LE MATIN
16 Avril 2025
À 12:10
Mardi 15 avril 2025, lors de la séance des questions orales à la Chambre des conseillers, le ministre de l’Équipement et de l’Eau,
Nizar Baraka a relevé une nette amélioration de la situation hydrique au
Maroc. Selon lui, les précipitations enregistrées ces dernières semaines ont permis de reconstituer une partie importante des
réserves en eau, couvrant ainsi l’équivalent d’une année et demie de besoins en eau potable. Tous les
bassins hydrauliques du Royaume ont bénéficié de ces apports, entraînant une augmentation de 45% du volume d’eau retenu dans les
barrages, par rapport à la même période en 2024.
Malgré ces données encourageantes, le responsable a tenu à nuancer son propos. Le
Maroc reste en situation de
stress hydrique modéré, avec un déficit de l’ordre de 58 % par rapport aux niveaux normaux des
ressources en eau. Cela signifie que le pays continue de subir les effets de la
sécheresse structurelle, exacerbée par le changement climatique et la pression croissante sur les ressources naturelles.
Envasement des barrages : des pertes de 50 millions de m³ de capacité de stockage par an
Nizar Baraka a indiqué que l’
envasement des barrages engendre chaque année une perte de 50 millions de mètres cubes de capacité de stockage, notant que son département accorde une attention particulière à cette problématique, qui se pose actuellement avec acuité. Dans ce contexte, le ministre a précisé que des études ont été réalisées pour évaluer les pertes de capacité de retenue causées par l’envasement, à la suite desquelles plusieurs mesures préventives ont été adoptées, notamment la signature d’une convention avec l’
Agence nationale des Eaux et Forêts visant à intensifier les opérations de
reboisement afin de limiter l'envasement des barrages.
La question de l’envasement est désormais prise en compte lors de la conception des nouveaux barrages, en prévoyant un volume dédié à l’accumulation des sédiments pour une durée d’exploitation d’au moins 50 ans, permettant ainsi de rentabiliser les coûts de construction de ces
ouvrages hydrauliques, a-t-il ajouté. Suite à la succession des épisodes de sécheresse, un programme d’
extraction des sédiments a été mis en place pour certains barrages de petite taille, a relevé le ministre, notant toutefois que le coût de cette opération demeure élevé, atteignant 70 DH par mètre cube. Face à cette réalité, il a souligné la nécessité d’envisager d’autres approches, telles que la surélévation de certains grands barrages, afin d’augmenter leurs capacités de stockage et de prévenir la problématique de l’envasement.
Reprise progressive de l'irrigation agricole
Par ailleurs, Nizar Baraka a affirmé que l'amélioration des réserves a ouvert la voie à une augmentation des volumes d’eau alloués à l’
agriculture. Les niveaux des
nappes phréatiques, qui avaient atteint des seuils critiques dans plusieurs régions, montrent également des signes de reconstitution.
Certaines zones particulièrement exposées, comme
Errachidia et
Zagora, disposent désormais de réserves suffisantes pour couvrir trois années de consommation en
eau potable. Une évolution rendue possible par les barrages récemment mis en service dans ces régions.
Le responsable a insisté sur la nécessité de poursuivre les investissements dans les grands projets hydriques. Parmi les priorités figurent le dessalement de l’eau de mer, la réutilisation des eaux usées traitées, ainsi que l’extension du réseau d’interconnexion entre les bassins hydrauliques.