Brahim Mokhliss
06 Novembre 2024
À 11:35
Les célébrations du 49e anniversaire de la
Marche Verte dans les
provinces du Sud ont pris, cette année, une dimension particulièrement symbolique à
Tan-Tan. Alors que les premiers rayons de soleil caressaient les eaux de l’Atlantique en cette matinée du 4 novembre, une effervescence inhabituelle régnait sur le port. Dans cette ville côtière du
Sahara marocain, précisément dans la commune d’El Ouatia, le wali de la région de Guelmim-Oued Noun,
Mohamed Najem Abhay, la présidente de la région,
Mbarka Bouaïda, le nouveau gouverneur de Tan-Tan,
Abdellah Chater, et de nombreux élus et autres représentants des autorités locales et régionales ont donné le coup d’envoi de projets aussi ambitieux que structurants pour la région. Des projets qui, au-delà de leur dimension technique, incarnent la continuité de l’esprit de la Marche Verte : transformer le désert en terre de développement et de prospérité, le projet le plus important étant la modernisation du port de Tan-Tan.
Le symbolisme d’un lancement
C’est sous le signe de la continuité historique que le
port de Tan-Tan entame sa mue. Le choix des festivités du 6 novembre, date de l’anniversaire de la Marche Verte, pour lancer ce vaste chantier de modernisation n’est pas anodin. Quarante-neuf ans après cet événement historique qui a marqué la récupération des provinces du Sud, le Maroc poursuit son engagement pour le développement de ces territoires. La présence de Mbarka Bouaïda, présidente de la région de Guelmim-Oued Noun, aux côtés du wali Mohamed Najem Abhay et du gouverneur Abdallah Chater, témoigne de l’importance stratégique accordée à ce projet.
Un port stratégique en pleine mutation
Construit en 1977 et opérationnel depuis 1982, le
port de Tan-Tan s’est imposé comme un pilier de l’économie régionale. Située à 25 kilomètres au sud de la ville éponyme et à 350 kilomètres d’Agadir, cette infrastructure portuaire de 78,5 hectares, dont 27 hectares de bassin, occupe une position géographique privilégiée (28°30 Nord et 11°21 Ouest). Sa position centrale sur l’axe Tanger-Lagouira en fait un point névralgique pour le développement économique du Royaume.
Une modernisation à multiples facettes
Le programme de modernisation lancé lundi 4 novembre se décline en plusieurs volets complémentaires qui visent à transformer en profondeur les capacités du port :
• La révolution hydraulique : au cœur du projet se trouve la station de déminéralisation des eaux saumâtres, un investissement de 47,7 millions de dirhams. Fonctionnant par osmose inverse, cette installation produira 17 litres d’eau par seconde et sera dotée d’un réservoir de 200 mètres cubes. La mise en place de cette station répond à des objectifs stratégiques clairement définis. Premier défi : atteindre l’autosuffisance en eau potable au sein du port, une nécessité cruciale pour une infrastructure de cette envergure. Le projet vise également à répondre à une demande croissante en eau, anticipant ainsi les besoins futurs liés au développement des activités portuaires. L’amélioration des conditions d’exploitation constitue un autre axe majeur, tout comme le renforcement des activités de production de glace, essentielles pour soutenir le secteur de la pêche maritime, véritable poumon économique de la région. Cette station, dont la construction s’étalera sur 12 mois, s’inscrit parfaitement dans la vision d’un port moderne, autonome et respectueux de l’environnement.
• Infrastructure et développement durable : la modernisation comprend également la réhabilitation du réseau d’assainissement (17 millions de dirhams), incluant plus de 5.310 mètres de canalisations et deux stations de pompage. Le volet électrique n’est pas en reste avec une mise à niveau des réseaux basse et moyenne tension (5 millions de dirhams). Une centrale solaire, budgétée à 11,5 millions de dirhams, viendra compléter ce dispositif, incarnant l’engagement environnemental du projet.
• Modernisation des infrastructures portuaires : les travaux incluent aussi la réhabilitation des terre-pleins et des quais de déchargement du poisson (24,5 millions de dirhams), ainsi que la restauration des voiries en deux tranches (32 millions de dirhams au total). Ces améliorations visent à optimiser les conditions d’exploitation et à soutenir le secteur de la pêche maritime.
Un modèle de partenariat régional
La particularité de ce projet réside dans son mode de financement paritaire : l’
Agence nationale des ports (ANP) et la
région de Guelmim-Oued Noun contribuent chacune à hauteur de 50% du budget total. Cette collaboration illustre une nouvelle approche du développement territorial, où les régions s’impliquent directement dans les grands projets structurants.
Impact socio-économique attendu
Le projet s’inscrit dans une vision plus large de développement régional. Pour les élus de la province, cette modernisation devrait favoriser la création d’emplois indirects dans divers secteurs : restauration, hôtellerie et services spécialisés liés aux activités portuaires. La province de Tan-Tan, qui compte 86.134 habitants répartis sur 17.300 km², voit dans ce projet une opportunité de diversifier son économie, historiquement dominée par la pêche.
Perspectives d’avenir
À l’horizon 2027, le
port de Tan-Tan ambitionne de devenir un modèle de développement portuaire durable. Cette modernisation s’inscrit dans la stratégie portuaire nationale à l’horizon 2030, qui prévoit notamment la possibilité d’implanter un chantier naval régional. Le port se positionne ainsi comme un catalyseur du développement régional, alliant performance économique et responsabilité environnementale. La modernisation du port de Tan-Tan représente plus qu’un simple projet d’infrastructure. C’est un symbole de la continuité de l’engagement du Maroc envers ses provinces du Sud, une promesse de développement économique et un modèle de transition écologique. En célébrant le 49e anniversaire de la Marche Verte par le lancement de ce chantier, le Royaume réaffirme sa vision d’un développement territorial inclusif et durable.