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Crise des facultés de médecine : Après 300 jours de grève, ouverture du procès de 27 étudiants

La tension entre les étudiants en médecine et le ministère de l’Enseignement supérieur ne cesse de s'intensifier. Alors que ce dernier a tenu à minimiser l'ampleur du mouvement de contestation, les étudiants affirment que 90% ont boycotté les examens. Ce bras de fer, qui dure depuis plus de 300 jours, a atteint un nouveau point critique avec l'ouverture à Rabat du procès de 27 étudiants en médecine, poursuivis pour leur participation à des manifestations «non autorisées». Aucune issue ne se profile à l’horizon pour l’heure.

23 Octobre 2024 À 18:00

Les étudiants en médecine et en médecine dentaire ont réagi vigoureusement aux récentes déclarations d'Abdelatif Miraoui qui a minimisé l’ampleur de la grève qui paralyse les facultés de médecine depuis près d’un an. Le ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l'innovation avait affirmé lundi devant les députés de la Chambre des représentants que seulement 40% des étudiants boycottaient les cours et que 61% avaient passé les examens de rattrapage organisés début octobre. Des chiffres immédiatement réfutés par les futurs médecins, qui affirment que le taux de boycott des examens avoisine en réalité les 90%.



«Nous ignorons la méthode de calcul utilisée par le ministre pour fixer les taux de participation. En tout cas, seuls les étudiants concernés, à savoir ceux des facultés publiques, sont pris en compte, et non ceux des institutions privées ou des écoles militaires», explique un membre de la Commission nationale des étudiants en médecine et médecine dentaire, qui a requis l’anonymat.

Selon cette source, plus de 90% des étudiants à l'échelle nationale ont bel et bien boycotté les examens, malgré la tenue de sept sessions distinctes, toutes ignorées par les étudiants concernés. Et d’ajouter, pour étayer ses propos, que les conseils des facultés (réunissant professeurs, administrateurs et représentants des étudiants) ont fourni, à chaque session, des chiffres en phase avec ceux avancés par les bureaux des étudiants. «Voilà qui contredit les déclarations du ministre, alors même que ces facultés relèvent de son autorité», s’indigne cette source.

Au-delà des chiffres des uns et des autres, la crise est toujours là, car aucune issue ne se profile à l’horizon. Les étudiants se disent toujours déterminés à poursuivre leur combat et réaffirment leur attachement à leurs revendications. «Nous poursuivons notre lutte non par obstination, mais parce que nos revendications sont justes et essentielles pour notre formation. Elles portent sur quatre points fondamentaux, comme l'a d'ailleurs mentionné le ministre : la révision de la durée de formation, la réintégration des étudiants suspendus, le rétablissement des bureaux des étudiants et la garantie de conditions adéquates pour une reprise des cours», précise le même membre de la Commission. Ce dernier rappelle que les négociations se poursuivent avec le Médiateur du Royaume pour trouver un terrain d’entente.

«La plus longue grève de l’histoire du mouvement étudiant»

Dans un communiqué caustique rendu public lundi dernier, la Commission nationale des étudiants en médecine, en médecine dentaire et en pharmacie, a rappelé que «le gouvernement a battu un record avec cette grève qui dure depuis plus de 300 jours. C’est la plus longue de l'histoire des mouvements étudiants».

Tout en saluant les efforts du Médiateur du Royaume, qualifié d’interlocuteur sérieux et responsable, la Commission l’a exhorté à veiller à l'application des accords concernant la filière pharmacie, notamment la levée des sanctions disciplinaires. À cet égard, la Commission rappelle qu'une collègue, représentante des étudiants en pharmacie «suspendue injustement», voit son accès à son compte sur le site de l'université toujours bloqué.

Dans ce contexte fort tendu, le procès de 27 étudiants en médecine, internes et résidents, s'est ouvert hier à Rabat. Ces étudiants, poursuivis actuellement en liberté provisoire, avaient été arrêtés lors d'une manifestation le 26 septembre dernier devant l'hôpital universitaire Ibn Sina. Accusés de participation à un rassemblement non autorisé et d’insubordination, ils risquent des peines pouvant aller jusqu'à trois ans de prison, conformément aux dispositions du Code pénal.
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