Yousra Amrani
09 Décembre 2024
À 16:05
Le secrétaire général du
Parti du progrès et du socialisme (PPS),
Nabil Benabdallah, a formulé des critiques acerbes à l'encontre du
bilan gouvernemental présenté par le Chef de l’Exécutif à mi-mandat devant le
Parlement.
S’appuyant sur des données officielles, il a souligné la gravité de la situation socio-économique, illustrée par un taux de
chômage national de 13,7% et un chômage des jeunes atteignant un inquiétant 36%. S’exprimant lors d’une rencontre organisée samedi dernier par son parti au
complexe administratif de Bernoussi à
Casablanca, le leader du PPS a également abordé la
couverture sanitaire universelle, présentée par l’Exécutif comme un jalon majeur de son action. Il a tenu à rappeler que cette initiative était avant tout le fruit d’une impulsion Royale, reprochant au
gouvernement de s’en attribuer le mérite, alors que son rôle s’est limité à accélérer la mise en œuvre de ce projet.
Des slogans creux et une stratégie floue
Dans une critique au ton encore plus virulent, Nabil Benabdallah a accusé le gouvernement de se complaire dans des discours dénués de substance, estimant que cette stratégie masque une incapacité flagrante à répondre aux attentes des citoyens et à traiter les défis majeurs du pays. Il a fustigé l'absence de vision et de volonté politique des partis formant la coalition au pouvoir, qu’il juge indifférents aux préoccupations réelles des Marocains et aux dossiers stratégiques. L’
inflation galopante, avec une hausse des prix avoisinant 13,5%, a également été au cœur de ses critiques. Le secrétaire général du PPS a dénoncé une détérioration préoccupante du
pouvoir d’achat, affirmant qu’une baisse de 82,5% frappe plusieurs catégories sociales, tandis que le gouvernement célèbre une augmentation des recettes fiscales, obtenues selon lui au détriment des citoyens les plus fragiles.
Un modèle agricole à contre-courant des objectifs nationaux
Sur le plan agricole, M. Benabdallah s’en est pris aux résultats mitigés du Plan Maroc Vert. Il a déploré que 77% des productions agricoles, notamment des fruits comme le melon d’eau et l’avocat, soient destinées à l’exportation, alors même que le pays dépend des importations alimentaires à hauteur de 77 milliards de dirhams par an. Une situation qu’il a qualifiée d’antinomique aux ambitions d’autosuffisance alimentaire affichées par ce plan. Le constat est tout aussi sombre pour le monde rural, où M. Benabdallah a déploré une baisse des revenus, une intensification de l’exode vers les villes et des niveaux de chômage particulièrement inquiétants. Il a rappelé que les taux de chômage, déjà élevés, frappent encore plus durement les jeunes, atteignant des niveaux record.
Inégalités sociales et désillusion face à l’État social
En matière de couverture sociale, Nabil Benabdallah a dénoncé les inégalités criantes qui persistent, notant que 8,5 millions de Marocains en sont encore exclus. Il a également souligné la dépendance quasi exclusive du système du secteur privé, 95% des bénéficiaires de la couverture santé étant orientés vers des cliniques privées. En guise de conclusion, le secrétaire général du PPS a remis en cause la conception d’un «État social» défendue par le gouvernement, qu’il a qualifiée de «produit défectueux». Appelant à une mobilisation nationale pour combattre la corruption, il a insisté sur l’urgence de restaurer la confiance des citoyens dans l’action politique et d’engager une véritable dynamique de redressement national.