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Chômage, inflation, inégalités... le sévère réquisitoire de Nabil Benabdallah contre l’Exécutif

Le secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme, Nabil Benabdallah, n’a pas mâché ses mots en s’attaquant au bilan à mi-mandat présenté par le Chef du gouvernement devant le Parlement en avril dernier. Lors d’une intervention à Casablanca samedi dernier, le chef de file du parti du livre a fustigé une gouvernance qu’il a qualifiée de déconnectée des réalités et marquée par des promesses non tenues, des slogans creux et une incapacité à répondre aux attentes des citoyens. Dans un contexte de crise économique et sociale exacerbée, M. Benabdallah a pointé du doigt la flambée des prix, l’érosion du pouvoir d’achat et les défaillances dans la gestion des projets stratégiques, tout en appelant à un sursaut national pour sortir le pays de l’impasse.

09 Décembre 2024 À 16:05

Le secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), Nabil Benabdallah, a formulé des critiques acerbes à l'encontre du bilan gouvernemental présenté par le Chef de l’Exécutif à mi-mandat devant le Parlement.



S’appuyant sur des données officielles, il a souligné la gravité de la situation socio-économique, illustrée par un taux de chômage national de 13,7% et un chômage des jeunes atteignant un inquiétant 36%. S’exprimant lors d’une rencontre organisée samedi dernier par son parti au complexe administratif de Bernoussi à Casablanca, le leader du PPS a également abordé la couverture sanitaire universelle, présentée par l’Exécutif comme un jalon majeur de son action. Il a tenu à rappeler que cette initiative était avant tout le fruit d’une impulsion Royale, reprochant au gouvernement de s’en attribuer le mérite, alors que son rôle s’est limité à accélérer la mise en œuvre de ce projet.

Des slogans creux et une stratégie floue

Dans une critique au ton encore plus virulent, Nabil Benabdallah a accusé le gouvernement de se complaire dans des discours dénués de substance, estimant que cette stratégie masque une incapacité flagrante à répondre aux attentes des citoyens et à traiter les défis majeurs du pays. Il a fustigé l'absence de vision et de volonté politique des partis formant la coalition au pouvoir, qu’il juge indifférents aux préoccupations réelles des Marocains et aux dossiers stratégiques. L’inflation galopante, avec une hausse des prix avoisinant 13,5%, a également été au cœur de ses critiques. Le secrétaire général du PPS a dénoncé une détérioration préoccupante du pouvoir d’achat, affirmant qu’une baisse de 82,5% frappe plusieurs catégories sociales, tandis que le gouvernement célèbre une augmentation des recettes fiscales, obtenues selon lui au détriment des citoyens les plus fragiles.

Un modèle agricole à contre-courant des objectifs nationaux

Sur le plan agricole, M. Benabdallah s’en est pris aux résultats mitigés du Plan Maroc Vert. Il a déploré que 77% des productions agricoles, notamment des fruits comme le melon d’eau et l’avocat, soient destinées à l’exportation, alors même que le pays dépend des importations alimentaires à hauteur de 77 milliards de dirhams par an. Une situation qu’il a qualifiée d’antinomique aux ambitions d’autosuffisance alimentaire affichées par ce plan. Le constat est tout aussi sombre pour le monde rural, où M. Benabdallah a déploré une baisse des revenus, une intensification de l’exode vers les villes et des niveaux de chômage particulièrement inquiétants. Il a rappelé que les taux de chômage, déjà élevés, frappent encore plus durement les jeunes, atteignant des niveaux record.

Inégalités sociales et désillusion face à l’État social

En matière de couverture sociale, Nabil Benabdallah a dénoncé les inégalités criantes qui persistent, notant que 8,5 millions de Marocains en sont encore exclus. Il a également souligné la dépendance quasi exclusive du système du secteur privé, 95% des bénéficiaires de la couverture santé étant orientés vers des cliniques privées. En guise de conclusion, le secrétaire général du PPS a remis en cause la conception d’un «État social» défendue par le gouvernement, qu’il a qualifiée de «produit défectueux». Appelant à une mobilisation nationale pour combattre la corruption, il a insisté sur l’urgence de restaurer la confiance des citoyens dans l’action politique et d’engager une véritable dynamique de redressement national.
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