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CAN 2025 : au-delà du sport, les vrais enjeux pour le Maroc

À quelques jours du coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des nations 2025, le Maroc entre dans la phase la plus visible de sa préparation : neuf stades répartis dans six villes, plus de 700.000 billets déjà vendus, des centaines de milliers de visiteurs attendus et une diffusion télévisée couvrant l’ensemble du continent africain. Mais au-delà de la mécanique sportive, des experts internationaux de la géopolitique du sport voient dans cette CAN un moment stratégique décisif. Pour le Royaume, il s’agit autant de démontrer une capacité organisationnelle de niveau mondial que d’affirmer un soft power régional et continental, dans une séquence pensée comme un prélude direct à la Coupe du monde 2030.

17 Décembre 2025 À 19:27

Il reste moins de quatre jours avant que le Maroc n’ouvre ses portes à la Coupe d’Afrique des nations 2025. Du Sénégal au Nigeria, de la Côte d’Ivoire à l’Afrique du Sud, les délégations mettent le cap sur le Royaume qui peaufine les derniers préparatifs logistiques et techniques. Partout, on met la dernière main aux chantiers et autre projets conçus spécifiquement pour cet événement : stades remis à niveau, axes routiers fluidifiés, dispositifs d’accueil fignolés, fanzones installées... Le pays se prépare à recevoir le football africain et, avec lui, l’attention du monde du sport.

Mais derrière cette mobilisation rondement menée, c’est autre chose qui se joue. Pour de nombreux observateurs internationaux, la CAN qui s’annonce ne se limite pas à un calendrier de matchs et à des tribunes pleines. Elle s’inscrit dans une séquence stratégique plus large, celle d’un Maroc qui utilise le sport comme un outil diplomatique, un levier de projection et un facteur de positionnement. Une CAN pensée non seulement comme une compétition à organiser, mais comme une scène sur laquelle le Royaume entend dire qui il est et ce qu’il sait faire, une vitrine où il peut exposer son expertise et son savoir-faire.

Pour décrypter ces enjeux, «Le Matin» a croisé les analyses de deux figures majeures du sport mondialisé. D’un côté, Simon Chadwick, professeur de sport et de géopolitique économique à SKEMA Business School Paris, dont les travaux irriguent régulièrement «Forbes», «The Economist», «The Wall Street Journal» ou «Time Magazine» et qui conseille gouvernements et organisations sportives sur les usages stratégiques du sport. De l’autre, James M. Dorsey, chercheur au S. Rajaratnam School of International Studies à Singapour, référence incontournable sur les liens entre football, pouvoir et diplomatie au Moyen-Orient et en Afrique, chroniqueur pour «Foreign Policy», «The Guardian» et «Middle East Eye».

Diplomatie du sport

Pour James M. Dorsey, la décision du Maroc d’accueillir la Coupe d’Afrique des nations 2025 ne relève ni de l’opportunité ni du hasard. Elle s’inscrit dans un mouvement global plus large, où les États investissent le sport, et le football en particulier, comme un instrument à part entière de leur politique étrangère et de leur stratégie d’influence. À l’image de plusieurs pays du Moyen-Orient, fait-il observer, le Royaume a progressivement fait du sport un pilier structurant de sa diplomatie. Cette orientation repose sur des fondations solides. Le Maroc, rappelle M. Dorsey, figure aujourd’hui parmi «les sélections les plus fortes d’Afrique et du monde arabe», et sa performance historique lors de la Coupe du monde 2022 a constitué un moment de bascule. Elle a non seulement accru la visibilité du pays sur la scène internationale, mais elle a aussi renforcé sa légitimité sportive et symbolique.

Au fil des années, le Royaume a ainsi façonné une identité singulière : celle d’un espace de jonction, d’un pont entre plusieurs mondes, entre l’Afrique et le monde arabe, entre l’Europe et le Sud global. Mais l’essentiel, aux yeux du chercheur, tient à une transformation plus profonde des mécanismes d’influence. «Les réputations nationales et la diplomatie ne se jouent plus exclusivement dans les chancelleries ou lors de sommets feutrés», souligne-t-il. Elles se construisent désormais dans l’espace public, à travers les échanges entre sociétés, la diplomatie culturelle, la diplomatie d’image, et, de manière croissante, par la capacité des États à organiser de grands événements internationaux et à s’y distinguer. C’est précisément sur ce terrain que s’inscrit l’organisation de la CAN 2025.

