Brahim Mokhliss
26 Mai 2025
À 10:01
Alors que l’Afrique cherche à redéfinir ses modèles de développement économique, la question de l’égalité des genres s’impose comme un enjeu majeur. Réunissant 2.000 dirigeants d’entreprises, investisseurs et décideurs publics venus de plus de 75 pays, l’édition 2025 de l’
Africa CEO Forum, qui a eu la semaine dernière à Abidjan, a mis en lumière la nécessité d’inclure toutes les forces vives du continent dans la dynamique de croissance. L’attribution du
Prix «Gender Leader» et les débats autour du
«New Deal» public-privé témoignent de cette prise de conscience collective : l’avenir économique de l’Afrique passe par une transformation inclusive de ses structures productives.
Des inégalités persistantes malgré les progrès
Les chiffres révèlent l’ampleur du défi à relever sur le continent africain. Selon l’
Organisation internationale du travail (OIT), les femmes africaines demeurent largement sous-représentées dans les postes de direction, malgré la progression continue de leur niveau d’éducation. Dans plusieurs régions d’Afrique, les écarts de participation au marché du travail entre hommes et femmes dépassent encore 20%. Les inégalités salariales restent également préoccupantes. ONU Femmes indique que les femmes perçoivent en moyenne 21% de moins que les hommes en Afrique de l’Est et australe, à niveau de qualification équivalent.
Un prix pour récompenser les initiatives concrètes
Face à ces défis, l’
Africa CEO Forum a créé le
Prix «Gender Leader» pour distinguer les entreprises opérant en Afrique et engagées concrètement en faveur de l’égalité professionnelle. Cette année, la distinction a été attribuée à Schneider Electric (présente au Maroc), reconnaissant ainsi les efforts structurants déployés par l’entreprise dans ses politiques d’inclusion et de diversité. Cette reconnaissance s’inscrit dans une démarche plus large du Forum visant à promouvoir l’égalité professionnelle comme un levier essentiel de transformation durable pour le continent.
Des objectifs ambitieux et mesurables
Schneider Electric s’est fixé des objectifs chiffrés ambitieux d’ici fin 2025 : 50% de femmes dans les recrutements, 40% de femmes managers en première ligne managériale et 30% de femmes dans les équipes dirigeantes. L’entreprise agit à tous les niveaux, incluant la promotion des femmes à des postes de leadership, le mentorat et des politiques RH équitables. Ryad Bouanimba, vice-président RH pour le Cluster Afrique francophone et Îles, a insisté sur la dimension collective de cette démarche : «Ce prix est le fruit d’un effort collectif. Chaque collaborateur, chaque manager, chaque dirigeant chez Schneider Electric contribue, au quotidien, à faire progresser la place des femmes dans notre organisation.»
Un «New Deal» pour rebattre
les cartes L’édition 2025 a réuni 2 000 CEO, investisseurs et décideurs publics de plus de 75 pays autour d’une question centrale : «Un New Deal public-privé peut-il rebattre les cartes en faveur du continent ?» Dans un contexte mondial marqué par la montée du protectionnisme, la réduction de l’aide au développement et des coûts d’endettement élevés, cette réflexion prend une dimension stratégique.
Le « New Deal » proposé s’articule autour de trois piliers fondamentaux : l’amélioration de la gouvernance, l’optimisation des politiques publiques et l’accélération de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Cette vision intégrée témoigne d’une prise de conscience : le développement économique du continent passe nécessairement par la valorisation de tous les talents, indépendamment du genre, dans un cadre de coopération renforcée entre secteurs public et privé.