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Nations unies : le Maroc conforte son statut d’acteur majeur de la diplomatie globale

À New York, le Maroc a multiplié rencontres bilatérales, accords et initiatives, inscrivant son action dans la droite ligne de sa doctrine en matière de politique extérieure. Du 9 au 23 septembre 2025, il a été sur tous les fronts faisant de la 80ᵉ Assemblée générale de l’ONU le rendez-vous idéal pour faire entendre sa voix et décliner ses visions. Derrière ce déploiement d’activité, un fil rouge s’impose : défendre le Sahara tout en projetant l’image d’un Royaume ouvert et fortement engagé dans les grandes questions de la diplomatie globale. Hub numérique avec le PNUD, groupe sur le sport et la migration, accord de coopération Sud-Sud, relance du processus atlantique et prolongement du plan «femmes, paix et sécurité» : autant de réalisations pour consolider les soutiens politiques et économiques, sans jamais perdre de vue le renforcement des acquis s’agissant de la souveraineté sur les provinces du Sud.

29 Septembre 2025 À 18:33

Au cours de la 80ᵉ Assemblée générale des Nations unies, tenue du 9 au 23 septembre 2025, le dossier du Sahara s’est imposé comme la priorité de la diplomatie marocaine. À New York, les États-Unis ont annoncé qu’ils encourageraient leurs entreprises à investir dans les provinces du Sud, le Kenya a salué l’initiative marocaine comme «la seule approche durable» et l’Équateur a réaffirmé son appui au plan d’autonomie. Conduite par Aziz Akhannouch et Nasser Bourita, la délégation marocaine a multiplié les rencontres et initiatives, plaçant la reconnaissance la souveraineté du Royaume sur ses province du Sud au cœur de son action, tout en l’accompagnant d’annonces dans les domaines du numérique, du sport, de la coopération Sud-Sud et de l’agenda femmes-paix-sécurité.

Le Sahara au centre de l’agenda

La première bataille a été politique et symbolique. Comme à chaque rendez-vous multilatéral, la délégation a placé la question du Sahara au cœur de son agenda. «Sa Majesté le Roi a enclenché une dynamique de soutien à l’initiative d’autonomie, dans le cadre de la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale du Royaume, comme seule base pour résoudre le différend régional», a rappelé Nasser Bourita à New York. Les signaux favorables n’ont pas manqué. Les États-Unis, alliés clés de Rabat depuis la reconnaissance de 2020, ont réaffirmé leur appui de manière concrète.
Christopher Landau, secrétaire d’État adjoint américain, a annoncé que Washington «encouragera les entreprises américaines qui souhaitent investir dans les provinces du Sud», y voyant une «reconnaissance économique» de la souveraineté marocaine. Pour sa part, Massad Boulos, conseiller spécial du Président Trump, a renchéri : «Le plan d’autonomie est la seule base pour une solution juste et durable.» Ces déclarations, qui dépassent le cadre diplomatique pour se traduire en perspectives d’investissements, marquent une évolution notable du soutien américain. Par ailleurs, au niveau de notre continent, le ministre kényan des Affaires étrangères, Musalia Mudavadi, a lui aussi apporté son appui : l’initiative marocaine «permet d’ouvrir la voie» et constitue, selon lui, «la seule approche durable» au conflit. Évoquant les infrastructures marocaines, il a salué les progrès accomplis en citant «Tanger Med, le réseau ferroviaire et le tourisme», présentés comme «un modèle à suivre».

Au niveau de l’Amérique latine, la participation du Maroc à la 80e AG des Nations unies a été marquée par une percée diplomatique majeure. À l’occasion de ce conclave multilatéral, le Paraguay a annoncé par la voix de son ministre des Affaires étrangères du Paraguay, Rubén Darío Ramírez Lezcano, qu’il «reconnaît la souveraineté du Maroc sur son Sahara et envisage l’ouverture d’un consulat dans les provinces du Sud du Royaume». «Nous soutenons la souveraineté du Maroc sur son Sahara, et nous envisageons l’ouverture prochaine d’un consulat du Paraguay dans cette région», a déclaré à la presse M. Ramírez Lezcano à l’issue d’un entretien avec le ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita.

Toujours au niveau de l’Amérique latine, Gabriela Sommerfeld, ministre équatorienne des Affaires étrangères, a déclaré que son pays réaffirmait son appui au plan d’autonomie, tout en souhaitant «renforcer les relations commerciales et sécuritaires avec Rabat». En plaçant le Sahara dans le champ d’une coopération économique bilatérale, Quito illustre l’élargissement progressif du cercle de pays prêts à afficher leur soutien. In fine, Bourita a insisté sur la ligne rouge marocaine : «Le Maroc ne peut s’engager dans des partenariats à même de porter atteinte à son intégrité territoriale».