Par ailleurs, en accueillant le tournoi continental, le Maroc consolide une forme de diplomatie contemporaine, fondée sur l’expérience, la visibilité et la mise en scène de ses capacités. «Tout cela participe du rang international d’un pays», résume James M. Dorsey. Et à ses yeux, le Maroc agit ici avec cohérence, lucidité et sens du timing. Pour M. Dorsey, l’organisation de la CAN 2025 par le Maroc doit aussi être replacée dans un contexte plus large : celui d’un rééquilibrage des rapports de force à l’échelle mondiale, qui touche également le sport. «Nous assistons à une redistribution des centres de pouvoir dans presque tous les secteurs. Le sport n’y échappe pas», explique-t-il. Dans ce cadre, une organisation réussie ne fera que renforcer la position du Maroc dans ce paysage sportif mondialisé, sans pour autant modifier fondamentalement la nature de sa stratégie.

La CAN, une transition vers le Mondial

Néanmoins, la CAN 2025 n’est qu’un un point de passage. C’est le diagnostic des deux experts. C’est plutôt un moment où le Maroc teste ses capacités, affine son récit et expose sa méthode. À la fois vitrine continentale et répétition générale, le tournoi se veut un jalon structurant sur la route qui mène au rendez-vous de 2030, lorsque le Royaume accueillera, avec l’Espagne et le Portugal, la Coupe du monde. Pour James M. Dorsey, le Maroc ne se contente pas d’organiser un événement majeur : il confirme une stratégie d’influence déployée depuis vingt ans. «Le Royaume agit comme une puissance régionale. Il construit méthodiquement son influence en Afrique et en Méditerranée, et le sport est devenu un levier central de cette dynamique», explique le chercheur du S. Rajaratnam School of International Studies. Le Royaume a investi simultanément dans la diplomatie religieuse, la coopération sécuritaire, la présence économique en Afrique et désormais la diplomatie sportive. La CAN 2025 en est un jalon supplémentaire. «Les méga-événements contribuent au prestige international. Ils montrent la capacité logistique et organisationnelle d’un État», poursuit M. Dorsey.

Simon Chadwick est plus explicite encore : «La manière dont un tournoi est organisé dit beaucoup de ce qu’est un pays. Elle incarne des valeurs, une culture, une compétence». L’exemple du Qatar en 2022, rappelle-t-il, illustre comment un événement bien exécuté peut inverser un récit international défavorable. «L’expérience vécue façonne les perceptions. Si la CAN paraît bien organisée, agréable et fluide, elle deviendra un point d’engagement pour 2030.» L’événement n’est donc pas une fin en soi. Il est un test, un signal, un acte préparatoire. «La CAN est du travail préparatoire. Le vrai moment de bascule sera le Mondial 2030», conclut M. Chadwick.

Un projet ancien qui arrive à maturité

Pour les deux spécialistes, la CAN 2025 doit être replacée dans une trajectoire longue : celle d’un pays qui a candidaté à six reprises pour accueillir la Coupe du monde (1994, 1998, 2006, 2010, 2026) avant d’obtenir enfin l’édition 2030 avec l’Espagne et le Portugal. «Le Maroc a longtemps voulu organiser un Mondial. Ce n’est pas un accident, c’est la continuité d’un projet poursuivi depuis trente ans», souligne M. Chadwick. Et aujourd’hui, Rabat vise très haut : «Le Maroc fait un pari sérieux pour accueillir la finale de 2030. C’est une ambition réelle, portée au plus haut niveau de l’État.» Pour M. Dorsey, ce mouvement s’inscrit dans une logique géopolitique bien calculée : «Le Maroc ne cherche pas à concurrencer les États du Golfe ou de l’Asie qui investissent également énormément dans le sport ces dernières années. Il se concentre sur son aire naturelle : l’Afrique, l’Europe, la Méditerranée. Et il le fait intelligemment.»

