01 Octobre 2023 À 18:04
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La semaine dernière, du 27 au 29 septembre, Marrakech a été un haut lieu de rencontre et d’échange entre experts internationaux venus des cinq continents. Un thème particulièrement pertinent a été ainsi traité : les risques liés notamment à la pénurie d’eau, à la pollution et au réchauffement climatique, à la sécurité alimentaire et aux catastrophes naturelles, et les moyens d’y faire face dans le cadre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Dans son discours d’ouverture officielle de cette Conférence, le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a mis en exergue l’approche innovante dans la réforme du secteur de la santé au Maroc. «En exécution des Hautes Directives Royales, le secteur de la santé vit actuellement au rythme d’un chantier de réforme innovant qui lui permettra d’instaurer un système de santé solide, doté d’institutions stratégiques capables de faire face aux défis actuels et futurs avec beaucoup d’efficacité et de résilience», a indiqué M. Akhannouch. À cet égard, il a souligné que les acquis réalisés, sous la conduite de S.M. le Roi Mohammed VI, dans la lutte contre la pandémie de Covid-19 a renforcé la résilience du système national de santé face aux crises sanitaires et l’action des différents départements et partenaires pour une gestion plus efficace et efficiente.
De son côté, le ministre de la Santé et de la protection sociale, Khalid Aït Taleb, a souligné que «la souveraineté sanitaire passe par la réduction des risques et ne saurait exister en l’absence d’une réponse aux questions de l’eau, de l’environnement et de la sécurité alimentaire». S’exprimant lors d’un panel organisé dans le cadre de cette deuxième Conférence africaine, M. Aït Taleb a indiqué que la santé est une question centrale qui sera affectée prochainement par des défis de taille, notant que la réduction des risques est transversale, nécessitant une harmonisation des différentes politiques publiques.
Ces défis, tout comme les différentes évolutions observées sur le terrain, notamment celles liées aux progrès technologiques, ont un impact sur le panier et le coût des soins, et aucune assurance maladie ou financement public ne sera à l’avenir en mesure de supporter les dépenses de santé, a expliqué M. Aït Taleb. La technologie change le métier de la santé, a-t-il dit, notant que la médecine de demain sera personnalisée et fera appel à plus de génomiques et de métabolomiques, d’où l’importance d’une vision commune et d’une résilience face aux risques sanitaires. Le ministre a, à cet effet, argué que le continent africain doit passer à l’action, envisager une meilleure convergence et devenir le pionnier en matière de protection sociale, pour pallier ce type de problèmes. «L’heure de l’Afrique a sonné», a-t-il affirmé.
Intervenant lors du panel consacré aux stratégies de réduction des risques liés à la sécurité alimentaires en Afrique et dans le monde, le ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Mohammed Sadiki, a, quant à lui, a indiqué que cette Conférence, qui offre l’opportunité de mobiliser l’Afrique sur une thématique d’une extrême importance, ambitionne de contribuer à stimuler l’édification d’une vision continentale, concertée pour la santé et le bien-être humain ainsi que des écosystèmes sur le continent africain. Notre continent, rappelle le ministre, «fait face à des défis en matière de santé, notamment en lien avec la disponibilité durable d’une alimentation saine et d’un environnement propre, ainsi que de l’accès à l’eau potable».
Dans le contexte que vit l’humanité tout entière, poursuit-il, «la vulnérabilité de nos systèmes alimentaires est encore une fois clairement dévoilée et exacerbée par les répercussions de la violence des changements climatiques entre sécheresse, inondations et immigrations des poissons, etc.» Cela, ajoute M. Sadiki, «affecte lourdement la sécurité et la souveraineté alimentaires qui sont devenues au centre des préoccupations politiques et économiques des pays». Pour le responsable gouvernemental, «la transformation de nos systèmes alimentaires et de nos chaînes de valeur agroalimentaires vers plus de durabilité et de résilience est «aujourd’hui une priorité pour assurer une sécurité alimentaire durable et résiliente en Afrique garantissant une préservation de l’accès à une alimentation salubre, diversifiée et nutritive tout en préservant nos ressources naturelles et nos écosystèmes».
