LE MATIN
30 Avril 2025
À 20:45
Le
gouvernement s’apprête à franchir un cap important dans la réforme de la
justice pénale. Le ministre de la Justice,
Abdellatif Ouahbi a confirmé devant les parlementaires l’introduction prochaine d’une révision majeure : la sortie progressive du
droit pénal pour certains cas de
chèques sans provision.
Cette réforme vise à requalifier de nombreuses affaires actuellement considérées comme des délits en simples litiges civils. Il s'agit notamment de la dépénalisation de l’émission de chèques sans provisions entre époux. En d’autres termes, lorsqu’un
chèque sans provision est émis entre
conjoints, la
plainte ne pourra plus être instruite au
pénal, mais relèvera d’un
traitement civil.
Autre volet majeur de la réforme : la fin des
poursuites judiciaires dès que le chèque est réglé. "Quelle que soit la situation de l’émetteur – en détention, en fuite ou sous mandat de recherche – le paiement du montant dû en plus d'une amende de 1 à 5% à l'Etat entraîne automatiquement la fin des poursuites", a-t-il expliqué.
Un sursis sous bracelet électronique
Dans les cas où l’émetteur du chèque se retrouve en
difficulté financière, le projet prévoit une
période de grâce d’un mois, durant laquelle la personne porterait un bracelet électronique. "Si quelqu’un a donné un
chèque sans provision et qu’il a été placé en détention, que va-t-on faire ? On ne peut pas placer directement en détention quelqu’un qui a un problème de chèque. On a pensé à lui accorder un délai d’un mois en le mettant sous
bracelet électronique le temps de régler le montant du chèque. S’il ne paie pas, la partie civile a le droit de lui accorder à son tour un mois supplémentaire", a précisé le ministre.
Une réforme encore débattue, notamment sur les seuils
Certains points restent à trancher, notamment le montant à partir duquel l’émission d’un chèque sans provision pourrait encore justifier des poursuites pénales : 20.000 dirhams pour les uns, 5.000 dirhams pour d’autres. « La question du seuil reste à trancher » a affirmé
Ouahbi, notant que les discussions à ce sujet se poursuivent avec
Bank Al-Maghrib.
Le ministre a dans ce sens souligné que le
Maroc reste en retard par rapport aux normes et aux standards internationaux, plusieurs pays ayant depuis longtemps supprimé les
sanctions pénales pour les
chèques impayés.