L’écosystème de Foot

Pour le professeur Simon Chadwick, l’enjeu marocain dépasse largement la réussite d’un tournoi. Derrière la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030 se dessine un projet plus profond, celui de la construction du premier véritable écosystème sportif de grande ampleur en Afrique. «Ayant travaillé avec plusieurs acteurs impliqués dans l’organisation non seulement de la CAN et du Mondial, mais aussi au sein d’entités gouvernementales liées au sport, je peux dire qu’il existe une véritable volonté de bâtir un écosystème sportif africain durable et de taille significative», explique-t-il. L’une des pistes évoquées dans les cercles stratégiques marocains serait la création d’un fonds d’investissement public dédié au sport, à l’image de ce que représente le Public Investment Fund en Arabie saoudite. Un outil qui permettrait de structurer les investissements, d’attirer des capitaux et d’accompagner les entreprises du secteur.

Pour M. Chadwick, ce qui distingue particulièrement le Maroc, c’est l’articulation entre stratégie sportive et stratégie digitale. «J’ai constaté que la stratégie sportive marocaine était liée à sa stratégie numérique : encourager les startups, développer un avantage compétitif dans le sport et le gaming, stimuler l’innovation technologique.» Cette vision intégrée pourrait positionner le Maroc comme un hub continental pour les industries numériques liées au sport. L’expert insiste également sur une dimension essentielle : la performance, dans sa conception la plus large. Il ne s’agit pas seulement de gagner des matchs, mais de disposer de «l’infrastructure industrielle qui rend la performance possible» : salles de sport, équipementiers nationaux, technologies d’entraînement, solutions de data et d’analyse. Ce projet d’écosystème aurait, selon lui, des retombées économiques considérables, notamment au niveau de la création d’emplois dans des domaines variés (organisation d’événements, équipements, data, tech), la génération de recettes fiscales, l’augmentation du PIB national grâce à l’économie du sport, des opportunités d’exportation, notamment de services et solutions technologiques ainsi que l’attraction d’investissements étrangers, y compris de fonds américains ou du Golfe. Enfin, M. Chadwick estime que cet écosystème pourrait stimuler une nouvelle génération d’entrepreneurs marocains, en particulier la génération Z, désireux de créer des startups dans le sport tech, l’habillement, l’événementiel ou les contenus numériques. «C’est peut-être cela, finalement, l’héritage le plus important du modèle que le Maroc tente de construire», conclut-il.

Saisir l’opportunité narrative : maîtriser l’image du pays avant 2030

L’un des points majeurs sur lesquels convergent MM. Dorsey et Chadwick est la question du récit international. «Si le Maroc ne raconte pas son histoire, d’autres le feront à sa place, et pas forcément dans le bon sens», avertit M. Chadwick. Le chercheur observe déjà une montée des critiques : «Des organisations comme Human Rights Watch et Amnesty International commencent à examiner le Maroc. Cette pression augmentera à mesure que 2030 approchera.» Il insiste donc sur l’importance d’une communication proactive : «Le pays doit envoyer des messages clairs sur sa vision, ses valeurs, son identité.»

M. Dorsey contextualise cette exigence : «Les Marocains sont passionnés de football, mais leurs priorités sont l’éducation, la santé, l’emploi. La diplomatie sportive doit s’inscrire dans ce contexte local. C’est crucial.» L’image du pays dépendra autant de la gestion logistique du tournoi que de la manière dont il traite ses propres défis. M. Chadwick le formule sans détour : «Une CAN réussie sera vue en Afrique. Mais une Coupe du monde ratée serait vue dans le monde entier. Maintenant est le moment d’apprendre, de corriger et de se préparer.»

