Ayda Benyahia
08 Octobre 2025
À 19:04
Parce qu’elle incarne à la fois le gage de la justice et de la dignité, la
santé ne saurait être un privilège ni un apanage. En effet, ce principe, simple dans son énoncé, mais exigeant dans sa mise en œuvre, fonde aujourd’hui l’une des aspirations les plus profondes de la
jeunesse marocaine. Héritière d’une conscience civique affirmée, la
génération Z interpelle le
gouvernement sur un droit qu’elle voit trop souvent célébré dans les textes, mais négligé dans les faits. Son exigence, à la fois morale et civique, trouve aujourd’hui un écho dans la position du
Parti du progrès et du socialisme. Par la voix de sa Commission santé, le parti appelle à une refonte globale du service public, pour en restaurer la crédibilité, renforcer l’équité et replacer la santé au cœur du pacte national.
Entre fracture et espérance sanitaire
Dans son analyse, la Commission santé du Parti du progrès et du socialisme constate une situation préoccupante. «Le droit à la santé ne se discute pas, il s’exerce», rappelle-t-elle, soulignant que ce principe constitutionnel engage l’État bien au-delà des déclarations d’intention. En effet, des grandes villes aux centres régionaux, en passant par les localités reculées, les citoyens affrontent les mêmes fragilités : hôpitaux débordés, ressources humaines insuffisantes, gouvernance dispersée. Partout, un même fondement du système public vacille : l’égalité devant le soin.
Ainsi, la Commission souligne que les articles 31 et 154 de la Constitution engagent l’État à garantir un accès équitable et transparent aux soins, fondé sur la qualité et la responsabilité. Pourtant, sur le terrain, la jeunesse observe un tout autre visage de la santé publique : l’accès aux soins de base (examens de radiologie, analyses biologiques, kinésithérapie ou psychothérapie) demeure inégal, coûteux et largement tributaire du lieu de résidence. «Là où la loi promet, la réalité dément», indique la Commission, pour décrire l’écart persistant entre l’intention publique et sa mise en œuvre.
Face à ce décalage, le citoyen ne peut plus demeurer spectateur. Il ne cède ni à la colère ni à la lassitude, mais attend la cohérence d’un État fidèle à ses promesses et à ses principes. Car insiste la Commission santé du PPS, réformer la santé publique ne consiste pas à ajuster l’accessoire, mais à restaurer l’essentiel : un droit universel, concret et partagé, où la protection de chacun consacre la dignité de tous.
Agir avant l’usure
Face à ce constat, la Commission appelle à une action résolue et concertée. L’heure n’est plus aux constats successifs, mais aux décisions capables de redonner au service public sa cohérence et son sens. Dans cette optique, elle plaide pour un redéploiement des moyens humains et financiers afin de répondre aux besoins réels du terrain. Il s’agit, précise-t-elle, de renforcer les centres de santé selon les spécificités de chaque territoire, d’augmenter les effectifs médicaux, paramédicaux et administratifs, et d’ouvrir des canaux de dialogue directs avec la jeunesse, première concernée par ce droit fondamental.
En parallèle, la Commission met avant la nécessité de repenser la gouvernance du secteur, en instaurant des mécanismes de transparence et de reddition de comptes à tous les niveaux. «La santé ne peut être administrée comme un budget, elle se gouverne comme un droit», souligne-t-elle, pour rappeler que la responsabilité publique ne se mesure pas en chiffres, mais en équité. Dans cette perspective, elle appelle également à un accompagnement social accru dans les établissements hospitaliers, avec davantage de personnels d’assistance et d’orientation pour simplifier les démarches et rendre le parcours de soin plus humain. Selon elle, une révision des prix des médicaments et l’application rigoureuse du Tarif national de référence (TNR) apparaissent indispensables afin d’assurer une meilleure cohérence entre couverture sociale et pouvoir d’achat.
Sur le plan préventif, l’instance sanitaire du PPS préconise des campagnes de sensibilisation continues et ciblées, adaptées aux réalités de la jeunesse, rappelant que prévenir coûte moins cher que guérir et demeure un acte de justice envers les générations futures. Enfin, elle souligne l’importance d’un alignement sur les normes internationales, afin de rehausser la qualité des soins et d’affermir la crédibilité du système national. «La santé publique est un investissement stratégique dans l’avenir du Maroc et dans sa stabilité sociale», conclut la Commission santé du PPS, soulignant que ce droit fondamental demeure la pierre angulaire d’un développement durable et d’un État juste.