Et le ministre d’affirmer que «la situation exige de nous tous la mise en avant du potentiel crucial de l’agriculture pour le traitement de la fragilité des systèmes de production et des chaînes de valeur alimentaires». «Le développement de l’agriculture est de toute évidence une condition de la souveraineté alimentaire. Il passe par l’élaboration d’une politique agricole forte, efficace et adaptée à chaque pays». Le développement de l’agriculture et la sécurité alimentaire, selon M. Sadiki, sont entre autres des défis communs pour tous les pays africains. «Le futur de la coopération intra-africaine repose sur la capacité à mieux traiter ces enjeux dans une perspective collective», estime-t-il. Cela requiert, d’après lui, des actions novatrices consolidées dans un processus de coopération et de partenariat».
Pour sa part, le ministre de l’Équipement et de l’eau, Nizar Baraka, a indiqué que «la gestion intégrée de la sécurité hydrique s’avère impérative pour atteindre l’indépendance dans les domaines du développement durable, à savoir l’énergie, l’alimentation et l’environnement, dans un contexte marqué par les changements climatiques et d’autres défis majeurs qui pèsent sur le monde en général et l’Afrique en particulier».
S’exprimant en ouverture du panel consacré au thème «Eau potable : ressources, exploitations agricoles, investissements continentaux et équité», M. Baraka a souligné que «les changements climatiques ont impacté les ressources en eau, à travers des phénomènes extrêmes comme les inondations soudaines et les longues périodes de sécheresse, mettant à mal les réserves d’eau et la sécurité alimentaire». À l’instar d’autres pays africains et arabes, le Maroc est confronté à de nombreux défis urgents et imbriqués, relatifs notamment à la raréfaction de l’eau, qui est exacerbée par les changements climatiques, la désertification, la perte de la biodiversité et la dégradation des terres, a-t-il rappelé.
Dans ce cadre, le ministre a affirmé que grâce à la politique visionnaire de S.M. le Roi Mohammed VI, le Maroc a pu construire une infrastructure hydraulique importante répartie au niveau de toutes les régions du Royaume pour assurer l’approvisionnement en eau potable, mais également pour l’irrigation, la production d’énergie hydroélectrique et la protection contre les inondations. Cette vision consiste également à achever la construction des barrages prévus et des réseaux d’interconnexion de l’eau entre les bassins et les stations de dessalement de l’eau de mer, outre le renforcement de l’approche de rationalisation de l’utilisation de cette ressource, a-t-il fait savoir.
M. Baraka a, dans ce contexte, mis en avant l’élaboration du Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027, axé sur le développement des ressources hydriques, l’approvisionnement en eau potable en milieu urbain et rural, la gestion de la demande, la communication et la sensibilisation à l’économie de l’eau. Les réformes entreprises par le Royaume concernent également l’orientation des agriculteurs vers les cultures les plus adaptées aux ressources en eau limitées, la modernisation de l’agriculture comme base essentielle pour assurer et développer la sécurité hydrique et alimentaire, et l’investissement dans l’innovation scientifique et technique, a-t-il noté.
Les participants à cette deuxième Conférence africaine sur la réduction des risques en santé ont plaidé pour la réflexion et la coopération entre les nations africaines en faveur de politiques de santé panafricaines, fondées sur des données probantes, l’application de la technologie et de l’innovation, ainsi que sur une capacité accrue à répondre aux catastrophes et urgences. À l’issue de trois jours de discussions, les décideurs, experts, spécialistes et professionnels africains et internationaux présents à ce conclave ont préconisé d’encourager une collaboration solide sous la direction de leaders et d’experts africains, tant publics que privés, pour le développement de la santé en Afrique. Ils ont également appelé à promouvoir un mouvement de solidarité commun mobilisant l’expertise Sud-Sud, qui permettrait d’atteindre une souveraineté sanitaire continentale, en plus de faciliter et d’encourager les partenariats fructueux et les collaborations solides entre experts d’Afrique et d’autres continents, et créer ainsi des bureaux de santé mondiaux. Enfin, ils ont invité à adopter une Charte panafricaine sur la réduction des risques sanitaires, laquelle intégrera tous les aspects médicaux, sociaux, économiques et psychologiques liés à la santé des diverses communautés africaines.