Les fractures internes : le défi que le Maroc doit impérativement adresser

Pour M. Chadwick, dont les travaux portent sur les liens entre sport, société et économie politique, il existe une vulnérabilité majeure que le Maroc doit anticiper : les inégalités sociales. «J’ai passé beaucoup de temps au Maroc récemment. Je sens un pays divisé. Les fractures économiques sont visibles.» Il propose une lecture très concrète : «Pendant que le Maroc construit le plus grand stade du monde, des milliers de personnes vivent encore sous des bâches dans l’Atlas. Cela attirera l’attention des médias internationaux.» À cela s’ajoute la récente expression du malaise social à travers les protestations de la jeunesse. «Les émeutes de la Génération Z autour des questions de santé et de protection sociale ne passeront pas inaperçues. Le Maroc doit montrer que le sport contribue réellement à la réduction des inégalités.» M. Chadwick recommande une stratégie de legacy sociale ambitieuse : «Ne pas se contenter de dire que le sport aide le pays. Le prouver. Produire des résultats mesurables, concrets, visibles.»

Ainsi, on peut dire que le Maroc possède une opportunité historique d’affirmer sa puissance, de moderniser sa société et de redéfinir son image internationale. C’est du moins ce qui ressort de l’analyse croisée de MM. Dorsey et Chadwick. La CAN 2025 n’est pas une fin, elle est le début d’un processus qui mène au Mondial 2030, à la construction d’un écosystème sportif africain et à une nouvelle place du Maroc dans la géopolitique du sport. Le défi est immense. Mais le potentiel l’est tout autant.

L’équation du coût, des bénéfices et des retombées non économiques

Lorsque S.M. le Roi Mohammed VI affirmait, dans Son message adressé à Kigali lors de la remise du Prix de l’Excellence de la CAF en 2022, avoir fait du football «un levier de réussite et de développement humain durable», il ne s’agissait ni d’une formule symbolique ni d’un hommage circonstanciel. Le Souverain y décrivait une vision structurée, étalée sur le long terme, articulant passion populaire, gouvernance, infrastructures et investissement dans le capital humain. «Le football est une vision d’avenir, un engagement de longue haleine, une gouvernance efficiente et transparente, et un investissement dans les infrastructures autant que dans le capital humain», déclarait S.M. le Roi. La CAN 2025 s’inscrit dans la droite ligne de cette vision. Elle permet au Royaume de parler à plusieurs publics à la fois : aux Africains, en tant que pays hôte et partenaire, aux investisseurs, en tant que territoire stable et organisé, aux institutions sportives internationales, en tant qu’acteur crédible, et au reste du monde, en tant que pays capable d’accueillir un événement continental majeur selon des standards élevés.

Combien ça coûte vraiment ?

Selon les estimations communiquées par les autorités marocaines, le budget directement lié à l’organisation de la CAN 2025 est évalué à environ 2,2 milliards de dirhams, couvrant l’ensemble des dépenses opérationnelles : sécurité, logistique, organisation des matchs, transport, communication et accueil des délégations. Mais cette enveloppe ne représente qu’une fraction de l’effort global. Dès octobre 2023, une convention de financement de 9,5 milliards de dirhams a été signée pour la rénovation et la modernisation de six grands stades dans les villes hôtes, aux normes CAF. Une seconde phase d’investissement, estimée entre 4,5 et 6 milliards de dirhams, est programmée à l’horizon 2028 pour l’alignement aux standards FIFA, dans la perspective du Mondial 2030. À cela s’ajoute la construction du Grand Stade de Benslimane, évaluée à près de 5 milliards de dirhams, appelé à devenir l’un des plus grands stades au monde.

En cumulant organisation et infrastructures sportives, l’effort public dépasse les 12 milliards de dirhams, sans compter les investissements connexes dans les transports, l’eau, l’énergie et l’aménagement urbain. Un point central est régulièrement mis en avant par le gouvernement : le montage financier. En juillet 2025, lors d’une conférence, Fouzi Lekjaâ, ministre délégué chargé du Budget et président de la Fédération Royale marocaine de football (FRMF), insistait sur un modèle fondé sur des partenariats public-privé, un amortissement sur vingt ans via la CDG (Caisse de dépôt et de gestion) et la Sonarges (Société nationale de réalisation et de gestion des équipements sportifs), et un objectif clair : ne pas grever le budget général de l’État.

