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Une fondation pour les journalistes : le Parlement veut renforcer la protection sociale dans les médias

Une nouvelle proposition de loi prévoit la création d’une Fondation autonome chargée d’améliorer les conditions de vie des professionnels de la presse. Couverture médicale, prêt logement, retraite complémentaire : cette initiative pourrait combler un vide structurel dans un métier fortement exposé.

23 Juillet 2025 À 17:10

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Voici une proposition de loi qui permettra sans nul doute d’améliorer les conditions de vie des journalistes et de leurs familles. Déposée il y a deux jours par le groupe parlementaire du Mouvement populaire au bureau de la Chambre des représentants, cette nouvelle initiative législative, élaborée par les députés Idriss Sentissi, Mohamed Ouzzine, Ibrahim Abba, Aziza Boujreeda, Nabil Dakhch, et Abdelmajid Benkamra, entend consolider les fondations d’un système médiatique plus juste, durable et professionnel.

Dans la note introductive relative à la proposition, les parlementaires rappellent que le secteur de la presse et des médias est un pilier fondamental de la démocratie, un outil essentiel pour la défense des droits, des libertés et pour l’accès à l’information. Pourtant, ce secteur reste privé d’un cadre d’action sociale, malgré l’importance de ses missions à l’échelle nationale et internationale. Ils soulignent également que le journalisme joue un rôle crucial dans la consolidation de la confiance entre les institutions et les citoyens, tout en accompagnant les grandes réformes engagées au Maroc. Cependant, la précarité sociale de nombreux professionnels – qu’ils travaillent dans les médias publics, privés ou numériques – demeure préoccupante. Faible couverture médicale, absence de programmes de logement, peu d’opportunités de formation continue et aucun cadre institutionnel pour les soutenir : tels sont les constats dressés par les auteurs du texte.



Objectifs et services de la future fondation

Le texte de loi, structuré en cinq chapitres et treize articles, définit les missions de la future fondation : soutenir l’accès au logement, offrir une couverture médicale complémentaire, proposer des prêts sociaux, organiser des activités culturelles et sportives, assurer la formation continue et la qualification professionnelle, ainsi que dispenser des aides exceptionnelles pour l’éducation, le pèlerinage et la retraite complémentaire.

La «Fondation des œuvres sociales pour la presse et les médias», comme elle serait officiellement nommée, serait une entité dotée de la personnalité juridique et de l’autonomie financière. Son siège serait à Rabat, avec possibilité d’ouvrir des antennes régionales sur décision du conseil d’administration. Elle s’adresserait aux journalistes professionnels, aux employés des établissements de presse, aux retraités du secteur et à leurs familles, ainsi qu’aux ayants droit des professionnels décédés.

Organisation, gestion et financement

S’agissant de l’organisation de cette instance, le texte prévoit que la fondation soit gérée par un conseil d’administration présidé par le ministre de la Communication ou son représentant, composé de membres des ministères concernés, de représentants élus parmi les adhérents, de membres des instances professionnelles de la presse, ainsi que du directeur général de la fondation. Le conseil d’administration aura pour mission de définir les orientations stratégiques, de valider les budgets, les programmes d’action et les conventions de partenariat. Quant à la gestion quotidienne, elle sera assurée par un directeur général.

Côté financement, la fondation bénéficierait des crédits alloués par l’État, des contributions des établissements de presse, des cotisations des adhérents et enfin des dons, legs et recettes issues des activités de la fondation. Elle sera par ailleurs soumise au contrôle financier de l’Inspection générale des finances et de la Cour des comptes, ainsi qu’à un audit annuel mené par un cabinet d’expertise comptable mandaté pour trois ans.

Une réponse à une attente ancienne

Enfin, le projet de loi précise que les employés de la fondation seront recrutés selon un statut propre, avec la possibilité de recourir à d’autres profils conformément à la législation en vigueur. Il est clair que la création d’une Fondation des œuvres sociales pour les professionnels de la presse et des médias constituerait sans nul doute une avancée majeure pour un secteur aussi exposé que sous-protégé. En proposant une couverture élargie et des services concrets, cette proposition de loi permettra certainement de renforcer la stabilité, la dignité et la reconnaissance du travail journalistique, tout en consolidant les bases humaines d’un système médiatique plus juste, durable et professionnel. La balle est désormais dans le camp du législateur.
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