Yousra Amrani
27 Janvier 2025
À 19:45
La crise qui avait secoué les
Facultés de médecine et pharmacie du Maroc semble sur le point de ressurgir. Deux mois après la suspension de leur mouvement de grève, les étudiants dénoncent un retard inquiétant dans la mise en œuvre des engagements signés avec le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation.
Pour tenter de rétablir les ponts de dialogue, la
Commission nationale des étudiants en médecine a adressé, jeudi dernier, une correspondance officielle aux ministres de l’
Enseignement supérieur et de la
Santé. Par cette démarche, elle appelle à une réunion d’urgence pour accélérer l’application des points convenus dans l’accord et discuter des nouvelles difficultés qui, selon elle, menacent de perturber une fois de plus le cours normal de l’année universitaire.
Dans leur missive, les représentants des étudiants soulignent : «Après la fin des examens dans les Facultés publiques de médecine et de pharmacie, il est impératif que tous les acteurs travaillent de concert pour rétablir une vie universitaire normale». Ils insistent également sur l’urgence de «mettre en œuvre les différents engagements de l’accord et de traiter les problèmes actuels, dont les répercussions risquent de compromettre la confiance institutionnelle, un pilier essentiel pour tourner la page d’une crise qui a trop duré».
Une mise en œuvre au point mort
Selon un membre de la Commission nationale ayant requis l’anonymat, aucune des dispositions prévues par l’accord n’a été appliquée jusqu’à présent. Il explique : «Cette réunion serait l’occasion de dresser un bilan de l’état d’avancement de l’accord signé après une période de grève marquée par un boycott des cours et des stages. L’objectif est de suivre l’exécution du protocole, d’évaluer les progrès réalisés et de discuter des délais fixés, notamment pour certains points encore en suspens.»
Retard dans le versement des indemnités : un point de crispation
Parmi les principales revendications restées lettre morte figure le versement des bourses et des indemnités destinées aux étudiants en stage hospitalier. Ces compensations, obtenues dans le cadre de l’accord, devaient marquer une reconnaissance des efforts fournis par les étudiants dans un contexte hospitalier exigeant. «Ce retard est inacceptable. Nous avons tenu notre promesse en reprenant les cours et les stages, mais les engagements pris par le ministère tardent à être honorés», déplore la même source.
Le flou persistant : un défi insurmontable
Autre sujet d’inquiétude majeur : l’absence de promulgation des textes de loi nécessaires à l’application des réformes des études médicales, notamment la mise en place d’un nouveau statut pour les externes. À cela s’ajoute le retard dans la publication du cahier des charges encadrant la réforme du troisième cycle. Les étudiants pointent également un manque de visibilité concernant l’élargissement des terrains de stage, un enjeu crucial pour leur formation pratique. «La commission ne dispose toujours pas d’informations claires sur la manière dont les deux cursus de formation prévus par la réforme seront déployés. Ceux de la promotion 2023 suivront un cursus de Bac+7, tandis que ceux de 2024 basculeront vers un modèle de Bac+6. Ce flou persistant alimente un profond sentiment d’insécurité et de mécontentement parmi les étudiants», déplore une source proche du dossier.
Maintenir une politique de dialogue et de coopération
Dans leur correspondance, les étudiants mettent en avant l’importance de maintenir une politique de la main tendue et de renforcer la collaboration avec les ministères concernés. Ils réaffirment leur engagement en faveur d’un dialogue constructif pour trouver des solutions durables et préserver la stabilité du calendrier académique. Pour l’heure, les étudiants attendent une réponse rapide des ministres concernés, espérant que des actions concrètes permettront de surmonter ces obstacles et de garantir le respect des engagements pris.