Orientations Royales, s’est engagé dans une dynamique vertueuse de développement tous azimuts, à travers des chantiers d’envergure structurants, à leur tête le nouveau modèle de développement. Ces projets socio-économiques se rapportent à des secteurs vitaux de développement durable, notamment la transition énergétique, l’eau, la couverture sociale et la lutte contre les catastrophes naturelles, a-t-il dit. Ces projets interviennent dans le cadre d’une vision intégrée qui s’inscrit dans le droit fil des Objectifs de développement durable (ODD), a précisé le diplomate.

M. Hilale a, en outre, mis l’accent sur l’importance de renforcer la résilience des sociétés dans un monde aux prises avec une multitude de défis, tout en plaidant pour une approche globale qui repose sur les principes de l’équité et de la justice sociale et territoriale en vue de réaliser les ODD. Il a également souligné la nécessité d’œuvrer en faveur d’un multilatéralisme basé sur la coopération et la solidarité avec les Nations unies en son centre.

Premier droit de réponse : M. Hilale met l’Algérie face à ses contradictions

Pour une fois, lors du débat général de la 78e session de l’Assemblée générale, M. Hilale a utilisé son droit de réponse pour recadrer le représentant algérien qui, comme ses prédécesseurs, s’est empressé de ressasser la propagande algérienne à propos du Sahara marocain. Le diplomate marocain a ainsi rappelé que l’Algérie est la principale partie prenante dans le différend autour du Sahara marocain. Il a également soulevé une autre contradiction dans le discours relayé par le régime algérien et sa machine de propagande. «Mais qu’êtes-vous donc ? Qu’est-ce qui vous pousse à prendre la parole si vous n’êtes pas partie prenante, à opérer autant de distorsions historiques et à faire preuve d’autant d’ignorance sur ce que l’ONU a entrepris. Vous parlez de référendum et de Conseil de sécurité, mais vous oubliez que cela fait 23 ans que le même Conseil de sécurité ne parle plus de référendum», a-t-il noté. Et de rappeler au représentant de l’Algérie ce que le peuple kabyle endure : «Vous vous comportez comme un avocat commis d’office qui prétend défendre le droit, mais qui n’hésite pas à le violer. Si ce principe (d’autodétermination) est si cher à votre cœur et à votre esprit, si lié à votre histoire et à votre ADN, pourquoi ne l’appliquez-vous pas chez vous ? Il y a un peuple qui existait avant l’État algérien et qui revendique son droit à l’autodétermination depuis des décennies : le peuple kabyle. Vous lui refusez ce que vous voulez offrir aux populations qui revendiquent leur marocanité».

Deuxième droit de réponse : comment l’Algérie va-t-elle agir au CS, elle, qui rejette ses résolutions ?

En réaction à une nouvelle provocation du représentant algérien, M. Hilale a de nouveau pris la parole pour répondre à deux reproches : le fait de ne pas avoir mentionné le Sahara stricto sensu, et le fait que son discours ait été dirigé exclusivement contre l’Algérie. «C’est aux tables rondes que l’on discute de la question du Sahara et l’Algérie est invitée. Un rendez-vous y est pris. Comme nous l’avons fait lors des deux premières tables rondes», a insisté le diplomate marocain. Quant à la focalisation sur l’Algérie, M. Hilale en donne la raison : «l’Algérie est la mère de tous les malheurs dans notre région».

Et l’ambassadeur de s’interroger sur ce que fera l’Algérie une fois qu’elle aura accédé au Conseil de sécurité, dont elle rejette pourtant les résolutions. D’autant que, contrairement à ce que soutient le représentant de l’Algérie, le Conseil de sécurité ne traite pas la question du Sahara comme un problème de décolonisation, mais comme un problème de paix et de sécurité. «Et c’est dans ce contexte, dans cet esprit, que l’Algérie, qui a été membre du Conseil de sécurité à plusieurs reprises, a voté en faveur des résolutions sur le Sahara marocain», fait remarquer le diplomate. Et de rappeler : si l’Algérie siège au CS, c’est uniquement grâce au principe de rotation. «C’est le tour de l’Afrique du Nord et c’est un principe égalitaire que nous défendons. Autrement, l’Algérie n’aurait jamais accédé au Conseil de sécurité. Preuve en est qu’elle n’a même pas un seul soldat parmi les forces de maintien de la paix. Pire, elle abrite et arme un groupe séparatiste», martèle M. Hilale.

Le Maroc signe le traité sur la protection de la biodiversité en haute mer

Le Maroc, représenté par l’ambassadeur représentant permanent auprès de l’ONU, Omar Hilale, a signé, lors d’une cérémonie tenue en marge de la 78e session de l’Assemblée générale de l’ONU, la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale (BBNJ). Le Royaume devient ainsi le 75e pays à avoir signé cet instrument juridiquement contraignant portant sur la protection des zones océaniques situées en dehors de la souveraineté et des zones économiques exclusives des États côtiers et qui permet d’agir dans les zones marines se situant en haute mer, dans les eaux internationales et qui ne relèvent pas de la juridiction nationale. Le Maroc a occupé une position de premier plan tout au long de ce processus de négociations qui a duré 18 ans. Il a représenté le groupe africain et a contribué de manière substantielle au consensus international ayant abouti à l’adoption de cette convention.

Sommet social mondial : le Maroc prend part à l’Action Lab organisé par le Club de Madrid

L’ambassadeur Hilale a pris part le 22 septembre à l’Action Lab organisé par le Club de Madrid en marge de la 78e session de l’AG de l’ONU et a partagé 7 messages et attentes de la perspective marocaine en prévision du Sommet social mondial qui se tiendra en 2025. Il a ainsi souligné que Sommet social mondial de 2025 servira de catalyseur pour accélérer les progrès vers les Objectifs de développement durable. Aussi, le diplomate marocain a indiqué que le financement est le nerf du développement et l’identification de stratégies de financement globales capables de préserver et de créer des emplois et de promouvoir les investissements dans les politiques du marché du travail est essentielle pour réaliser le progrès social.

Le Maroc organise la huitième réunion ministérielle du groupe des pays à revenu intermédiaire

En marge de la 78e session de l’AG de l’ONU, le Royaume du Maroc a organisé, le 22 septembre, la huitième réunion ministérielle du groupe de pays à revenu intermédiaire (PRI) sous le thème «Coopération au développement transformatrice avec et au sein des PRI». Lors de cette réunion, le groupe des PRI a adopté sa 8e déclaration ministérielle, qui a constitué la feuille de route pour ses travaux et ses priorités lors de la 78e session de l’AG de l’ONU. Par ailleurs, l’ambassadeur Hilale a annoncé lors de cette réunion que le Royaume du Maroc organisera une conférence ministérielle interrégionale pour les pays à revenu intermédiaire au premier trimestre 2024 sous le thème «Solutions pour relever les défis de développement des pays à revenu intermédiaire dans un monde en mutation».
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