Retombées économiques : un effet réel, mais à transformer

Que peut rapporter la CAN ? Les projections officielles avancent des retombées économiques globales supérieures à 500 millions d’euros, portées principalement par le tourisme, la consommation locale et les services. L’Office national marocain du tourisme (ONMT), en coordination avec la FRMF, table sur 700.000 à 800.000 visiteurs supplémentaires durant la période du tournoi. À la mi-novembre 2025, plus de 700.000 billets avaient déjà été vendus à des spectateurs issus de 113 nationalités, selon les chiffres communiqués lors du lancement de la campagne «Maroc, Terre de football». Les recettes attendues, estimées entre 5 et 12 milliards de dirhams, concerneront en priorité l’hôtellerie et la restauration, les transports, le commerce et l’artisanat et l’événementiel et les loisirs. Par ailleurs, un élément stratégique distingue la CAN 2025 : son positionnement hivernal. Organisée entre décembre et janvier, elle permet de créer une seconde saison touristique, dans une période traditionnellement creuse. «Nous pouvons passer de une à deux saisons touristiques», expliquait Fouzi Lekjaâ devant le Parlement, évoquant un levier conjoncturel mais structurant pour l’emploi et les revenus locaux. Les autorités en sont conscientes : l’impact économique d’un méga-événement est par nature ponctuel et géographiquement concentré. L’enjeu est donc moins le pic immédiat que la capacité à inscrire ces flux dans une dynamique durable, notamment en vue de 2030.

Le gain décisif : soft power, image et crédibilité africaine

Au-delà des chiffres, le véritable rendement de la CAN est immatériel. Il s’agit de crédibilité, d’image, de confiance. Pour le Maroc, la CAN 2025 est une démonstration de capacité : capacité à organiser, sécuriser, accueillir, gérer des flux humains et médiatiques à l’échelle continentale. Lors d’une réunion de haut niveau au ministère de l’Intérieur, en novembre 2025, les autorités ont qualifié la CAN de «vitrine internationale», appelée à montrer que le Maroc peut rivaliser avec les standards les plus exigeants de l’événementiel sportif mondial. Un message renforcé par la CAF elle-même : son secrétaire général, Véron Mosengo-Omba, a promis une CAN «de tous les records», évoquant des infrastructures de classe mondiale et un engouement inédit. Cette réussite est aussi diplomatique. Dès septembre 2023, Fouzi Lekjaâ évoquait une unanimité africaine autour du Maroc, soulignant que la CAN 2025 n’était pas seulement un honneur national, mais un pari africain collectif. Dans le discours officiel, le Royaume se présente comme porte-voix du football africain, trait d’union entre le continent et le monde.

Emploi, compétences et héritage : le test du temps long

Sur le plan social, la CAN 2025 a déjà généré plus de 10.000 emplois directs et indirects, principalement temporaires, dans la construction, la sécurité, la logistique et l’hôtellerie. La question centrale reste celle de l’après. Les autorités mettent en avant la montée en compétences : formation aux métiers de l’accueil international, de l’événementiel, de la gestion d’équipements sportifs. Les 24 camps de base, les stades rénovés et les infrastructures de transport continueront d’être utilisés bien après le dernier match. Des programmes éducatifs, menés avec l’Unesco et la Fondation Maroc 2030, visent à inscrire la CAN dans une logique de cohésion sociale, de participation des jeunes et de diffusion des valeurs du sport. Leur impact devra être évalué, mais l’intention est claire : faire du football un outil de développement humain, fidèle à la vision Royale.

La CAN 2025 est donc un pari. Un pari coûteux à court terme, stratégique à moyen terme, décisif à long terme. Son succès ne se mesurera pas uniquement à la qualité des matchs ou au remplissage des stades, mais à la capacité du Maroc à transformer l’événement en valeur durable : infrastructures utiles, image renforcée, compétences locales, attractivité consolidée. Comme l’a résumé Fouzi Lekjaâ devant les ambassadeurs africains : «La CAN 2025 n’est pas une fin. C’est un levier d’influence positive, au service du Maroc et de l’Afrique.»
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