Le Maroc, acteur global et proactif

Au-delà du Sahara, la délégation marocaine a voulu projeter l’image d’un pays acteur et non simple spectateur. «Le Royaume du Maroc est un acteur agissant et proactif dans la résolution des problématiques mondiales de l’heure», a déclaré M. Bourita, citant les contributions du Royaume sur le climat, la migration, la lutte contre le terrorisme ou encore la paix en Afrique. Le ministre a également souligné la nécessité d’«un cessez-le-feu immédiat, de l’acheminement de l’aide humanitaire et de la préservation des droits des Palestiniens à rester sur leur territoire», réitérant l’engagement du Maroc en faveur d’une solution à deux États et rappelant le rôle central de S.M. le Roi Mohammed VI, en sa qualité de Président du Comité Al-Qods.

Trois accords et cinq initiatives majeures

En plus du dossier du Sahara, le Maroc a cherché à démontrer, lors de cette Assemblée générale, qu’il ne se limitait pas à défendre ses positions territoriales, mais qu’il pouvait aussi peser sur des enjeux globaux. Trois accords ou lancements d’initiatives sont venus illustrer cette ambition. Le premier a concerné le numérique, avec l’inauguration du Hub Morocco Digital for Sustainable Development (D4SD), en partenariat avec le PNUD. Présenté comme un outil destiné à accélérer la transformation digitale en Afrique et dans le monde arabe, ce hub entend développer l’usage de l’intelligence artificielle dans la santé, l’éducation, la résilience climatique et la gouvernance. Aziz Akhannouch a insisté sur le rôle des nouvelles technologies comme levier de développement, affirmant que «la dynamique de développement ne peut aboutir sans la mobilisation d’investissements dans la numérisation et l’intelligence artificielle». Dans cette optique, Amal El Fallah Seghrouchni, ministre déléguée à la Transition numérique, a plaidé pour «une intelligence artificielle responsable et éthique, ancrée dans la confiance des citoyens».
Le deuxième chantier a porté sur le sport et la migration, avec la création du «Groupe des Amis pour le sport et la migration» en collaboration avec l’OIM. L’initiative vise à intégrer le sport dans la gouvernance migratoire, en mettant en avant ses vertus en matière d’inclusion et de cohésion sociale. «Sur un terrain, un migrant n’est pas un étranger, mais un coéquipier», a lancé Nasser Bourita. Au-delà du symbole, des programmes pilotes ont été annoncés, notamment dans le recrutement éthique et la formation professionnelle des jeunes.
Le troisième accord a été signé entre l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI) et le Bureau des Nations unies pour la coopération Sud-Sud (UNOSSC). L’objectif est de renforcer la coopération triangulaire, en positionnant le Maroc comme un trait d’union entre pays du Sud et institutions internationales, et en valorisant son expérience dans des domaines tels que la formation et le développement durable.

Processus des États africains atlantiques

À ces trois initiatives s’ajoute également l’organisation de la sixième réunion ministérielle du Processus des États africains atlantiques qui a réuni 23 pays autour des enjeux de sécurité maritime, d’économie bleue et de lutte contre la piraterie. Bourita a présenté ce mécanisme comme une «réalité vivante et dynamique», rappelant que l’espace atlantique africain concentre «plus de 30% des réserves de gaz offshore connues et 40% des ressources halieutiques du continent». De quoi donner à cette coopération un poids stratégique croissant. Par ailleurs, le Maroc a prolongé son Plan d’action national sur l’agenda femmes, paix et sécurité jusqu’en 2026 et officialisé son adhésion au réseau FFP+. «Sans les droits des femmes, ni la paix ni le développement inclusif ne peuvent véritablement perdurer», a affirmé M. Bourita, liant la question de l’égalité à la stabilité régionale. La haute représentante de l’Union européenne, Kaja Kallas, a salué cette décision, rappelant que Rabat fut l’un des premiers pays de la région à se doter d’un tel plan.

Un maillage bilatéral intensif

En marge des annonces multilatérales, le ballet diplomatique marocain s’est intensifié dans les couloirs de l’ONU. Nasser Bourita a enchaîné les face-à-face, inscrivant plus d’une dizaine de rencontres bilatérales à son agenda. La liste donne la mesure de la diversité des partenaires : Amy Pope, directrice générale de l’OIM, Hakan Fidan, chef de la diplomatie turque, Mohammad Ishaq Dar, vice-Premier ministre pakistanais, ou encore Samuel Okudzeto Ablakwa, ministre ghanéen des Affaires étrangères. À Amman, Rabat a trouvé un relais avec Ayman Safadi, son homologue jordanien, tandis qu’au sein du Golfe, Jassim Al-Budaiwi, secrétaire général du CCG, a réaffirmé l’intérêt des monarchies du Golfe pour la stabilité régionale. Louise Mushikiwabo, à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie, a également rencontré M. Bourita, dans une séquence marquée par les enjeux linguistiques et culturels.
Ainsi, le Maroc a pu consolider ses acquis sur le Sahara tout au long de l’Assemblée générale de l’ONU, multipliant les soutiens explicites au plan d’autonomie, de Washington à Nairobi en passant par Quito. Mais il a aussi démontré sa capacité à peser sur les grands débats mondiaux, du numérique à la coopération Sud-Sud, du sport à l’agenda femmes-paix-sécurité. Une manière de rappeler que la défense de l’intégrité territoriale va de pair avec une diplomatie active, tournée vers la stabilité et le développement à l’échelle régionale et internationale.
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